Bastard battle
couleuvrines aux poings. Il fait feu par dehors. Et en bas, chasque homme visé tombe roide dead comme touché par un doigt mortel invisible. J’approche et Billy me montre ses piftolets en disant : couleuvrines de poche à barillet tournant, épatant n’est-ce pas ? puis reprend l’exercice en souriant. Et c’est icy, dos au rempart, reprenant mon souffle, que je vis la mort prendre le samouraï Akira. En plein vol.
Emmi le peu de cavaliers encor montés portant les armes au clair, Oudinet se battait. Par ma gorge, se battait comme un diable, attendant la charge, garde haute, ne frappant qu’à tous coups chasques fois pour tuer. Mais contre lui, huit hommes lourds, enragés. Qui l’acculèrent peu à peu contre un mur, poussant leur lance devant eulx, le dourdant à coups droits, lui seul comme s’il était le porteur de nous aultres, la cible, le bouc, ne s’occupant mesme des vouges qui les tenaillaient par derrière. Oudinet esquivait et frappait mais en fin il fut entravé dans les lances tout autour de lui plantées au mur et ne put bientôt remuer un cil. Et lors une pointe vers sa gorge fut lancée. Et lors, sur sa droite, bondit Akira qui d’un coup dévia la lame et d’un autre, trancha la teste du lanceur. Mais il n’était pas retombé qu’une flèche perdue lui perçait le cuer par le dos. Lors Oudinet saute vers lui, le voit mort, saisit le katana de son maistre, et le joignant au sien, des deux mains, accroupi couché au sol, se jette dans la meslée des chevaux et coupe les sabots à l’ergot, ressort couvert de sang, fait volte-face et dedans les hommes chus, taille et taille à deux sabres. Mains, testes, jambes et lances, bois et fers, tout vole autour de lui, comme flamèches autour de bûcher craquant. Huit hommes morts à ses pieds, et dans le sang du dernier, il plonge les mains et se trempe les braz et la face. Vipère-d’une-toise le rejoint, le touche à l’épaule, ainsi l’adoube, et tous deux ensemble, l’un repeint en rouge et l’aultre vestu d’or et de blanc, portent au dojo le corps du samouraï défunt. Billy, face à l’ennemy de l’extérieur, recharge ses piftolets. Il n’a rien vu. Se penche sur ma teste et me dit :
— Tu es blanc comme un linge.
— J’ai soif !
Alors il pose ses couleuvrines encor chaudes, et d’une meurtrière bouchée, tire une flasque de gnole.
— Bois d’abord, je lui dis. Ta jacqueline je la sèche. C’est pour l’enchas, crois-moi : ja ne suis si tant bon qu’étant saoul.
Il rit mais liche au tour dit :
— Et que crèvent nos ennemys !
— Amen.
Sur quoi arrive Dimanche-le-loup, hors de souffle :
— Le bastard est en sous la muraille à sabouler sa piétaille pour porter l’assault. Tartas en a plein le bassinet.
— Qu’il ne porte ! Attends-moi, j’y vais !
Et courant tout du long sur les remparts en criant par icy ! par icy les boyteurs ! Le bas tard à la rue Chaude ! Qui me crève ce gast-blez, trois muids de vin à l’année ! Incontinent, mes gens de vigne, Vuillemin Gras Pourcel en prime, montent partout sur les murs. Tartas pour de vray n’en peut mais. Compte trois hommes morts par mi ses plus forts. Les rondaches sont couvertes de traicts. Lui en porte un dans la jambe, n’en a cure. Sa Morning Star dégouste le sang et l’humeur sur la pierre. Pied à pied contre ceux qui continuent de passer, baston contre épée, contre masses et fléaux, nous repoussons l’ennemy sur les créneaux. À l’esquive, à la culbute, au jet de patte, savate françoyse, nous les repassons par l’aultre costé, ce d’où ils viennent, sans mesnager notre peine. Tartas respire. Et pour nous appuyer, les freluquets du dojo paumoyent en alternance vouges et boucliers. D’icelui, Vipère-d’une-toise lance des rondelles dentellées si finement tranchantes qu’en un arc de jet, elles taillent trois hommes avant de s’arrester en coup térébrant dans le fer d’un quatrième, dégorgeant.
Le bastard peut sabouler son comptant, ses hommes dégringolent plus vitement qu’ils ne grimpent. Son assault est moisi. Ce que voyant, perdant nerfs et prudence, il s’approche pour nous maudire. Lors d’une mesme inspire, partent vers son corps un traict, une balle de plomb, une rondelle et un chauldron qui chascun le touchent en quelque endroit. Le chauldron à la teste de son cheval, la balle de couleuvrine au pied, perçant le flanc aussi de sa monture, le traict à la mesme jambe et la rondelle
Weitere Kostenlose Bücher