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1942-Le jour se lève

1942-Le jour se lève

Titel: 1942-Le jour se lève Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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conteste les ordres du Duce. Car Mussolini ne
veut pas qu’on abandonne la Libye, vieille colonie italienne. Comme si l’on
pouvait, avec quelques milliers d’hommes et une vingtaine de canons antichars, résister
au déferlement de centaines de blindés britanniques accompagnés de plusieurs
divisions d’infanterie motorisées et appuyés par une artillerie et une aviation
qui se comptent par milliers de canons et d’appareils.
    « Le courage qui va à l’encontre des nécessités
militaires est folie, dit Rommel. Un chef qui l’exige de ses troupes est un
irresponsable. »
     
    Le 10 novembre, il écrit à sa « très chère Lu » :
    « Je n’avais pas eu la possibilité d’écrire depuis que
l’ennemi a percé à El-Alamein… Les choses vont assez mal pour une armée qui a
été rompue. Il lui faut s’ouvrir un chemin en combattant et perdre, ce faisant,
ce qui lui reste de force. Nous ne pouvons continuer ainsi bien longtemps car nous
avons à nos trousses un ennemi supérieur.
    « Physiquement, je vais très bien. Quant au reste, je
fais de mon mieux pour tenir jusqu’au bout. »
     
    Il veut rencontrer les « maréchaux », Cavallero du
Comando Supremo italien, et Kesselring, les convaincre qu’il faut reculer jusqu’en
Tunisie et ne pas tenter d’arrêter un ennemi dont la supériorité est telle qu’il
peut vous écraser d’un simple mouvement en avant.
    « Aucun reproche ne peut être adressé à l’armée, répète
Rommel, elle s’est battue magnifiquement. »
     
    Il note, le 14 novembre, dans une lettre à son épouse :
    « Nous marchons vers l’ouest de nouveau. Je me porte
très bien, mais je n’ai pas besoin de vous dire ce qui se passe dans mon esprit.
Il faut nous féliciter de chaque jour que l’ennemi nous laisse en ne serrant
pas sur nous. Je ne saurais dire jusqu’où nous irons. Tout dépend de l’essence
que l’on doit maintenant nous apporter par avions !
    « Comment allez-vous tous les deux ? Ma pensée –
malgré tous mes soucis – est bien souvent auprès de vous. Qu’adviendra-t-il
de la guerre si nous sommes battus en Afrique du Nord ? Comment se
terminera-t-elle ? Je voudrais bien pouvoir me débarrasser de ces
terribles idées… »
     
    « Encore un bon pas en arrière, écrit-il deux jours
plus tard. Par surcroît, il pleut, ce qui rend nos mouvements encore plus
difficiles.
    « Pénurie d’essence ! Il y a de quoi pleurer. Espérons
que les Anglais ont aussi mauvais temps que nous. »
     
    Désespéré, Rommel ?
    La fatigue, les tensions avec les maréchaux (Cavallero –
qui représente le Duce –, Kesselring, commandant en chef), l’amertume le
rongent.
    Mais il se bat, il se reprend en main.
    « Je vous ai écrit quelques lettres bien misérables, dit-il
à sa femme. Je les regrette maintenant. »
    Il suffit d’un combat favorable pour qu’il retrouve son ardeur,
une bouffée d’optimisme.
    « Il n’a cessé de pleuvoir, tant et plus, écrit-il, ce
qui ne m’a pas rendu l’existence parfaitement confortable, d’autant plus que j’ai
campé dans ma voiture.
    « Mais aujourd’hui, j’ai de nouveau un toit au-dessus
de ma tête et une table. C’est le grand luxe ! Je n’oserais pas aller
jusqu’à espérer un retournement favorable de la situation mais il se produit
pourtant parfois des miracles. »
     
    Il réussit à obtenir qu’une réunion des « maréchaux »
ait lieu à Arco dei Fileni, à la frontière entre la Cyrénaïque et la
Tripolitaine. Aux côtés de Kesselring et Cavallero, il y a le maréchal italien
Bastico, que le Duce et le Führer ont placé au-dessus de Rommel.
    Réunion sans issue. Le Duce veut qu’on « tienne »
et même qu’on passe à… l’offensive.
    En somme, la reprise par Mussolini de l’ordre du Führer,
« la victoire ou la mort ».
    Rommel se rebelle.
    « Je décidai de prendre le premier avion pour aller me
présenter devant le Führer, dit-il. Je comptais lui demander personnellement
une décision stratégique et lui faire accepter l’évacuation de l’Afrique comme
politique à long terme. J’étais fermement décidé à lui exposer les vues de l’armée
blindée sur les opérations d’Afrique et à les lui faire accepter. »
     
    « Nous partîmes dans la matinée du 28 novembre et
arrivâmes à Ratensburg à la fin de l’après-midi », raconte Rommel.
    À 17 heures, il voit le Führer.
    L’atmosphère de l’entretien est glaciale. Quand

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