Apocalypse
terrain, sont de véritables passionnés, encore saisis par l’enchantement de ce mystère unique. Tout comme nous.
La plupart du temps, les critiques littéraires ne semblent pas comprendre l’engouement de tant de lecteurs pour les thrillers dits « ésotériques », persuadés sans doute qu’une partie d’entre eux prend pour argent comptant ces récits de pure fiction.
Notre imaginaire est d’abord celui de la jeunesse, ce monde perdu où tout semblait possible. Nous avons tous besoin de retrouver, au détour d’une lecture, cette part mythique d’enfance et ce goût vital pour le merveilleux.
Pour notre part, cet Apocalypse, qui représente une douce nostalgie de nos fascinations d’adolescents, est notre modeste pierre, à la taille quelque peu maçonnique, qui vient nourrir la fantastique histoire de Rennes-le-Château… En particulier avec l’apport d’un élément nouveau dans cette affaire, où il apparaît que l’un des instigateurs du légendaire de Rennes-le-Château, inventeur du fameux Prieuré de Sion, Pierre Plantard était… franc-maçon (voir annexes).
Eric Giacometti
Jacques Ravenne
PROLOGUE
Inde
Bombay, parc de Shenantadi
Coucher du soleil
Trois mille paires d’yeux contemplaient l’immense écran rectangulaire aussi noir qu’un monolithe de basalte. Au moment précis où le dernier rayon de lumière disparut, marquant l’entrée du monde dans les ténèbres, une voix grave surgit des trente haut-parleurs disposés autour du site.
— Om padme om .
D’un seul élan, la foule hypnotisée scanda le mantra.
— Om padme om .
Un coup de gong retentit dans la clairière. L’écran s’illumina soudain, et un éclair balaya le parc.
La masse vibrante des spectateurs cria de nouveau.
— Om padme om .
La face bienveillante de Brahma apparut, le visage fardé de blanc, le front orné du point rouge de lumière, exacte représentation des statues honorées aux quatre coins du pays. Les yeux gigantesques du père des dieux observaient les ravers avec amour et paix. Puis, la voix retentit encore, cette fois dans un hurlement.
— Brahma !
Une série de coups de tonnerre éclata au-dessus des trois mille hommes et femmes aux bras levés. Des pulsions sonores émanant de synthétiseurs, tels des tambours à peau de métal, montèrent de toutes parts, encerclant la foule avide venue du monde entier pour assister à la Dark Rave.
À côté de l’écran, dans une sorte de tour, bâtie sur un échafaudage flanqué d’une rangée de vigiles, deux hommes et une femme étaient debout, derrière un large pupitre. L’un d’entre eux, coiffé d’une casquette noire, s’activait entre des consoles numériques et une série de trois platines. Le visage de l’homme était tendu à l’extrême, son front humide de sueur, les veines de son cou étaient gonflées. Quant à ses pupilles dilatées, elles trahissaient une imprégnation d’ecstasy à forte dose. Il regarda le couple à ses côtés, guettant l’instant qui donnerait le signal de la transe collective.
Brun, les cheveux rasés, le visage d’une beauté androgyne, le jeune homme posa sa main sur celle de sa compagne et la regarda en esquissant un sourire. La blonde gracile tourna son visage diaphane vers lui et hocha imperceptiblement la tête. Ils étaient les vrais maîtres de la cérémonie, ils sentaient les pulsations de la foule comme si elle faisait partie de leur chair, et comme si leur propre sang coulait dans ces corps étrangers. La jeune femme murmura :
— To the dark …
Le DJ n’attendait que ce geste, et il tourna une petite molette d’aluminium située sur le clavier. Un soleil en fusion éclata sur l’écran. Les tambours devinrent frénétiques, le son envahit tout.
Le visage de Brahma se modifia d’un coup, les orbites de ses yeux semblèrent se vider, le visage se creusa, la bouche se transforma en un rictus. Toute bienveillance disparut de sa face. La blancheur de la peau se brouilla et prit une teinte noirâtre. Tels des serpents en colère, les boucles de ses cheveux se recroquevillèrent sur le front, laissant apparaître deux cornes répugnantes. Le dieu de toutes choses se transformait en un démon grimaçant.
— To the darkness ! hurla la voix du DJ à travers les haut-parleurs.
À présent, le battement des tambours électroniques était au diapason du rythme cardiaque de la foule. Un déluge de vibrations surgit de toutes parts. La musique changea
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