Testament Phonographe
ou deu x
Peut-être un chie n
De quoi partager sur la rout e
Même le doute et ces copain s
Qu’on rencontrait de loin en loi n
Un jean’s ou deu x
Et tout va bie n
Un jean’s ou deu x
Et trois fois rie n
De quoi mettre dans ta voitur e
Un peu de tabac et ton chie n
Qui ne te demandera rie n
Un jean’s ou deu x
Et tout va bie n
Les chiens c’est pas pareil et les chevaux et pui s
Je ne sais plus parler autrement AUJOURD’HUI !
DEMAIN
Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, c’est sûr. Je n’ai pas le temps de vous expliquer pourquoi, mais c’est ainsi. Moi, les oiseaux de nuit, je les mets à mon heure, les fuseaux horaires, je m’en arrange. Sur mon hibou 747 je pars en vacances, et mes vacances c’est Demain. Demain, c’est la mort aux lèvres et le sourire de la Joconde rentrée dans le poing de Vinci.
Demain c’est la seule idée valide que je vous concède. Vos constitutions, vos morales, votre café au lait du matin, vos chemises échancrées qui plissent sur le pressing, le premier à gauche, dans votre quartier, tout ce qui vous muselle, tout ce que vous adorez, tout ce qui est votre mort quotidienne, tout cela, pour moi, c’est terminé.
Sur les lacs, des chevaux mangent des fleurs fanées, et leurs photos se reflétant dans les eaux tristes leur reviennent à leurs museaux tout embrumés. Demande-donc une douzaine de chevaux à ton fleuriste.
Demain ? Un mot, un fauteuil désossé, une chanson parlée d’une voix mesurée au métronome des grands vents du nord battant sur la chaussée d’une ville perdue, une fille extasiée dans un coin de porte et se signant à l’approche du voleur de filles, une lettre postée trop tôt et que le collecteur du courrier à Paris, à 17 h 30, ne voudra pas te rendre parce qu’il ne te connaît pas, le tube d’aspirine que tu manges en te grattant la tête et en cherchant de côté un regard fraternel, cette bouteille d’eau minérale qui ne vient même pas de la terre, cette auto qui dérape et qui engorge l’autoroute.
Demain ? Au premier hibou de service, à Orly, je me tire, je deviens moins un. Rien.
Je suis Rien.
Le mec que tu regardes, ce soir, sur la scène, ce mec aux cheveux blancs, avec sa tête qui ressemble à un trapèze, n’est pas là.
Les chansons qu’il chante, tout ce qui t’arrive dans les yeux et les oreilles, tout cela a été fait, dit, et redit depuis longtemps.
Le mec que tu regardes, c’est de l’illusion.
Demain, c’est la mort figurée. On vous la vend, cette mort figurée on vous vend cet artiste pâli sous des projecteurs réglés, soumis. On vous vend par petits paquets, par petits fauteuils, à des prix acceptables, un artiste qui s’est vendu pour un prix accepté.
L’argent c’est le sourire du désespoir.
Demain, c’est aussi le désespoir. Alors, Demain tu seras riche, mon camarade. Car ce que je te donne n’a pas de prix.
Accepte-moi comme je t’accepte.
Demain, je t’aime.
JE T’AIME
Je t’aime pour ta voix pour tes yeux sur la nui t
Pour ces cris que tu cries du fond des oreiller s
Et pour ce mouvement de la mer pour ta vi e
Qui ressemble à la mer qui monte me noye r
Je t’aime pour ton ventre ou je vais te cherche r
Quand tu cherches des yeux la nuit qui se balanc e
À mon creux qui te creuse et d’où ma vie blessé e
Coule comme un torrent dans le bruit du silenc e
Je t’aime pour ta vigne ou vendangeur des fée s
Et pour cette clairière où j’éclaire ma rout e
Que balisent tes cris durs comme deux galet s
Que le flot de la nuit roule sur ma dérout e
Je t’aime pour le sel qui tache ta vert u
Et qui fait un champ d’ombre où ma bouche repos e
Pour ce je ne sais quoi dont ma lèvre têtu e
S’entête à recouvrer le sens et puis la caus e
Je t’aime pour ta gueule ouverte sur la nui t
Quand la sève montant comme du fond des ère s
Bouillonne dans ton ventre et que je te maudi s
D’être à la fois ma sœur mon ange et ma Lumièr e
Illustration : P. Lensen
LES OISEAUX DU MALHEUR
Et nous resterons quelques « abstrait s »
Comme les oiseaux, de nuit, de préférence.
Comme les oiseaux du malheur…
Ils ont des becs, ils ont des yeux perçant s
Comme les femme s
Les oiseaux du malheu r
Ils ont la grâce et volent adorablemen t
Comme les femme s
Les oiseaux du malheu r
Ils ont des pattes et marchent dans le ven t
Comme les femme s
Les oiseaux du malheu r
Ils ont
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