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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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hommes de nos douze armées :
ce qui est possible en petit l’est en grand ».
    Babeuf reçoit le soutien financier de Le Peletier de
Saint-Fargeau, frère du conventionnel assassiné pour avoir voté la mort du roi,
et l’appui du ci-devant marquis Antonelle.
    Avec l’écrivain Sylvain Maréchal, Darthé – ancien accusateur
public du tribunal révolutionnaire d’Arras –, Buonarroti, et le membre du
Conseil des Cinq-Cents, l’homme de Varennes, Drouet, ils constituent un « Directoire
de salut public ».
    Les « babouvistes » cherchent à pénétrer l’armée. Le
capitaine Grisel est chargé de recruter des affidés dans le camp militaire de
Grenelle. D’autres s’occupent de la légion de police.
    Des alliances sont conclues entre babouvistes et anciens
Montagnards. Mais cette « conspiration des Égaux » est constamment
surveillée par la police du Directoire. Et peut-être même favorisée par Barras,
ou Fouché qui est lié à Babeuf. Ils peuvent l’utiliser comme force de manœuvre,
épouvantail, ou bouc émissaire.
    À la fin avril et au début du mois de mai 1796 (floréal an
IV), les Directeurs se décident à agir.
    Carnot, en effet, hostile aux babouvistes a reçu le
capitaine Grisel qui a trahi ses compagnons.
    Ils sont arrêtés le 10 mai, et sont promis à la Haute Cour
de justice qui siégera à Vendôme.
    Et toute la France, par ce procès devant la plus haute
juridiction du régime, saura que le Directoire frappe – après les royalistes – la
faction anarchiste : ce qui rassurera les « bons citoyens », en
montrant que les Directeurs, régicides et anciens terroristes, sont les
défenseurs des propriétés et de l’ordre contre ceux qui veulent « réveiller
Robespierre ».
    Cette preuve d’autorité est nécessaire car les succès et l’attitude
de Bonaparte commencent à préoccuper les Directeurs.
    Bonaparte a fait une entrée triomphale à Milan, le 15 mai
1796 (26 floréal an IV).
    « Viva Buonaparte il liberatore dell’Italia ! »
crie la foule. Les patriotes italiens ont constitué un Club jacobin, créé une
garde nationale, Bonaparte écrit au Directoire : « Si vous me
continuez votre confiance, l’Italie est à vous. »
    Et il ajoute : « Je mets à la disposition du
Directoire deux millions de bijoux et d’argent en lingots, plus quatre-vingts
tableaux, chefs-d’œuvre de maîtres italiens. Et les Directeurs peuvent compter
sur une dizaine de millions de plus. »
    Or, il reçoit des Directeurs l’ordre de se diriger vers l’Italie
du centre et du sud, Livourne, Florence, Rome, Naples cependant que le général
Kellermann, commandant l’armée des Alpes, le remplacera à Milan et en Lombardie.
    Bonaparte refuse.
    « Persuadé que votre confiance reposait sur moi, répond-il
aux Directeurs, ma marche a été aussi prompte que ma pensée. Chacun a sa
manière de faire la guerre. Le général Kellermann a plus d’expérience et la
fera mieux que moi ; mais tous les deux ensemble nous la ferons fort mal. Je
crois qu’un mauvais général vaut mieux que deux bons. »
    Et il offre sa démission.
    Murat, qui s’est illustré le 13 vendémiaire et qui a suivi
Bonaparte à l’armée d’Italie, l’interroge :
    « On assure que vous êtes si ambitieux que vous
voudriez vous mettre à la place de Dieu le Père. »
    Napoléon Bonaparte le toise :
    « Dieu le Père ? Jamais, c’est un cul-de-sac ! »
répond-il.
    Comment les citoyens Directeurs, ces messieurs du palais du
Luxembourg, pourraient-ils accepter la démission d’un homme tel que lui ?

25.
    Face aux prétentions de Bonaparte, les cinq Directeurs, en
ce mois de mai 1796, hésitent à se renier.
    Ils ont une stratégie.
    Bonaparte doit marcher vers le centre et le sud, et
Kellermann le remplacer au Piémont et en Lombardie.
    Il y a d’autres généraux que ce Bonaparte, tonne Reubell. Jourdan
et Moreau, l’un à la tête de l’armée de Sambre-et-Meuse, l’autre de l’armée de
Rhin-et-Moselle, ont reçu l’ordre de traverser le Rhin, de marcher sur Vienne, et
de prendre ainsi à revers, par le nord, les troupes autrichiennes qui sont
encore puissantes en Lombardie.
     
    Oui, mais c’est le nom de Bonaparte qu’on acclame à Paris !
    Des officiers de l’armée d’Italie porteurs des drapeaux pris
à l’ennemi viennent d’arriver dans la capitale.
    Les journaux célèbrent les exploits de ce général dont les
troupes sont entrées à Venise, Vérone, Brescia,

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