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Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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nos
rations de voyage, par exemple. Laver nos vêtements et autres nécessités de ce
genre.
    Depuis notre départ de Bagdad, Narine s’était montré
si efficace et obéissant que nous en avions presque oublié ses penchants
démoniaques. Mais mes soupçons furent vite avérés, et je pus vérifier, comme je
m’en étais douté, que l’esclave avait délibérément infligé une blessure bénigne
au chameau dans le seul but de s’octroyer un peu de temps libre.
    La principale activité de Kachan – c’est d’ailleurs de
là qu’elle tient son nom – a toujours été au fil des siècles la fabrication de kashi, autrement dit de mosaïque. Ces petits carreaux vernis avec art, utilisés un
peu partout dans le monde musulman pour la décoration des temples masjid, des
palais et autres demeures de grand style, étaient conçus dans des ateliers
clos. Mais le second article de valeur qui avait cours à Kachan était bien plus
visible à l’œil alors que nous entrions dans la ville : il s’agissait des
garçons et des jeunes hommes.
    Tandis que les jeunes filles et les femmes que nous
rencontrions dans la rue – pour autant, bien sûr, que l’on pût en juger en
devinant ce qu’elles cachaient sous leurs tchadors – étaient comme d’habitude
de quelconques à jolies, avec de temps à autre une beauté vraiment remarquable, tous les jeunes mâles sans exception étaient, eux, d’une beauté
frappante, que ce soit de visage, de corps ou d’allure. Pourquoi, cela restait
pour moi un mystère total. Le climat de Kachan, la nourriture qu’on y prenait,
rien ne différait de ce qu’on trouvait partout ailleurs en Perse. Les gens en
âge d’être parents que je vis sur place ne me parurent pas avoir quoi que ce
fût d’extraordinaire. Je ne comprenais pas du tout, par conséquent, pour quelle
raison les jeunes gens de cette localité étaient si supérieurs aux autres, et
pourtant ils l’étaient indéniablement.
    Bien sûr, étant moi-même un homme, j’aurais préféré à
Kachan sa cité jumelle Chiraz, connue, elle, pour détenir les plus belles
femmes. Il n’en restait pas moins que même mon œil neutre et désintéressé avait
de quoi admirer à Kachan. Les garçons d’ici n’étaient ni sales, ni négligés, ni
boutonneux, mais arboraient au contraire une hygiène irréprochable, une
chevelure luisante, un regard brillant et un teint clair, voire presque
translucide. Loin d’avoir la figure renfrognée et l’attitude avachie, ils se tenaient
debout avec fierté et vous regardaient droit dans les yeux. L’élocution de ces
éphèbes était claire et assurée, ils savaient articuler et parlaient
intelligemment. Tous étaient, quelle que fût leur classe sociale, aussi
séduisants que des jeunes femmes, et pas n’importe lesquelles : des femmes
de haute naissance, soignées et élevées dans le respect des bonnes manières.
Les plus jeunes garçons ressemblaient à ces exquis petits Cupidons que savent
si bien peindre les artistes grecs. Les autres, un peu plus âgés, rappelaient
pour leur part les anges dessinés sur les caissons de la basilique Saint-Marc.
Quoique sincèrement impressionné, voire quelque peu envieux, je ne fis aucune
remarque à ce sujet. Après tout, je me flattais de n’être en rien inférieur à
mes congénères de même sexe et d’âge équivalent. Mais mes trois compagnons
s’exclamèrent :
    — Non persiani, ma prezioni, s’extasia mon oncle, admiratif.
    — Spectacle de qualité, pour sûr, renchérit mon
père.
    — De véritables joyaux, bavait Narine, concupiscent.
    — Sont-ils tous de jeunes eunuques ? demanda
mon oncle. Ou en passe de le devenir ?
    — Oh, non, maître Matteo, répondit Narine. Il
sont capables de faire profiter de tout ce dont la nature les a dotés, si vous
voyez ce que je veux dire. Loin d’être privés de leurs attributs virils, ils
sont améliorés du côté opposé, je veux dire par là plus... accessibles
et hospitaliers, si vous me suivez toujours. Connaissez-vous les termes fa’il et mafa’ul ? Ils désignent respectivement « celui qui
fait » et « celui qui se laisse faire ». Eh bien, ces jeunes de
Kachan sont élevés pour être beaux et entraînés à être dociles. De plus, ils
sont physiquement, euh... modifiés, afin d’être aussi délicieusement efficaces
en tant qu’acteurs – fa’il – que receveurs – mafa’ul.
    — A la façon dont tu les décris, ils semblent
nettement moins angéliques

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