Alias Caracalla

Moulin pour la zone
nord, ni Chambeiron [ * Champion], son collaborateur, ni Germain,
ni moi-même, par qui passaient nécessairement toutes les liaisons,
ne vous ont jamais rencontré à Paris. Par contre, vous êtes venu
chercher Moulin le 15 juin après notre déjeuner et, tous les deux,
vous m’avez accompagné à l’arrêt du tramway » (lettre de Daniel
Cordier à Tony de Graaff, 16 juin 1980).
    12 .   Personne ne se souvenait de cette lettre manuscrite, que j’ai
découverte avec émotion aux environs de 1995 dans les archives
d’André Pélabon : c’est la dernière lettre de Jean Moulin à de
Gaulle. Datée du 15 juin 1943, elle demeure son testament gaulliste.
    13 .   Bruno Larat.
    14 .   Pierre Péry.
    15 .   René Hardy.
    16 .   Henri Aubry.
    17 .   C’est pourtant la solution à laquelle il se rallia, faute de
mieux, en désignant le colonel Émile Schwarsfeld.
    18 .   Il s’agissait notamment d’examiner la motion présentée par
les communistes concernant le CNR.
    19 .   C’est une des phrases de Jean Moulin dont j’ai encore le mot
à mot à l’oreille (cf. aussi supra , pp. 387 et 704).
    20 .   Dans ses souvenirs ( La nuit finira , Robert Laffont, 1973,
pp. 333-334), Henri Frenay écrit  : « Mais voici, le 12 juin, dans le
courrier un mot laconique : * Vidal et * Galibier arrêtés le 9 juin à
Paris. Il s’agit du général Delestraint et du commandant Gastaldo. »
Pour ma part, j’ai peine à croire qu’il ait été au courant de l’arrestation de Delestraint avant son départ et qu’il n’ait pas laissé au
moins des consignes à ce sujet à ses remplaçants.
    21 .   Mon séjour à Lyon du 13 au 15 juin est le dernier dont je me
souvienne en détail. Pourtant, entre le 15  et le 23 juin, j’ai dû y
revenir au moins deux fois. De ces jours, il ne demeure dans ma
mémoire que ces instructions de Londres du 12, que j’ai lues sur
place.
    22 .   Au cours des années 1980, j’ai découvert dans une note de
Jacques Bingen une preuve de la volonté d’Emmanuel d’Astier de
La Vigerie de liquider Jean Moulin.
    23 .   Aujourd’hui Chez Clément .
    24 .   Charles Henri Porte était commissaire de police à Chartres
quand Jean Moulin y était préfet. Il conserva son poste après le
départ de Moulin.
    25 .   L’évasion de Raymond Aubrac, organisée et dirigée par sa
femme, à l’automne de 1943, en est une illustration, tout en
démontrant qu’il suffisait de la vouloir.
    26 .   Paul Leistenschneider.
    27 .   À l’emplacement de l’ancien drugstore Saint-Germain, aujourd’hui boutique Armani.
    28 .   Georges Bidault a raconté notre rencontre ce soir-là dans ses
Mémoires : « Le lendemain je rencontre A. (Alain) C. (Cordier), le
secrétaire qui était dévoué corps et âme à son chef […]. A.C.,
le visage défait, me dit d’une voix brisée : “Notre dieu est mort” —
Pour le croyant qu’il était, c’était une image, mais d’un malheur
qui a dévasté sa vie » ( D’une Résistance à l’autre , Les Presses du
siècle, 1965).

 
    ET APRÈS ?

 

    Jusqu’à la Libération, j’ai ignoré le véritable nom
de * Rex, que personne n’avait jamais prononcé devant
moi. Revenu en France au début d’octobre 1944,
je téléphonai à Pierre Meunier ( * Morlaix). Il proposa
que nous nous retrouvions à déjeuner avec Robert
Chambeiron ( * Champion). Lorsqu’ils arrivèrent au
rendez-vous, ils étaient accompagnés d’une femme
inconnue, à laquelle ils me présentèrent : «  * Alain
fut le secrétaire de Jean pendant la Résistance. » Elle
répondit d’un mot aimable, et nous partîmes vers le
restaurant de l’autre côté de la place. La dame marchait devant avec Chambeiron. Meunier et moi
suivions à quelques pas derrière. Curieux de cette
présence inconnue, je demandai à mon camarade :
« Qui est cette dame ?

    — C’est la sœur de Jean.

    — Mais qui est Jean ? »

    Étonné par ma question, Meunier s’arrêta et me
regarda : « Voyons, c’était ton patron, Jean Moulin. »

    Je découvris ainsi de la manière la plus inattendue le nom de l’homme que j’avais cru célèbre. Je
l’avais imaginé occupant les plus hautes fonctions
de la politique, de la diplomatie ou parfois de lapeinture. La réponse de Meunier fixait son état :
c’était un inconnu. Ma déception fut à la mesure de
mon espoir, immense.

    J’avais toujours pensé que la révélation