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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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étrange rencontre.
    – Oh ! vous êtes bien sévère pour
notre ami, répliqua sir John avec un sourire engageant ;
vraiment, je vous trouve bien sévère avec notre ami.
    « Laissez-le continuer, sir John, dit
Gashford en tripotant ses gants, laissez-le continuer, j'y mettrai
de la patience, sir John. Quand on a l'honneur de votre estime, on
peut se passer de celle de M. Haredale. M. Haredale est
un des hommes qui se sentent atteints par nos lois pénales, et
naturellement je ne dois pas m'attendre à me voir en faveur auprès
de lui.
    – Ma faveur ! monsieur, repartit
Haredale, jetant un regard amer à l'autre interlocuteur, elle vous
est au contraire si bien acquise, que je suis charmé de vous voir
en si bonne compagnie. N'êtes-vous, pas à vous deux, l'essence de
votre fameuse
Association
 ?
    – Je dois vous dire, reprit sir John de
son air le plus doucereux, qu'ici vous faites une méprise. C'est de
votre part, pour un homme aussi exact et aussi judicieux, une
erreur qui m'étonne. Je n'appartiens pas à l'Association dont vous
parlez ; je professe un immense respect pour ses membres, mais
je n'en fais pas partie, quoique je sois, il est vrai, opposé par
conscience à ce qu'on vous rende vos droits. Je regarde cela comme
mon devoir, j'en ai beaucoup de regret ; mais c’est une
nécessité fâcheuse, et qui me coûte plus que vous ne pensez…
Voulez-vous une prise ? si vous ne voyez pas d'inconvénient à
prendre cette légère infusion d'un parfum innocent, vous en
trouverez l'arôme exquis, j'en suis sûr.
    – Pardon, sir John, dit Haredale en
faisant signe qu'il n'en usait pas, pardon de vous avoir mis au
rang des humbles instruments qui travaillent au grand jour.
J'aurais dû faire plus d'honneur à votre génie. Les hommes de votre
capacité se contentent de comploter impunément dans l'ombre et de
laisser leurs enfants perdus exposés au premier feu des
mécontents.
    – Comment donc ! répliqua sir John,
toujours avec la même douceur, vous n'avez pas besoin de vous
excuser. Ce serait bien le diable si de vieux amis comme vous et
moi ne pouvaient pas se passer quelques libertés. »
    Gashford, qui avait été tout ce temps-là dans
une agitation perpétuelle, mais sans lever les yeux, se tourna
enfin vers sir John et se hasarda à lui glisser à l'oreille qu'il
était obligé de partir, pour ne pas faire attendre milord.
    « Vous n'avez que faire de vous
tourmenter, mon bon monsieur, lui dit M, Haredale ; je vais
vous quitter pour vous mettre plus à l'aise. » Et c'est ce
qu'il allait faire sans plus de cérémonie, lorsqu'il fut arrêté par
un murmure et un bourdonnement qui partaient du bout de la
salle ; et, jetant les yeux dans cette direction, il vit
arriver lord Georges Gordon, entouré d'une foule de gens.
    La figure de ses deux compagnons laissa
percer, chacun à sa manière, une expression de triomphe secret, qui
donna naturellement à M. Haredale l'envie de ne point se
déranger devant ce chef de parti, et de l'attendre de pied ferme
sur son passage. Il se redressa donc, et, croisant ses bras
derrière son dos, prit une attitude fière et méprisante, pendant
que lord Georges s'avançait lentement, à travers la foule qui se
pressait autour de lui, juste vers l'endroit où les trois
interlocuteurs étaient réunis.
    Il venait de quitter à l'instant la chambre
des Communes, et était venu tout droit à la salle du palais,
répandant, selon sa coutume, le long de son chemin, la nouvelle de
ce qui avait été dit, le soir même, relativement aux papistes, des
pétitions présentées en leur faveur, des personnes qui les avaient
appuyées, du jour où l'on passerait le bill, et du moment opportun
qu'il faudrait choisir pour présenter à leur tour leur grande
pétition protestante. Il débitait tout cela aux personnes qui
l'entouraient, en élevant la voix et ne ménageant pas les gestes.
Ceux qui se trouvaient le plus près de lui se communiquaient leurs
commentaires, et laissaient éclater des menaces et des
murmures ; ceux qui étaient en arrière de la foule
criaient : « Silence, » ou bien : « Ne
fermez donc pas le passage, » ou se pressaient contre les
autres pour tâcher de leur prendre leurs places ; en un mot,
ils avançaient péniblement, de la façon la plus irrégulière et la
plus désordonnée, comme fait toujours la foule.
    Quand ils furent arrivés près de l'endroit où
se tenaient le secrétaire, sir John et M. Haredale, lord
Georges se

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