Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
deux heures de combat, toute l'armée ennemie a été culbutée.
Jamais nos troupes n'ont montré plus d'ardeur.
L'ennemi, enfoncé de toutes parts, est dans une déroute complète : infanterie, artillerie, munitions, tout est en notre pouvoir ou culbuté.
Les résultats sont immenses ; l'armée russe est détruite.
L'empereur se porte à merveille, et nous n'avons perdu personne de marque.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 12 février l'empereur a poursuivi ses succès. Blücher cherchait à gagner Château-Thierry. Ses troupes ont été culbutées de position en position.
Un corps entier qui était resté réuni, et qui protégeait sa retraite, a été enlevé.
Cette arrière-garde était composée de quatre bataillons russes, trois bataillons prussiens, et de trois pièces de canon. Le général qui la commandait aussi été pris.
Nos troupes sont entrées pêle-mêle avec l'ennemi dans Château-Thierry, et suivent, sur la route de Soissons, les débris de cette armée, qui est dans une horrible confusion.
Les résultats de la journée d'aujourd'hui sont trente pièces de canon, et une quantité innombrable de voitures de bagages.
On comptait déjà trois mille prisonniers : il en arrive à chaque instant. Nous avons encore deux heures de jour.
On compte parmi les prisonniers cinq à six généraux, qui sont dirigés sur Paris.
On croit le général en chef Saken tué.
Le 7 février 1814.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 3 février, deux heures après son entrée à Troyes, S. M. a fait partir le duc de Trévise pour les Maisons-Blanches. Une division autrichienne, commandée par le prince Liechtenstein, s'était portée sur ce point, qui est à deux lieues de la ville ; elle a été vivement repoussée et rejetée à deux lieues plus loin.
Le 4 au soir, le quartier-général de l'empereur de Russie était à Lusigny près Vandoeuvre, à deux lieues de Troyes, où se trouvaient la garde russe et l'armée ennemie. L'ennemi voulait entrer le soir dans Troyes. Il marcha sur le pont de la Guillotière ; il y éprouva une vive résistance. Sa première attaque fut repoussé. Des cavaliers prisonniers lui apprirent que l'empereur était à Troyes. Il jugea alors devoir faire d'autres dispositions. Au même moment, le duc de Trévise faisait attaquer le pont de Clérey, qu'occupait la division du général Bianchi. L'ennemi fut chassé. Le général de division Briche, avec ses dragons, fit une charge dans laquelle il prit cent soixante hommes, et en tua une centaine à l'ennemi.
Le lendemain 5, l'empereur se disposait à passer le pont de la Guillotière et à attaquer l'ennemi, lorsque S. M. apprit qu'il avait battu en retraite et rétrogradé d'une marche sur Vandoeuvre.
Le 6, les dispositions furent faites pour menacer Bar-sur-Seine. Quelques attaques eurent lieu sur cette route. On prit à l'ennemi une trentaine d'hommes, une pièce de canon et un caisson.
Pendant ce temps, l'armée se mettait en marche pour Nogent, afin de tomber sur les colonnes ennemies qui ont occupé Châlons et Vitry, et qui menaçaient Paris par la Ferté-sous-Jouarre et Meaux.
Le 7 au matin, le duc de Tarente avait son quartier-général près de Chaville, entre Épernay et Châlons.
Les divisions de gardes nationales d'élite venues à Montereau de Normandie et de Bretagne, se sont mises en mouvement, sous le commandement du général Pajol.
La division de l'armée d'Espagne, commandée par le général Leval, est arrivée à Provins ; les autres suivent. Ces troupes sont composées de soldats qui ont fait les campagnes d'Autriche et de Pologne. Elles sont remplacées à l'armée d'Espagne par les cinq divisions de réserve.
Aujourd'hui 7, à midi, l'empereur est arrivé à Nogent.
Tout est en mouvement pour manoeuvrer.
L'exaspération des habitans est à son comble. L'ennemi commet partout les plus horribles vexations.
Toutes les mesures sont prises pour qu'au premier mouvement rétrograde il soit enveloppé de tous côtés.
Des millions de bras n'attendent que ce moment pour se lever. La terre sacrée que l'ennemi a violée, sera pour lui une terre de feu qui le dévorera.
Le 12 février 1814.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 10, l'empereur avait son quartier-général à Sézanne.
Le duc de Tarente était à Meaux, ayant fait couper les ponts de la Ferté et de Tréport.
Le général Sacken et le général Yorck étaient à la Ferté ; le général Blücher à Vertus, et le général
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