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Barnabé Rudge - Tome II

Barnabé Rudge - Tome II

Titel: Barnabé Rudge - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
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la
foule.
    « Mon cher ami, mon bon Haredale, vous
êtes aveuglé par la colère ; c'est bien naturel, extrêmement
naturel, mais cela vous empêche de reconnaître même vos amis d'avec
vos ennemis.
    – Que si, que je les reconnais bien,
n'ayez pas peur que je m'y trompe, répliqua-t-il, presque fou de
fureur. Sir John, lord Georges, est-ce que vous ne m'avez pas
entendu ? Vous êtes donc des lâches !
    – Allons, allons ! dit un homme qui
perça la foule et le poussa doucement devant lui vers le bas des
escaliers ; ne parlons plus de cela. Au nom du ciel,
allez-vous-en. Que diable voulez-vous faire en face de tous ces
gens-là ? et ne voyez-vous pas qu'il y en a deux fois autant
dans la rue voisine, qui vont tomber sur vous dans un
moment ? » Et, en effet, on les voyait accourir.
« Vous n'auriez pas poussé la première botte, que vous
tomberiez étourdi du coup de pierre que vous venez de recevoir.
Voyons ! retirez-vous, monsieur, ou je vous promets que vous
allez vous faire écharper. Venez, monsieur, dépêchez-vous… plus
vite que ça. »
    M. Haredale, qui commençait à se sentir
tourner le cœur, reconnut la justesse de cet avis et descendit les
marches avec l'assistance de son ami inconnu. John Grueby (car
c'était lui) le fit monter dans le bateau qu'il poussa du pied,
l'envoyant du coup à trente pieds du rivage, et recommanda au
batelier de gagner au large hardiment ; puis il remonta avec
autant de calme et de sang-froid que s'il venait de débarquer.
    La populace montra d'abord quelque velléité de
lui faire payer son intervention dans l'affaire ; mais, comme
John avait l'air solide et de sang-froid, comme d'ailleurs il
portait la livrée de lord Georges, on se ravisa, et l'on se
contenta d'envoyer de loin, après le bateau, une grêle de cailloux
qui firent sur l'eau des ricochets innocents : car la barque,
pendant ce temps-là, avait passé le pont, et glissait à toutes
rames au milieu du courant.
    Après cette récréation, les gens de la foule
s'en retournèrent, donnant, sur leur chemin, des coups de marteau à
la protestante dans les portes des catholiques, cassant quelques
lanternes et rossant quelques constables égarés. Mais, en entendant
annoncer à voix basse qu'il arrivait un détachement des gardes du
roi, ils prirent leurs jambes à leur col, et la rue fut balayée en
un moment.

Chapitre 2
     
    Après que le rassemblement se fut dispersé, se
dirigeant, par petits groupes fortuits, dans différentes
directions, il ne resta plus, sur le lieu de la scène du dernier
événement, qu'un homme ; c'était Gashford. Tout meurtri de sa
chute, mais plus abattu encore par la honte, et furieux de la
flétrissure qu'il venait de subir, il s'en allait boitant de droite
et de gauche, ne respirant que malédictions, menaces et
vengeance.
    Le secrétaire n'était pas homme à épuiser sa
colère en vaines paroles. Tout en évaporant, dans ces effusions
violentes, les premières bouffées de sa haine, il suivait d'un œil
ferme deux hommes qui, après avoir disparu avec les autres, quand
on avait sonné l'alarme, étaient revenus depuis, et se montraient à
présent au clair de la lune, errant et causant ensemble, à quelque
distance, sur la place.
    Il ne fit pas un mouvement pour s'avancer vers
eux, mais il attendit patiemment, dans le côté sombre de la rue,
qu'ils fussent las de se promener de long en large et qu'ils
fussent partis de compagnie. Alors il les suivit, mais d'un peu
loin, ne les perdant pas de vue, mais sans le faire paraître, et
surtout sans se laisser voir à ces deux personnages.
    Ils montèrent dans la rue du Parlement,
passèrent devant l'église Saint-Martin, tournèrent Saint-Gilles,
gagnèrent la route de Tottenham-Court, derrière laquelle se
trouvait alors, à l'ouest, une place appelée
les Chemins
verts
. C'était un endroit retiré, assez mal famé, qui
conduisait dans la campagne. De gros tas de cendres, des mares
d'eau stagnante, une végétation de mouron et de chiendent ;
des tourniquets cassés, quelques pieux de barricades encore fichés
en terre, après que les gens en avaient, depuis longtemps, emporté
les barreaux pour faire du feu avec, et menaçant d'accrocher de
leurs clous rouillés le promeneur distrait qui passait par
là : voilà les traits les plus remarquables du tableau que
présentait ce paysage. Seulement, çà et là, un baudet ou une rosse
décrépite, attachés par la longe à un piquet, pour se régaler des
misérables

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