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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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décidé ainsi pour les archives ou les tombeaux des rois à
Saint-Denis !
    On ferme les barrières de Paris.
    Le 2 août, on cerne les théâtres, et on rafle plusieurs
centaines de jeunes gens, arrêtés comme aristocrates.
    Danton, de sa forte voix, incite à la répression.
    Il a écarté d’un roulement des épaules et d’un mouvement de
tête les accusations de corruption.
    « Ce n’est pas être un homme public que de craindre la
calomnie », dit-il.
    Il rappelle qu’en 1792, il a fait « marcher la nation
vers les frontières ».
    « Je me dis : qu’on me calomnie ! Je le
prévois ! Il ne m’importe ! Dût mon nom être flétri, je sauverai la
liberté ! »
    Lui aussi, comme Bonaparte, cet officier inconnu qui vient d’écrire Le Souper de Beaucaire, il est pour la concentration des pouvoirs, et il
propose la création d’un gouvernement provisoire, qui soutiendrait l’« énergie
nationale » et qui serait en fait le Comité de salut public, doté de
cinquante millions.
    « Une immense prodigalité pour la cause de la liberté
est un placement à usure », affirme-t-il.
    Il sait que, dès qu’il a prononcé ces mots, les soupçons de
corruption se sont de nouveau levés.
    Il les écarte, annonçant qu’il ne fera partie d’aucun Comité :
« J’en jure pour la liberté de ma patrie. »
    Il incite à la vigilance, à la terreur.
    « Nous avons dans la France une foule de traîtres à
découvrir et à déjouer… Pas d’amnistie à aucun traître ! L’homme juste ne
fait point de grâce au méchant ! Je demande donc qu’on mette en état d’arrestation
tous les hommes vraiment suspects. »
     
    Peine de mort contre les soldats qui déserteraient et
soutien à la proposition de levée en masse, déposée devant la Convention,
votée le 23 août, qui est une véritable « réquisition » de tous les
hommes de dix-huit à vingt-cinq ans, afin de constituer, par l’ amalgame de ces recrues et des bataillons de volontaires, une armée de près de sept cent
mille hommes.
    Mais c’est toute la nation qu’il faut « soulever ».
     
    C’est Barère, rapporteur du Comité de salut public, qui, suscitant
l’enthousiasme de la Convention, dresse le plan de cette mobilisation patriotique,
qui accompagne les mesures de répression évoquées par Danton et votées par la
Convention : « Les Français sont en réquisition permanente pour le
service des armées, expose Barère. Les jeunes gens iront au combat. Les hommes
mariés forgeront les armes et transporteront les subsistances. Les femmes
feront des tentes, des habits, et serviront dans les hôpitaux. Les enfants
mettront le vieux linge en charpie. Les vieillards se feront transporter sur
les places publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine
des rois et l’unité de la République. La levée sera générale. Les citoyens non
mariés ou veufs de dix-huit à vingt-cinq ans marcheront les premiers. Le
bataillon qui sera organisé dans chaque district sera réuni sous une bannière
portant cette inscription : Le peuple français debout contre les tyrans. » Et Danton en ce mois d’août 1793, où chaque patriote sent que le sort de la
nation et de la République est en question, a ajouté : « L’enfant du
peuple sera élevé aux dépens du superflu des hommes à fortunes scandaleuses… Quand
vous semez dans le vaste champ de la République, vous ne devez pas compter le
prix de la semence ! Après le pain, l’éducation est le premier besoin du
peuple ! Mon fils ne m’appartient pas, il est à la République. »
     
    Ce don de soi et des siens à la patrie, on le chante en
reprenant le refrain :
    Mourir pour la patrie
    Est le sort le plus beau
    Le plus digne d’envie.
    On l’exalte, en rapportant le sacrifice du jeune Avignonnais
Joseph Agricol Viala, commandant d’une petite garde municipale, Espérance de
la patrie, tué sur les bords de la Durance en tranchant, sous le feu des
royalistes, les câbles du bac qui aurait permis à ces aristocrates, à ces
Girondins – les uns valent les autres, dit-on ! – de franchir le fleuve, alors
qu’ils contrôlent les villages du Var, Toulon, et jusqu’au 25 août Marseille. L’armée
du général Carteaux réussissant à reprendre la ville, ce jour-là. Et les
représentants en mission, Barras et Fréron, entrent alors dans fa cité phocéenne
et commencent… à la « terroriser », à la piller, à la rançonner, Barras
exigeant que

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