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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cette plainte immense à la gorge d'Arnaud passa dans l'âme de Catherine. Elle s'arracha des mains de Gauthier, s'élança sur le chemin rocailleux, tendant follement les bras vers celui que le moine emmenait.
    — Non ! hurla-t-elle. Pas adieu !... Pas adieu !
    Elle buta contre une pierre, tomba à genoux dans
    la poussière, les bras toujours tendus. Mais le moine et le lépreux avaient franchi le tournant du sentier... Le chemin était vide.

    Juliette Benzoni par Juliette Benzoni
    J'ai failli naître sous la tour Eiffel, ma mère ayant tout juste eu le temps avant l'événement de quitter le Champs- de-Mars pour regagner l'avenue de La Bourdonnais où mes parents habitaient alors, mais c'est à Saint-Germain-des-Prés que s'est passée toute mon enfance, dans la maison où vécurent Mérimée, Corot et Ampère, en face de celle où mourut Oscar Wilde. Le fantôme de Canterville et la Vénus d'Ille sont pour moi des amis de jeunesse, mais j'ai toujours préféré les énormes chahuts des étudiants des Beaux-arts qui envahissaient la rue en moyenne une fois par jour.
    Nos voisins s'appelaient Dunoyer de Segonzac, Louis Jouvet, le maréchal Lyautey, la marquise de La Fayette et les Duncan, une étonnante tribu hippie avant la lettre qui adoptait les modes Peaux-Rouges dans l'espoir de retrouver la pureté grecque.
    Quant à ma famille, elle se composait normalement de mon père, un industriel, ma mère, bridgeuse acharnée, ma jeune sœur, sans qualification précise, et mon grand-père, redoutable septuagénaire à moustaches fleurant la pipe et le cognac. C'était un vieux mécréant nourri au lait de Jaurès et qui avait dans ses jeunes années, humé avec délices la poudre des canons de la Commune.
    À cause de cela, il était plutôt mal vu de la famille, et aussi, parce qu'il entretenait sournoisement une « créature ». Laquelle gourgandine avait d'ailleurs le mauvais goût de se prénommer « Juliette » ! Le souvenir que je garde de mon grand-père est un souvenir en chapeau melon. Il ne le quittait pratiquement jamais et je crois bien qu'on l'a enterré avec.
    J'avais aussi une grand-mère maternelle, habituellement cantonnée à Reims, cité royale d'où elle sortait le moins possible. Elle n'en sortit même plus du tout et renonça finalement à toute visite dans la capitale car un matin de juin, se rendant à la messe de 6
    heures à Saint-Germain-des-Prés, elle rencontra, rue Bonaparte, un individu peint en vert, chaudement vêtu d'une timbale attachée à la taille par une ficelle et d'une paire de paillons à Champagne en guise de pantoufles, rentrant tant bien que mal du bal des Quat'zarts, point culminant des études aux Beaux-arts et grande soirée artistique, annuelle et très déshabillée, des futurs peintres, sculpteurs et architectes français. Ma grand-mère avait alors bouclé sa valise et disparu définitivement de l'horizon parisien.
    Le choix de mes établissements scolaires marqua, chez mes parents, une double et contradictoire tendance à un snobisme invétéré uni à une tentative de démocratie parfaitement hypocrite. On me mit d'abord au « cours » élégant des demoiselles Désir, institution des plus collet monté, malgré son patronyme surprenant, et fréquentée par les jeunes sœurs de la comtesse de Paris.
    Malheureusement, le cours nommé Désir ne me réussit pas. Habituée à dévorer tout ce qui me tombait sous la main dans la bibliothèque familiale, j'avais lu, à neuf ans, Notre-Dame de Paris, et m'en étais vantée en toute innocence. Fut-ce à cause des gambades d'Esmeralda ou des machinations libidineuses de Claude Frollo, toujours est-il que l'événement causa un aussi gros scandale que si je m'étais déclarée abonnée à la Vie parisienne. On m'en retira donc pour m'introduire au lycée Fénelon dans des classes bondées comme le métro à 6 heures du soir (c'était le début de l'enseignement gratuit). J'y fis ce que je pus, c'est-à-dire pas grand-chose.
    Fort heureusement, le retentissant procès en Cour d'Assises d'une ancienne élève du lycée (l'affaire Violette Nozière) donna si fort à penser à ma famille qu'elle me parachuta toute affaire cessante dans une maison plus calme et tout de même mieux fréquentée ; l'aristocratique collège d'Hulst, rue de Varenne où je devais rester jusqu'à ce que baccalauréat s'ensuive. J'y pris l'horreur des mathématiques, la passion de l'histoire et des lettres, le goût de l'amitié et un léger penchant

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