Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome V.
fît filer sur-le-champ une partie des troupes.
A trois heures après-midi, l'ennemi ayant été renforcé de toute son armée, déboucha sur la Rothière et Dienville que nous occupions encore. Notre arrière-garde fit bonne contenance. Le général Duhesme s'est fait remarquer en conservant la Rothière, et le général Gérard en conservant Dienville. Le corps autrichien du général Giulay, qui voulait passer de la rive gauche sur la droite et forcer le pont, a eu plusieurs de ses bataillons détruits. Le duc de Bellune tint toute la journée au hameau de la Giberie, malgré l'énorme disproportion de son corps avec les forces qui l'attaquaient.
Cette journée, où notre arrière-garde tint dans une vaste plaine centre toute l'armée ennemie et des forces quintuples, est un des beaux faits d'armes de l'armée française.
Au milieu de l'obscurité de la nuit, une batterie d'artillerie de la garde suivant le mouvement d'une colonne de cavalerie qui se portait en avant pour repousser une charge de l'ennemi, s'égara et fut prise. Lorsque les canonnières s'aperçurent de l'embuscade dans laquelle ils étaient tombés, et virent qu'ils n'avaient pas le temps de se mettre en batterie, ils se fermèrent aussitôt en escadron, attaquèrent l'ennemi et sauvèrent leurs chevaux et leurs attelages. Ils ont perdu quinze hommes tués ou faits prisonniers.
A dix heures du soir, le prince de Neufchâtel visitant les postes, trouva les deux armées si près l'une de l'autre, qu'il prit plusieurs fois les postes de l'ennemi pour les nôtres. Un de ses aides-de-camp se trouvant à dix pas d'une vedette, fut fait prisonnier.
Le même accident est arrivé à plusieurs officiers russes qui portaient le mot d'ordre et qui se jetèrent dans nos postes croyant arriver sur les leurs.
Il y a eu peu de prisonniers de part et d'autre. Nous en avons fait deux cent cinquante.
Le 2 février, à la pointe du jour, toute l'arrière-garde de l'armée était en bataille devant Brienne. Elle prit successivement des positions pour achever de passer le pont de Lesmont et de rejoindre le reste de l'armée.
Le duc de Raguse, qui était en position sur le pont de Rosnay, fut attaqué par un corps autrichien qui avait passé derrière les bois. Il le repoussa, fit trois cents prisonniers et chassa l'ennemi au-delà de la petite rivière de Voire.
Le 3 février, à midi, l'empereur est entré dans Troyes.
Nous avons perdu au combat de Brienne le brave général Baste. Le général Lefêvre-Desnouettes a été blessé d'un coup de baïonnette. Le général Forestier a été grièvement blessé. Notre perte dans ces deux journées peut s'élever de deux à trois mille hommes tués ou blessés. Celle de l'ennemi est au moins du double.
Une division tirée du corps d'armée ennemi qui observe Metz, Thionville et Luxembourg, et forte de douze bataillons, s'est portée sur Vitry. L'ennemi a voulu entrer dans cette ville que le général Montmarie et les habitans ont défendue. Il a jeté en vain des obus pour intimider les habitans ; il a été reçu à coups de canon et repoussé à une lieue et demie. Le duc de Tarente arrivait à Châlons et marchait sur cette division.
Le 4 au matin, le comte de Stadion, le comte Razumowski, lord Castlereagh et le baron de Humboldt sont arrivés à Châtillon-sur-Seine où était déjà le duc de Vicence.
Les premières visites ont été faites de part et d'autre, et le soir du même jour la première conférence des plénipotentiaires devait avoir lieu.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
L'empereur a attaqué, hier, à Champaubert, l'ennemi fort de douze régimens, et ayant quarante pièces de canon.
Le général en chef Ousouwieff a été pris avec tous ses généraux, tous ses colonels, officiers, canons, caissons et bagages.
On avait fait six mille prisonniers ; le reste avait été jeté dans un étang, ou tué sur le champ de bataille.
L'empereur suit vivement le général Sacken, qui se trouve séparé d'avec le général Blücher.
Notre perte a été extrêmement légère ; nous n'avons pas deux cents hommes à regretter.
A S. M. l'impératrice-reine et régente.
Le 11 février, au point du jour, l'empereur, parti de Champaubert après la journée du 10, a poussé un corps sur Châlons, pour contenir les colonnes ennemies qui s'étaient rejetées de ce côté.
Avec le reste de son armée, il a pris la route de Montmirail.
A une lieue au-delà, il a rencontré le corps du général Blücher, et, après
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