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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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contre l’indivisibilité de la république, qu’ils avaient jurée, libres d’entretenir des intelligences dans les départements insurgés, comme Vergniaud correspondant avec les Bordelais, libres de s’enfuir comme Lanjuinais ! Bien plus fort, Saint-Just, au nom du Comité de Salut public, ne proposait-il pas de distinguer parmi les Trente et un les traîtres des égarés, d’amnistier ceux-ci et de les rappeler dans l’Assemblée au nombre de quatorze ! Tout cela pour apaiser leurs départements.
    Les sociétés populaires, les Cordeliers, s’émurent. Les Enragés se déchaînaient, réclamant le décret d’accusation contre tous les « appelants », tous les girondistes, brissotiers, fédéralistes restés dans la Convention. Aux Jacobins mêmes, il y eut un mouvement de protestation bien marqué. Danton sortit enfin de la léthargie béate dans laquelle il s’enlisait depuis son mariage. Il s’éveilla pour glorifier à la tribune la révolution du 31 mai, tonna contre « les crimes de la secte impie ». Et, comme les brissotistes épargnés au 2 juin demandaient en quoi consistaient les prétendus crimes de leurs amis, Robespierre, comprenant que la mansuétude n’était plus possible, partit à fond contre les hommes qu’il avait voulu épargner.
    « Leurs crimes, répondit-il, ce sont les calamités publiques, l’aide apportée volontairement ou non aux conspirateurs royalistes, à la coalition des tyrans étrangers. Ce sont les lois qu’ils nous ont trop longtemps empêchés d’établir, la sainte Constitution qui s’est faite sitôt leur secte chassée d’ici. Nous avons été magnanimes envers eux, ils en ont profité pour nuire plus gravement à la patrie. Je demande le décret d’accusation contre eux. »
    On n’entendit point Marat là-dessus, et pour cause : il ne siégeait plus. Tenant sa promesse, il s’était suspendu lui-même depuis le 2 juin. Mais il allait aux Jacobins où Claude le vit et ne lui cacha point, non plus qu’à Robespierre, sa façon de penser. « Un décret d’accusation, voilà une rigueur que l’on aurait évitée, comme les calamités dont tu parlais, Maximilien, si vous n’aviez pas, toi par ton indifférence, mais Marat surtout, laissé aux Trente et un la possibilité de faire ce qu’ils ont fait, quand j’avais donné au Comité révolutionnaire des instructions pour les en priver. Eh bien, à présent je vous le déclare, je me refuse absolument à les décréter d’accusation. Si je devais accuser quelqu’un, c’est à vous trois que je m’en prendrais : Marat, Danton et toi, car ce qui est arrivé est votre faute.
    — Allons, ne sois pas trop sévère ! Tu as raison, reconnut Maximilien, j’ai péché par faiblesse. Cela ne m’arrivera plus. »
    Ce fut Saint-Just qui, le 2 juillet, soumit au Comité un rapport sur l’accusation des Brissotins. Ce rapport se terminait par le projet de décret suivant :
    « Art. 1 er . – La Convention déclare traîtres à la patrie Buzot, Gorsas, Barbaroux, Lanjuinais, Salle, Louvet, Biroteau, Guadet, Pétion, qui se sont mis en rébellion dans les départements de l’Eure, du Calvados et du Rhône-et-Loire, et Brissot dans l’Allier. Art. 2. – Il y a lieu à accusation contre Gensonné, Vergniaud, Mollevant, Gardien, prévenus de complicité avec ceux qui ont pris la fuite. »
    Danton n’était pas là. Retombé dans son insouciance, il goûtait, à Fontenay, dans la maison de campagne de son premier beau-père, M. Charpentier, les douceurs d’une lune de miel parmi la verdure. Claude se trouvait, en compagnie de Mathieu et du guerrier Delmas, à l’Hôtel de ville. Avec l’aide de Dubon, ils mettaient sur pied un petit corps pour marcher contre Wimpffen : quinze cents sectionnaires bien armés par la commission militaire de la Commune, plus un escadron de gendarmes et quelques batteries de 4. Claude fit donner le commandement de ces forces à Malinvaud qui était à Paris depuis plus d’un mois. Assez gravement blessé à la hanche pendant la retraite du corps d’armée Harville sur la Meuse, il avait dû prendre un congé. Rétabli, il ne pouvait rejoindre son bataillon coupé, dans Le Quesnoy, des lignes françaises.
    « Reviens-nous victorieux, colonel, lui dit Claude, je te réserve une surprise qui vous fera singulièrement plaisir, à Bernard et à toi. »
    Le bon Malinvaud partit, quelque peu intimidé de commander en chef une bien modeste troupe, mais tout

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