Testament Phonographe
enco r
Ils ont le cœur devan t
Et leurs rêves au mita n
Et puis l’âme toute rongé e
Par des foutues idée s
Y’ en a pas un sur cent et pourtant ils existen t
La plupart fils de rien ou bien fils de si pe u
Qu’on ne les voit jamais que lorsqu’on a peur d’eu x
Les anarchiste s
Ils sont morts cent dix foi s
Pour que dalle et pourquoi ?
Avec l’amour au poin g
Sur la table ou sur rie n
Avec l’air entêt é
Qui fait le sang vers é
Ils ont frappé si for t
Qu’ils peu v’ nt frapper enco r
Y’ en a pas un sur cent et pourtant ils existen t
Et s’il faut commencer par les coups d’pied au cu l
Faudrait pas oublier qu’ça descend dans la ru e
Les anarchiste s
Ils ont un drapeau noi r
En berne sur l’Espoi r
Et la mélancoli e
Pour traîner dans la vi e
Des couteaux pour tranche r
Le pain de l’Amiti é
Et des armes rouillée s
Pour ne pas oublie r
Qu’ y’ en a pas un sur cent et qu’pourtant ils existen t
Et qu’ils se tiennent bien bras dessus bras dessou s
Joyeux, et c’est pour ça qu’ils sont toujours debou t
Les anarchiste s
Photo André Villers
MARINA MARCANTONI O
LA POÉSIE
J’ai du savon qui lav e
Les péchés capitau x
Un stylo-bille qui grav e
Le goût d’un apér o
Un soutien-gorge à pile s
Qui n’s’allum’ qu’aux beaux yeu x
Un dentifrice habil e
À blanchir les aveu x
Un buvard facétieu x
Qui sèche les chagrin s
Un œil pour lire à deu x
Quand le jour s’est étein t
Un violon capita l
Voilé de Chamberti n
À fair’ sonner le ma l
Plus fort que le tocsi n
Si ça n’va pa s
Tu peux toujours aller la voi r
Tu demand’ra s
La Poési e
On t’ouvrir a
Mêm’ si ell’ n’est pas l à
D’ailleurs ell’ n’est pas l à
Mais dans la têt’ d’un fo u
Ou bien chez des voyous
Habillés de chagri n
Qui vont par les chemin s
Chercher leur bonne ami e
La Poési e
J’ai des bas pour boiteus e
À fair’ boiter l’ennu i
Et des parfums de gueus e
À remplir tout Pari s
Des pendul’s à marque r
Le temps d’un beau silenc e
Des lassos à lace r
Les garces de la chanc e
Des machin’s à souffle r
Le vert de l’espéranc e
Et des vign’s à chante r
Les mess’s de la démenc e
Des oiseaux-transistor s
Qui chantent sur la neig e
Garantis plaqués-o r
Plaqués par le solfèg e
Si ça n’va pa s
Tu peux toujours aller la voi r
Tu demand’ra s
La Poési e
On t’ouvrir a
Mêm’ si ell’ n’est pas l à
D’ailleurs ell’ n’est pas l à
Mais dans la têt’ d’un fo u
Qui s’prend pour un hibo u
À regarder la nui t
Habillée de souri s
Comme sa bonne ami e
La Poési e
J’ai du cirage blon d
Quand les blés vont blêmi r
De la glace à faço n
Pour glacer les soupir s
Des lèvres pour baise r
Les aubes dévêtue s
Quand le givre est pass é
Avec ses doigts pointu s
J’ai tant d’azur dans l’âm e
Qu’on n’y voit que du ble u
Quand le rouge m’enflamm e
C’est moi qui suis le fe u
J’ai la blancheur du cygn e
À blanchir tout Saint-Cy r
Et sur un de mes signe s
On meurt pour le plaisi r
Si ça n’va pa s
Tu peux toujours aller la voi r
Tu demand’ra s
La Poési e
On t’ouvrir a
Des fois qu’ell’ serait l à
Ell’ te r’cevrait mêm’ pa s
Ell’ n’est là pour personn e
Ell’ n’aim’ pas qu’on la sonn e
C’est pas un’ domestiqu e
Ell’ sait bouffer des brique s
Mais quand ell’ veut, Ell’ cri e
LA POÉSIE !
LA FOLIE
La chaise de Van Gogh où tu ne t’assieds pa s
Les souliers de Vincent que tu ne chausses pa s
L’oreille de ce mec qui ne t’écoute plu s
Ces corbeaux dans le blé d’une toile perdu e
Je ne m’arrête plus quand je vois la Foli e
Je fais ses commissions et couche dans son li t
Les larmes de cet arbre inquiet dans la forê t
La chaise de Vincent de quel bois elle était ?
Les moutons de la rue se cachent en cache-ne z
Les ouvriers changent de disque sans débraye r
Je ne m’arrête plus quand je vois la Foli e
Je fais ses commissions et couche dans son li t
Les pas de cette enfant dans l’enfer de la Fa c
Son sexe sa vertu sa pilule et son tra c
Quand le vertige la pénètre et la dépass e
Sous l’œil double et glacé d’un vieux miroir de pass e
C’est à ce moment-là que je perds la Foli e
Et que je reste seul avec mes yeux de
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