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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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immense, disaient les bergers, peut-être aussi grand et fort que toi, Spartacus. Il se nommait Eunus et se proclama roi.
    En quelques jours, il se retrouva à la tête d’une armée de vingt mille hommes, des esclaves venus de toute l’île, mais aussi des paysans libres, d’anciens soldats affamés, des bergers, des bouviers, des femmes. Bientôt, ils furent deux cent mille. Ils prirent des villes : Enna, Agrigente, Taormina. La révolte se répandit plus vite que le feu qui, par temps sec et vent puissant, engloutit les forêts. Et les révoltés s’abattirent comme un fléau sur les campagnes et les villages, pareils à ces nuées de sauterelles qui s’abattaient sur les côtes d’Afrique, dévorant les récoltes, les herbes et leurs racines, les feuillages et les rameaux des arbres, et jusqu’aux écorces amères et au bois sec. Oui, Spartacus, les guerres serviles de Sicile, il y a une vie d’homme, furent ce feu dévastateur et ce fléau destructeur. Quand un consul réussissait à éteindre l’incendie, à écraser ces insectes, d’autres flammes s’élevaient, un nouveau nuage s’avançait.
    Ainsi, lorsque Eunus et ceux qui le suivaient ne furent plus qu’une boue sanglante, des corps si martyrisés qu’on ne savait où étaient les membres, où la tête et le tronc, d’autres se déclarèrent rois des esclaves et prirent la tête de nouvelles bandes révoltées. Après Eunus il y eut Salvius et Athénion que l’on disait respectivement thrace et grec. Ils furent plus cruels encore que ne l’avaient été les armées d’esclaves d’Eunus, parce qu’ils savaient quel sort leur serait réservé par les légions du nouveau consul qui les traquaient.
     
    Le nombre de cadavres fut si grand qu’il faisait penser en effet à ces immenses monceaux de sauterelles, à cet amas putréfié qui s’était constitué sur les rivages d’Afrique, quand un grand coup de vent avait projeté dans la mer africaine la nuée d’insectes et l’avait noyée. Un nouveau fléau était ainsi né du premier. Des milliers d’hommes avaient succombé à la corruption de l’air provoquée par cet amas d’insectes crevés.
    Il en alla de même en Silice, Spartacus. La terre, me disaient les bergers, avait été si gorgée de sang, tant nourrie de cadavres en décomposition, que les herbes et le blé étaient empoisonnés et que ceux qui se nourrissaient de viande ou de farine en mouraient. Et les bergers d’ajouter au nombre des morts des guerres serviles les milliers de victimes de cette corruption de l’air et du sol causée par les cadavres d’esclaves.
     
    Jaïr le Juif se tut.
    Spartacus resta d’abord immobile, puis il se leva lentement tout en restant adossé au tronc d’arbre et en regardant droit devant lui.
    — Ils ont conquis des villes, murmura-t-il. Ils ont régné sur les terres de ceux qui les traitaient comme de simples animaux doués de parole.
    Il se tourna vers Jaïr.
    — Tu as dit que le regard des bergers brillait au souvenir de ces révoltes ?
    — Ivresse ! répondit Jaïr. Les révoltes ont été vaincues. Les esclaves ont été écrasés comme des sauterelles.
    — Avant cela, remarqua Spartacus, ils se sont vengés.
    Jaïr haussa les épaules.
    — Des sauterelles, des corps qui pourrissent…
    Et le monde demeure ce qu’il était. On vend encore plus de mille hommes, chaque jour, sur le marché de Délos. Il n’y a jamais eu autant d’esclaves en Sicile et dans les campagnes d’Italie. Aux Syriens, aux Thraces, aux Parthes, aux Numides, aux Juifs, les légions ont ajouté les Gaulois, les Daces et les Germains.
    Spartacus parut ne pas entendre.
    — Les révoltés sont morts libres, murmura-t-il.

 
     
9
    Spartacus marchait loin devant Apollonia.
    Parfois, à la mi-journée, elle s’élançait en courant afin de le rejoindre. Elle s’accrochait à ses épaules, à son cou, l’enlaçait, voulait le contraindre à l’aimer dans les hautes herbes d’une clairière. Il lui enserrait les bras, hésitait, regardant autour de lui, cherchant à percer l’ombre de cette forêt du Nord qu’ils avaient regagnée parce qu’il suffisait d’y rester quelques instants aux aguets pour prendre un animal au piège ou le blesser d’un coup de glaive ou de javelot.
    Apollonia l’entraînait, le forçait à se coller à elle, nouait ses jambes autour de sa taille. Leurs corps basculaient et il la pénétrait, dos cambré, la tête levée vers le ciel, les yeux

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