Aux armes, citoyens !
poitrine.
Grande douleur au sujet de la mort de Marat assassiné à
coups de couteau par une garce du Calvados, titre Le Père Duchesne.
La « garce » ne sera pas lapidée comme elle l’avait
imaginé.
« J’ai souffert des cris de quelques femmes », dit
seulement Charlotte Corday.
On la conduit à la prison de l’Abbaye. Et elle est
interrogée alors que l’on prépare les funérailles de Marat.
Le corps de l’« Ami du peuple » est embaumé les
dimanche 14 juillet et lundi 15 au matin, puis exposé, torse nu, sur un lit
élevé dans l’église des Cordeliers.
Cependant, devant le Tribunal révolutionnaire, Charlotte
Corday répond aux questions de Fouquier-Tinville.
« Comment avez-vous pu regarder Marat comme un monstre,
lui qui ne vous a laissé introduire chez lui que par un geste d’humanité, parce
que vous lui aviez écrit que vous étiez persécutée ?
« Que m’importe qu’il se montre humain envers moi si c’est
un monstre envers les autres », répond Charlotte Corday.
Dans la rue des Cordeliers, la foule s’est rassemblée. Des
canons sont en batterie. Les femmes crient qu’il faudrait dévorer les « membres
de la scélérate qui a ravi au peuple son meilleur ami ».
On a écrit sur la porte de la maison de Marat :
Peuple, Marat est mort. L’amant de la patrie
Ton ami, ton soutien, l’espoir de l’affligé
Est tombé sous les coups d’une horde
flétrie.
Pleure, mais souviens-toi qu’il doit être
vengé.
Les funérailles sont fixées au mardi 16 juillet. David est l’ordonnateur
des cérémonies.
Mais seulement quatre-vingts députés suivent la dépouille de
Marat qui est enterré dans le jardin des Cordeliers « au milieu du plan d’arbres.
Sa fosse est maçonnée tout autour. Son cercueil de plomb est posé sur trois
pierres et une autre par-dessus ; à côté est un pot à beurre où sont ses entrailles,
de l’autre côté du petit baril où sont ses poumons. Tout cela est embaumé. Son
cœur est encore suspendu à la voûte de l’église des Cordeliers. »
Puis le cercueil sera recouvert de terre et plus tard on
élèvera un obélisque en face de la Convention.
Il portera l’inscription : « Aux Mânes de Marat,
l’Ami du Peuple. Du fond de son noir souterrain il fit trembler les traîtres. Une
main perfide le ravit à l’amour du peuple. »
Mais maigre cortège pour accompagner Marat.
« L’excessive chaleur », note un journal, a sans
doute empêché le rassemblement considérable qu’on présumait. On tire le canon
place du Théâtre-Français, puis après son inhumation. Mais la place et les rues
sont déjà vides.
Une heure après minuit, la cérémonie commencée à dix heures
et demie est terminée.
« Le lendemain mercredi 17 juillet un violent orage
éclata. Une pluie torrentielle s’abattit sur la capitale. À six heures du soir,
Charlotte Corday eut la tête tranchée. »
La veille, à Lyon, le Jacobin Chalier, qui fut maire de la
ville, est guillotiné par les royalistes et les Girondins qui ont pris le
pouvoir.
Et la crainte d’être assassiné, la peur de la victoire des
aristocrates, et des vengeances qui s’ensuivront saisissent les conventionnels.
Et d’abord les régicides.
Au club des Cordeliers où le cœur de Marat a été exposé, on
le prie :
Cœur de Jésus ! Cœur de Marat !
Ayez pitié de nous
Recueillez-vous sans-culottes et
applaudissez !
Marat est heureux ! Marat est mort pour
la patrie.
On veut qu’il soit accueilli au Panthéon.
Robespierre s’y oppose.
« Ce n’est point aujourd’hui qu’il faut donner au
peuple le spectacle d’une pompe funèbre. »
On sent Maximilien jaloux, comme si le souvenir de Marat l’enveloppait
d’ombre.
« Les honneurs du poignard me sont aussi réservés »,
dit-il.
La priorité n’a été déterminée que par le hasard. Et il
ajoute même : « Ma chute s’avance à grands pas. »
C’est l’aveu de la tension et de l’angoisse qui régnent en
cette fin juillet 1793, quand la nation est assaillie de toute part, d’Angers à
Valenciennes, par les Vendéens et les Anglo-Autrichiens, de Lyon à Toulon, par
les aristocrates, les royalistes, les Girondins, les flottes anglaise et espagnole.
C’est en chevauchant vers Avignon, qu’un jeune
capitaine-commandant de vingt-quatre ans, Napoléon Bonaparte, voit de la route
qui traverse le département du Var les navires anglais et espagnols bombarder
les
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