Aux armes, citoyens !
fait mine de
ne pas comprendre.
Sans doute Carnot est-il, comme tous les « badauds »
bien à l’abri dans leurs fonctions politiques, seulement préoccupé par les
élections aux Conseils des Anciens et des Cinq-Cents, qui ont lieu les 1 er et 15 germinal an V (le 21 mars et le 4 avril 1797).
Et les républicains du Directoire craignent qu’une vague
royaliste ne les chasse du pouvoir.
Ils sentent bien que les électeurs sont las de ceux qu’ils
appellent les « scélérats », anciens Jacobins, anciens conventionnels
qui ont réussi grâce au décret des deux tiers à continuer de dominer les
Conseils.
Ce sont ceux qui ont désigné comme Directeurs cinq régicides.
Le peuple dans sa majorité veut rompre avec ces hommes dont le nom seul
rappelle la Révolution.
Il choisit des candidats qui, quand on leur pose la question :
« Les cloches chanteront-elles si vous êtes élu ? », répondent
par l’affirmative.
On veut le retour des prêtres, on veut entendre les
carillons, retrouver la religion traditionnelle, et l’on rejette cette religion
dite naturelle, cette « théophilanthropie » qu’un La
Révellière-Lépeaux veut imposer à la nation, et qui n’est qu’un culte de l’Être
suprême agrémenté de quelques cérémonies.
Et les résultats des élections de ce printemps 1797
confirment et avivent les craintes des Directeurs.
Tous les députés élus dans le département de la Seine sont
des royalistes, plus ou moins masqués.
L’un d’eux est même un ancien ministre de Louis XVI !
À Lyon, en Provence, ce sont des hommes qui ont mis en œuvre
la Terreur blanche qui sont désignés. Quant aux deux cent seize
ex-conventionnels qui se représentaient, deux cent cinq ont été battus !
C’est bien le triomphe des « honnêtes gens » sur
les « scélérats » qui est publié à Paris : « Le Directoire
ne pourra gouverner avec les Conseils, il devra ou conspirer ou obéir ou périr. »
Et déjà, par tirage au sort, l’un des Directeurs, proche de
Carnot, Le Tourneur, est remplacé par le ci-devant marquis de Barthélémy, royaliste
dissimulé, confirmant ainsi la victoire des clichyens.
Cette révolution de l’opinion s’affiche et se chante dans
les rues de Paris, autour des Tuileries où siègent les Conseils, et de ce
palais du Luxembourg où se réunissent les Directeurs :
On dit que vers les Tuileries
Est un chantier très apparent
Où 500 bûches bien choisies
Sont à vendre dans ce moment.
500 bûches pour un Louis
Mais bien entendu mes amis
Qu’on ne les livre qu’à la corde !
Sur le boulevard des Italiens plus que jamais « boulevard
de Coblence », les « honnêtes gens » mêlés aux inc-oyables et
aux me-veilleuses se pavanent.
« Il faut être sans cocarde, porter collet noir sur
habit gris aux 18 boutons, en l’honneur de Louis XVIII, sur habit carré, et
grosse cravate, au nœud bouffant, démesuré. Il faut avoir toujours à la bouche
les qualifications de “Monsieur le Marquis”, de “Monsieur le Bailli”, de
“Monsieur le Président”, de “Monsieur le Curé”. »
On se retrouve dans les salons, dans des réunions rue de
Lille, à l’ancien hôtel de Montmorency ou à l’hôtel de Salm.
Dans ce dernier se réunit autour de Benjamin Constant un « cercle
constitutionnel ».
Les femmes élégantes et brillantes attirent, mais dans les
salons huppés l’on se détourne désormais de Thérésa Tallien.
Et ce sont Mesdames de Récamier et de Staël, la royaliste
Madame de Montesson qui gouvernent le plus d’invités influents.
Mais le pouvoir attire toujours.
Barras reçoit au palais du Luxembourg, Sieyès, chez lui rue
du Rocher, et l’ancien évêque d’Autun Talleyrand, dont on murmure qu’il sera
bientôt ministre des Affaires étrangères, en son hôtel particulier, proche du
Luxembourg.
Les journaux rapportent les propos tenus dans ces soirées, les
racontent.
« Chez Madame de Viennais ? On joue. Chez Madame
Tallien ? On négocie. Chez Madame de Staël ? On s’arrange. Chez
Ouvrard ? On calcule. Chez Antonelle ? On conspire. Chez Talleyrand ?
On persifle. Chez Barras ? On voit venir. À Tivoli ? On danse. Aux
Conseils ? On chancelle. À l’institut ? On bâille ! »
La vie mondaine, les intrigues de salon, paraissent n’être
que parades, futilités, bavardages sans conséquence. Mais ce n’est qu’apparence.
« Tout semble calme, commente Le Courrier
républicain, et
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