Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
s’engage
avec huit autres braves à égorger le « nouveau César » en pleine
Assemblée.
     
    Robespierre sent la haine qui monte contre lui.
    Il y a celle d’un Tallien, d’un Fouché, d’un Barras et d’un
Fréron, qui intriguent.
    Ces « missionnaires de la Terreur », corrompus, craignent
d’être victimes de Maximilien, le « dictateur vertueux ».
    Il y a ceux, tel Fouché, qui athées, déchristianisateurs, se
moquent du culte de l’Être suprême que Robespierre veut organiser.
    Faut-il une religion d’État à la République ?
    Et il y a ceux qui soupçonnent Robespierre de vouloir
établir la dictature, devenant une sorte de Cromwell.
    Barère, patriote modéré et habile, sous prétexte de dénoncer
l’Angleterre, cite abondamment les journaux anglais qui évoquent les « soldats
de Robespierre ».
    Et tous, pour des raisons différentes, craignent que le « tyran »,
s’il ne tombe pas, ne les fasse monter dans la charrette qui conduit à l’échafaud.
    Fréron, Barras, Tallien, Fouché, sont terrifiés quand, reçus
par Robespierre, ils mesurent son mépris. Son visage est « aussi fermé que
le marbre glacé des statues ».
    Fouché tremble encore lorsqu’il se remémore la question que
lui a lancée Robespierre :
    « Dis-nous donc, Fouché, qui t’a donné mission d’annoncer
au peuple que la divinité n’existe pas ? »
    Fouché a baissé la tête.
     
    Et Robespierre, avec ses gestes feutrés, impose son autorité.
    Barras, lui rendant visite chez les Duplay, trouve le
général Brune en train d’éplucher les légumes avec Madame Duplay et sa fille
Éléonore qu’on dit fiancée à Maximilien.
    Quand l’incorruptible quitte la maison, Couthon, Saint-Just,
Le Bas, l’entourent avec déférence.
    Le nouveau maire de Paris, Fleuriot-Lescot, Hanriot
commandant de la garde nationale, Fouquier-Tinville, les jurés et le président
du Tribunal révolutionnaire Dumas, lui font escorte.
    Les conventionnels, fussent-ils hostiles, n’ont pas le
courage de se dresser contre l’incorruptible alors même qu’ils récusent sa
politique de la Terreur et de la Vertu, et qu’ils jugent que les victoires
militaires – la plus décisive sera celle de Fleurus, le 26 juin 1794,8 messidor
an II, remportée par l’armée de Sambre-et-Meuse – permettraient de desserrer le
carcan qui opprime la nation.
    Mais ils n’osent pas, craignant pour leur vie, et ils
élisent le 4 juin, à l’unanimité de quatre cent quatre-vingt-cinq voix, Maximilien
Robespierre président de la Convention.
    L’Incorruptible, pendant quelques heures, offre un visage
souriant, comme illuminé par le sentiment qu’enfin il est reconnu, compris.
    Brève euphorie !
    Le 6 juin, l’habile Fouché se fait élire président du club
des Jacobins.
    Le visage de Robespierre se ferme.
    L’élection de Fouché est à ses yeux un défi, un scandale. D’autant
plus que Fouché, paraissant se rallier au culte de l’Être suprême, déclare aux
Jacobins :
    « Brutus rendit un hommage digne de l’Être suprême, en
enfonçant un poignard dans le cœur d’un tyran : sachez l’imiter ! »
    N’est-ce pas là un appel au meurtre de Robespierre ? La
preuve que Fouché est l’âme d’une conspiration qui se trame ?
    L’Incorruptible n’en doute plus.
    Fouché, répond-il, est l’homme qui à Lyon a commandé de
tirer à mitraille sur la foule au lieu de faire juger les contre-révolutionnaires.
    Le temps viendra, où il devra répondre de ses actes.
     
    Cette lutte contre ces nouveaux ennemis qui commence, Maximilien
pressent qu’elle sera la plus dure, la plus sanglante, peut-être la dernière, il
lui semble qu’il peut d’autant mieux l’engager, et en tout cas lui donner la
signification la plus haute, en célébrant le 20 prairial (8 juin) la fête de l’Être
suprême.
    Il est le président de la Convention.
    Il marche des Tuileries au Champ-de-Mars à la tête de tous
les députés.
    Il a revêtu un habit bleu céleste serré d’une écharpe
tricolore. Il tient un bouquet de fleurs et d’épis à la main.
    La foule est immense. Les façades décorées de fleurs et de
feuillages.
    La musique de Gossec et de Mehul rythme la marche.
    Puis Robespierre parle d’une voix de prédicateur.
    Devant la statue de la Sagesse, il met le feu à des
mannequins qui symbolisent l’athéisme, l’ambition, l’égoïsme et la fausse
simplicité.
    Il officie. Il n’entend pas les moqueries des

Weitere Kostenlose Bücher