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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Jacobins.
    Ils partagent l’avis de Mallet du Pan qui écrit :
    « Un jour l’autorité destitue un Jacobin en place, tantôt
elle en place un autre pire que le précédent. »
    Et les royalistes n’oublient pas que les Directeurs sont des
régicides, des ennemis du Trône et de l’Autel.
    Alors ils mêlent leurs voix à celle du peuple, qui, tous les
observateurs de police le confirment, « continue de vomir mille
imprécations contre le gouvernement ».

     
     
    26.
    En cet automne de l’an IV, les Directeurs entendent ces
propos hostiles que ne font cesser ni les exécutions des assaillants « anarchistes »
du camp de Grenelle, ni les concessions faites aux royalistes.
    Il semble au contraire qu’en frappant les deux factions
extrêmes, le Directoire s’affaiblisse.
    Sa seule force, ce sont les armées. Mais la plus glorieuse, celle
dont on chante les exploits, l’armée d’Italie, lui échappe.
     
    Napoléon Bonaparte expédie à Paris œuvres d’art, caisses
remplies de lingots, trésors de toutes sortes, mais il mène « sa »
politique, ignorant les ordres du Directoire, menaçant à nouveau de
démissionner quand on lui envoie le général Clarke pour le surveiller, et
gardant tout le pouvoir sur ses troupes comme il avait déjà réussi à le faire
quand Carnot lui avait demandé de laisser la place au général Kellermann.
    Les Directeurs s’affolent devant les initiatives
diplomatiques et politiques de ce général que l’opinion célèbre.
    Bonaparte écrit sur un ton de commandement à Sa Majesté l’empereur
d’Autriche :
    « L’Europe veut la paix, cette guerre désastreuse dure
depuis trop longtemps… »
    Et Bonaparte menace de combler le port de Trieste, et de « ruiner
tous les établissements de Votre Majesté sur l’Adriatique »…
    Il réunit à Bologne, puis à Reggio d’Émilie, un congrès de
patriotes italiens qui l’acclament comme le libérateur et le fédérateur de l’Italie,
et proclament la République cispadane, qui adopte, à l’image de la France, un
drapeau tricolore, vert, blanc, rouge.
    Et en même temps il doit affronter des armées autrichiennes,
aux effectifs deux fois plus nombreux que ceux dont il dispose. Il demande au
Directoire des armes, des approvisionnements, des renforts.
    « Je vous prie de me faire passer au plus tôt des
fusils, vous n’avez pas idée de la consommation qu’en font nos gens… Il est
évident qu’il faut des secours ici… Je fais mon devoir, l’armée fait le sien. Mon
âme est déchirée mais ma conscience est en repos. Des secours ! Des
secours ! »
     
    Mais il est seul, en avant de ses troupes, quand il marche
les 15 et 17 novembre 1796 (25 et 27 brumaire an V) dans les marais d’Arcole, qu’il
s’élance sur le pont criblé par la mitraille, que son aide de camp, Muiron, se
place devant lui pour le protéger d’une décharge, et se fait tuer, Bonaparte
tombant dans la rivière, menacé d’être pris par des cavaliers croates.
    Au terme de combats acharnés c’est la victoire, la légende
du pont d’Arcole, les journaux qui exaltent le général Bonaparte, et la rue
Chantereine, où habite Joséphine de Beauharnais, rebaptisée « rue de la
Victoire ».
    Et dans la nuit du 14 janvier 1797 (25 nivôse an V), Bonaparte
écrase les Autrichiens sur le plateau de Rivoli, faisant vingt-deux mille
prisonniers.
    La place forte de Mantoue capitule, Napoléon Bonaparte est
le maître de l’Italie du Nord.
     
    Il va traiter avec les envoyés du pape Pie VI, obtenir de Sa
Sainteté la cession d’Avignon et du Comtat Venaissin à la France, sans compter
les caisses remplies de pièces d’or et d’argent, de lingots, et les centaines
de tableaux et de statues.
    Bonaparte a repoussé d’un geste de dédain la lettre des
Directeurs, inspirée par La Révellière-Lépeaux, qui lui avaient conseillé d’aller
« éteindre à Rome le flambeau du fanatisme. C’est un vœu que forme le
Directoire. »
    Il ne l’a pas accompli.
    Il n’a même pas exigé du pape qu’il retire ces « brefs »
qui condamnent les prêtres qui ont prêté serment à la Constitution.
    Il n’est plus l’exécutant de la politique du Directoire.
    Il est le général victorieux qui fait vibrer ses troupes
lorsqu’il dit :
    « Soldats, vous avez remporté la victoire dans quatorze
batailles rangées et soixante-dix combats !
    « Vous avez fait plus de cent mille prisonniers, pris à
l’ennemi cinq cents pièces de

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