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Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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mon
père. Comment se porte notre patient Matteo ?
    — Vidé ! grogna mon oncle en se grattant le
coude. Après avoir craché d’un côté tout ce que je pouvais, j’ai littéralement
vomi de l’autre jusqu’à mon dernier pet et ma dernière merde, pendant qu’au
milieu je transpirais l’intégralité de ma sueur ! J’en ai aussi par-dessus
la tête d’être transpercé de partout par des papiers ensorcelés et poudré tel
un beignet frit.
    — Et, au bout du compte, rien de nouveau !
constata le hakim Khosro d’un ton détaché. Mes efforts pour aider la
nature n’ont hélas pas donné beaucoup de résultats. Je suis heureux de vous
voir à nouveau réunis, car je ne saurais trop vous conseiller de partir d’ici
et d’emmener le patient en pleine nature. Là-bas, dans les hauteurs des
montagnes de l’est, où l’air est plus clair et plus pur...
    — Mais plus froid, objecta mon père. Froid comme
la charité, même. Croyez-vous que ce sera bon pour lui ?
    — L’air froid est le plus salubre qui soit,
répliqua le hakim, catégorique. J’ai pu le vérifier par l’observation,
au cours d’études professionnelles. Tenez, regardez : les gens qui vivent
toujours sous des climats froids, comme les Rusniaques, ont la peau d’un blanc
immaculé ; ceux qui vivent sous les climats chauds, tels les Hindous, sont
d’un marron sale, presque noirs. Nous autres Pashtouns, situés entre les deux,
sommes ocre foncé. Croyez-m’en, n’attendez pas, emmenez vite le patient vers
ces altitudes froides, propres et blanches.
    Lorsque j’aidai le hakim à remettre sur pied
oncle Matteo puis à ôter les peaux de chèvre pour qu’il puisse se rhabiller
pour la première fois depuis de longues semaines, nous fumes effarés de voir à
quel point il avait maigri. Dans ses vêtements désormais bien trop amples, il semblait
être devenu encore plus grand qu’auparavant, lorsque sa forte carrure tendait
ses coutures à craquer ; son teint jadis rubicond était maintenant
effroyablement pâle, ses membres tremblaient d’être restés si longtemps
inactifs. Cependant, il proclama qu’il se sentait dans une forme éblouissante,
tant il était soulagé de pouvoir enfin se tenir debout. Et, un peu plus tard,
dans la grande salle du caravansérail, il mugissait à l’adresse des autres
dîneurs de sa voix de stentor toujours aussi tonitruante, réclamant les
derniers détails sur les pistes de montagne de l’est.
    Plusieurs caravaniers ne se firent pas faute de lui
répondre et nous communiquèrent des détails pertinents sur la route montagneuse
que nous aurions à suivre. Du moins, nous espérions que ces détails
seraient pertinents. À la vérité, il ne s’en trouvait pas deux pour dire la
même chose, et aucun n’était d’accord sur le nom que portaient ces fameuses
montagnes qui s’élevaient à l’est.
    — Ce sont les cimes de l’Himalaya, disait l’un,
la Demeure des neiges. Avant de les gravir, prenez soin d’emporter avec vous
une fiole de jus de pavot. En cas de cécité des neiges, quelques gouttes dans
l’œil soulageront grandement la douleur.
    — Ce sont les sommets du Karakorum, affirmait un
autre, les montagnes Noires, les Pentes glacées. Là-bas, l’eau des torrents est
toujours aussi froide, durant l’année. Gardez-vous de laisser vos chevaux s’en
désaltérer sans en avoir mis à réchauffer au préalable dans un seau, ou ils
seraient pris de crampes douloureuses.
    — Ces hauteurs sont celles de l’Hindu Kuch, les
Tueuses de l’Inde, annonçait le troisième [28] . Sur ce
terrain très difficile, un cheval peut devenir rétif et presque incontrôlable.
Si vous êtes confrontés à pareille situation, attachez simplement la queue du
cheval à sa langue : il se calmera instantanément.
    — Ce sont les monts du Pamir, affirmait un
quatrième, ce qui signifie le « chemin des pics ». La seule plante
que vos bêtes pourront y brouter est la bursta, la citronnelle de
l’Inde, aux feuilles odorantes couleur d’ardoise. Vous ne pourrez la
manquer : vos chevaux la trouveront toujours pour vous. Gorgées d’une sève
huileuse, ces feuilles vous fourniront un très bon combustible. Etrangement,
d’ailleurs, ce sont les plus vertes qui brûlent le mieux.
    — Ces montagnes sont les Khwaja, les Maîtresses,
indiquait un cinquième. Quand vous serez là-haut, vous ne sauriez perdre votre
cap, même au milieu de la plus épaisse tempête. Il vous suffit de vous

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