Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
chaque famille aisée donne deux chemises, pour subvenir aux
besoins des troupes.
    La terreur s’installe partout, sans encore être proclamée.
    Elle naît de l’angoisse que suscite la situation dramatique
de la nation.
    La famine est de nouveau menaçante.
    Les Enragés dénoncent les « accapareurs, les gros
marchands, les propriétaires, les agioteurs, la horde barbare des égoïstes et
des fripons ».
    Il faut traquer les suspects :
    « Je t’exhorte à scruter les fortunes individuelles, dit
Jacques Roux. Ceux qui se sont enrichis depuis la Révolution, à une époque où
tous les bons citoyens ont fait tant de sacrifices, où ils se sont ruinés, ceux-ci
sont à coup sûr des égoïstes, des fripons, des contre-révolutionnaires. »
    Et ces dénonciations visent Danton. N’a-t-il pas amassé une
fortune qui lui a permis de « doter » sa nouvelle épouse, Louise Gély,
de près de quatorze millions ?
    Et n’est-il pas, lui, le corrompu, l’un de ces comploteurs
qui, à toutes les étapes de la Révolution, avec le ci-devant duc d’Orléans, avec
Dumouriez, et maintenant avec le général Dillon ont essayé d’entraver le cours
du fleuve révolutionnaire ? Et ne cherche-t-il pas, dans cet été 1793, à
faire évader Marie-Antoinette, à lui éviter de comparaître devant le Tribunal
révolutionnaire, où Robespierre puis Barère souhaitent la voir juger ?
     
    « C’est le sommeil des républicains qui enhardit le
complot des royalistes », dit Barère à la tribune de la Convention.
    C’est notre « trop long oubli des crimes de l’Autrichienne
qui leur donne l’espérance de rebâtir le trône royal parmi nous » !
    La Convention applaudit, décide aussitôt de traduire la
veuve Capet devant le Tribunal révolutionnaire.
    On la réveille dans la nuit du 2 août. On lui annonce qu’elle
sera transférée à la prison de la Conciergerie, et séparée de sa belle-sœur
Élisabeth et de sa fille, Marie-Thérèse – Madame Royale.
    Elle n’est plus qu’une vieille femme, une mère accablée qui
ne voit plus son fils. Elle sait seulement qu’il a été confié au cordonnier
Simon.
    À la Conciergerie, on la fouille, on l’enferme dans une
cellule, et deux gendarmes, placés dans la même pièce derrière un paravent, sont
chargés de la surveiller en permanence.
    Elle semble indifférente, comme si elle n’appartenait déjà
plus à ce monde, paraissant ne pas se rendre compte que le concierge de la
prison organise, pour un bon prix, des « visites » de citoyens qui veulent
voir la veuve Capet ci-devant reine de France. Et cependant, on craint cette
femme brisée. On sait que les Vendéens espèrent qu’un jour le petit Capet sera
sacré Louis XVII.
    Il faut leur montrer en châtiant Marie-Antoinette, en
traitant le fils Capet comme un citoyen ordinaire, que tout espoir de
restauration est illusoire.
    Fersen peut bien se lamenter, écrire qu’il « ne vit
plus depuis l’incarcération de Marie-Antoinette à la Conciergerie » ou
bien que « mon plus grand bonheur serait de mourir pour elle et pour la
sauver, je me reproche jusqu’à l’air que je respire quand je pense qu’elle est
enfermée dans une affreuse prison », la ci-devant reine sera jugée.
    Quant aux Vendéens, qu’ils n’espèrent rien, pour eux et leur
province, déclare Barère.
    « Les forêts seront abattues, les repaires des bandits
seront détruits, les récoltes seront coupées pour être portées sur les
derrières de l’armée et les bestiaux seront saisis. Les femmes, les enfants et
les vieillards seront conduits dans l’intérieur. Il sera pourvu à leur
subsistance et à leur sûreté avec tous les égards dus à l’humanité. »
     
    Mais où sont les égards dans cette guerre civile impitoyable ?
    « Le signe de la Croix de Jésus-Christ et l’étendard
royal l’emportent de toute part sur les drapeaux sanglants de l’anarchie »,
proclame l’abbé Bernier qui accompagne comme des dizaines d’autres prêtres la
grande armée catholique et royale.
    Les combattants ont cousu un sacré-cœur en laine rouge sur
leurs habits. Leurs chapeaux sont ornés de cocardes blanches, vertes, rouges, de
feuillages, de plumes.
    Ils portent le chapelet suspendu à leur cou, à la
boutonnière, en sautoir.
    Leurs armes sont leurs instruments de travail transformés
pour la guerre. Les faux sont emmanchées à l’envers. Les fourches, les couteaux
de sabotier, les haches sont aiguisés. Piques,

Weitere Kostenlose Bücher