Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Barnabé Rudge

Barnabé Rudge

Titel: Barnabé Rudge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Dickens
Vom Netzwerk:
raison,
monsieur : j'ai fait mes preuves, monsieur, dans cette salle
mainte et mainte fois, comme vous le savez, je pense ; ou si
vous ne le savez pas, ajouta John remettant sa pipe à sa bouche,
tant mieux, car je n'ai pas d'orgueil, et ce n'est pas moi qui irai
vous le conter. »
    Un murmure général de ses trois compères,
accompagné d'un mouvement général de leurs têtes approbatives,
toujours dans la direction du chaudron de cuivre, assura John
Willet qu'ils avaient trop bien expérimenté ses facultés
puissantes, et qu'ils n'avaient pas besoin de preuves ultérieures
pour être convaincus de sa supériorité. John n'en fuma qu'avec plus
de dignité, les examinant en silence.
    « Une très jolie conversation, marmotta
Joe, qui s'était remué sur sa chaise avec des gestes de
mécontentement. Mais si vous entendez me dire par là que je ne dois
jamais ouvrir la bouche…
    – Silence, monsieur ! vociféra le
père. Non, vous ne le devez jamais. Quand on vous demande votre
avis, donnez-le. Quand on vous parle, parlez. Quand on ne vous
demande pas votre avis et qu'on ne vous parle pas, ne donnez pas
votre avis et ne parlez pas. Ma foi ! le monde a subi un beau
changement depuis ma jeunesse. Je crois, vraiment, qu'il n'y a plus
d'enfants ; qu'il n'y en a plus du tout d'enfants ; qu'il
n'y a plus de différence entre un moutard et un homme, et que tous
les enfants sont partis de ce monde avec feu Sa Majesté le roi
George Il.
    – Voilà une observation très juste, en
exceptant toujours les jeunes princes, dit le sacristain, qui, en
sa double qualité de représentant de l'Église et de l'État dans
cette compagnie, se croyait tenu à la plus parfaite fidélité envers
ses souverains. Si c'est d'institution divine et légale que les
petits garçons, tant qu'ils sont encore dans l'âge où l'on est
petit garçon, se conduisent comme des petits garçons, il faut bien
que les jeunes princes soient des petits garçons, et ils ne
sauraient être autre chose.
    – Avez-vous jamais, monsieur, entendu
parler de sirènes ? dit M. Willet.
    – Certainement, j'en ai entendu parler,
répliqua le sacristain.
    – Très bien, dit M. Willet. D’après
la constitution des sirènes, tout ce qui, dans la sirène, n’est
point femme, doit être poisson. D’après la constitution des jeunes
princes, tout ce qui, dans un jeune prince, si c’est possible,
n'est pas réellement ange, doit être divin et légal. En
conséquence, s'il est convenable, divin et légal que les jeunes
princes (comme cela l'est à leur âge) soient des petits garçons,
ils sont et doivent être des petits garçons, et il est de toute
impossibilité qu'ils soient autre chose. »
    Cette élucidation d'un point épineux ayant été
reçue avec des marques d’approbation bien propres à mettre John
Willet de bonne humeur il se contenta de répéter à son fils l’ordre
de garder le silence, et s'adressant à l’étranger :
« Monsieur, dit-il, si vous aviez posé vos questions à une
grande personne, à moi ou à l'un de ces messieurs, on vous eût
satisfait, et vous n'eussiez pas perdu vos peines.
Mlle Haredale est la nièce de M. Geoffroy Haredale.
    – Son père existe-t-il ? dit l'homme
négligemment.
    – Non, répliqua l’aubergiste, il n'existe
plus, et il n'est pas mort.
    – Pas mort ! s’écria l’autre.
    – Pas mort comme on l’est
généralement. » dit l'aubergiste.
    Les compères inclinèrent leurs têtes l'un vers
l’autre, et M. Parkes, en secouant quelque temps la sienne
comme pour dire « Allons ! allons ! qu'on ne vienne
pas me contredire là-dessus, car personne ne me ferait croire le
contraire », dit à voix basse : « John Willet est ce
soir d’une force étonnante, et capable de tenir tête à un président
de cour de justice. »
    L'étranger laissa s’écouler quelques moments
sans rien dire, puis ensuite il demanda d'une manière un peu
brusque :
    « Qu'entendez-vous par là ?
    – Plus que vous ne pensez, l’ami,
répondit John Willet. Il y a peut-être plus de portée dans ces
mots-là que vous ne le soupçonnez.
    – Ça peut bien être, dit l’étranger d'un
ton bourru, mais pourquoi diable parlez-vous d’une façon si
mystérieuse ? Vous me dites d'abord qu’un homme n’existe plus,
et que cependant il n'est pas mort, puis qu'il n’est pas mort comme
on l’est généralement, puis que vous entendez par là beaucoup plus
de choses que je ne pense. Eh bien ! je vous le

Weitere Kostenlose Bücher