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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pièce, quelqu'un rêvait de la dépouiller : Isabelle de son fils, Marie de son époux... Où donc Arnaud prenait-il qu'ils n'étaient que deux ?
    — Ne t'évade pas de moi, gronda Arnaud contre son oreille, tu ne dois songer qu'à notre amour quand nous sommes ensemble...
    Il l'embrassa, mais, sous la bouche d'Arnaud, ses lèvres demeuraient froides et tremblantes. Elle ferma les yeux pour tenter de retenir des larmes qui roulaient sur ses joues. Arnaud jura entre ses dents puis, soudain furieux :
    — Eh bien, pleure ! J'arriverai bien à arracher ces idées stupides de ta tête folle !
    Et, sans transition, il déchaîna sur Catherine un tel ouragan de caresses et de baisers que Catherine, brutalisée, meurtrie mais emportée par un plaisir qui semblait ne jamais devoir atteindre son point culminant, délirant d'une passion si violente qu'elle lui arrachait des cris, ne songea plus qu'à subir la loi d'Arnaud. Quand, enfin, il la soumit complètement, elle l'entendit murmurer, moqueur et tendre, sur le ton du triomphe :
    — Je t'avais bien dit que tu oublierais ces sottises !
    Il la quitta soudain pour courir jusqu'à un dressoir disposé près de la cheminée et qui supportait des gobelets et un flacon de vin. Anéantie, écrasée de bienheureuse fatigue, Catherine entrouvrit des paupières qui n'avaient jamais été aussi lourdes. Son total épuisement fit rire le jeune homme. Il leva le flacon d'argent.
    — Tu veux un peu de vin ? J'ai une soif du diable !
    Elle fit signe que non de la main, n'ayant même
    pas le courage de parler. A travers ses cils rapprochés, elle le vit emplir la coupe, la vider d'un trait, s'essuyer les lèvres de son bras nu. Elle allait refermer les yeux quand un bruit métallique la fit sursauter. La coupe avait roulé à terre, mais Arnaud ne s'en souciait pas. Il s'était approché du feu et semblait regarder quelque chose sur la face interne de son bras.
    Son immobilité absolue frappa Catherine qui se redressa sur les oreillers en désordre, vaguement inquiète.
    — Qu'y a-t-il ? Que regardes-tu ?
    Il ne répondit pas, ne bougea pas. Il y avait quelque chose de si effrayant dans cette inertie que Catherine cria.
    — Arnaud ! Qu'est-ce que tu as ?
    Il se retourna, laissa retomber son bras, sourit, mais c'était un curieux sourire, un étirement machinal des lèvres qui était presque une grimace.
    — Rien, ma mie ! Une bûche a éclaté et une brindille m'a brûlé au bras. Dors maintenant, tu en as besoin...
    Sa voix semblait venir de très loin. D'un geste mécanique, il prit sur un escabeau une longue robe de drap vert ourlée de taupe, l'enfila, serrant la ceinture autour de ses reins. Catherine le regardait faire avec stupeur.
    — Mais enfin, où vas-tu maintenant ?
    — Je veux m'assurer que tout va bien, que les sentinelles sont à leur place. Les hommes d'armes ont beaucoup bu, ce soir, et une surprise est toujours possible.
    Il s'approcha du lit, se pencha, prit une mèche de cheveux qui pendait hors du lit et y posa ses lèvres avec ferveur.
    — Dors, mon ange, dors... je n'en ai pas pour longtemps.

    Cette ronde nocturne était normale, après tout, de la part du gouverneur de la forteresse. Et puis Catherine était trop lasse pour se poser beaucoup de questions. Arnaud était l'homme le plus imprévisible qui fût. Tandis qu'il s'éloignait sur la pointe des pieds après avoir soigneusement ramené les couvertures sur les épaules de sa femme, elle ferma les yeux, déjà envahie d'une délicieuse torpeur. Pourtant, avant de sombrer dans l'inconscience, elle éprouva encore une curieuse impression. Dormait-elle déjà ou bien y avait- il, tout à l'heure, de l'angoisse et même de la peur dans le regard qu'Arnaud avait posé sur elle ? À cet instant, son visage avait l'air ciselé dans du granit, rien n'y vivait hormis ce regard, ce regard...
    Allons, c'était une fumée sortie de son esprit épuisé ! Catherine, un sourire aux lèvres, s'endormit profondément.
    La voix de Sara fredonnant une vieille cantilène éveilla Catherine. Elle aurait juré qu'il n'y avait que cinq minutes qu'elle dormait ; pourtant, il faisait grand jour. Elle sourit en voyant que Sara, assise au pied de son lit, dans l'attitude où elle l'avait vue des centaines de fois quand elle était petite fille, tenait Michel dans ses bras. C'était pour le bébé qu'elle chantait, en souriant, et le bébé, ravi, agitait des menottes roses comme des coquillages.
    — Est-il si tard ? demanda

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