Belle Catherine
pour la politique grâce auquel, dans les années 1936-1937, je me retrouvai plusieurs fois au commissariat de police du quartier pour lacération d'affiches sur la voie publique.
De là, je passai à l'Institut catholique où j'entamai nonchalamment une licence. La guerre vint mettre un terme à ma dolce vita personnelle. Mon père en mourut. Quant à moi, après un passage météorique comme auxiliaire à la Préfecture de la Seine où je fis surtout connaissance avec la magnifique bibliothèque cachée sous les toits de l'Hôtel de Ville, je me retrouvai mariée à un médecin de Dijon, le docteur Maurice Gallois, enfouie jusqu'au cou dans la bonne société bourguignonne et bientôt mère de deux enfants.
Tandis que mon époux partageait son temps entre ses malades et les différents maquis de la région pour effectuer des missions n'ayant avec la médecine que d'assez lointains rapports, je passai des heures dans les bibliothèques, étudiant l'histoire de la Bourgogne au Moyen Âge.
C'est au cours de ces études que je découvris la légende de l'ordre de la Toison d'Or qui devait, plus tard, donner naissance à la série des Catherine.
Quelques années après la Libération, je perdis mon mari disparu en quelques minutes d'une crise d'angine de poitrine. J'avais trente ans et il me fallait envisager de travailler si je voulais pouvoir élever mes enfants comme je le souhaitais et conserver un certain niveau de vie. Mais, dans une ville de province, passer du statut de femme dite « du monde » à celui de travailleur salarié, est un exploit difficile et plutôt mal vu. Mon mari avait de la famille au Maroc. Je m'y rendis et entrai à la rédaction publicitaire d'un poste de radio : Radio-Internationale.
Ce n'était pas une situation extraordinaire. Le Maroc, d'ailleurs, vivait les derniers jours du protectorat et il était difficile de s'y créer une situation stable. Mais j'y fis la connaissance d'un officier, le capitaine Benzoni et l'épousai quelques semaines avant son départ pour l'Indochine où il devait rejoindre, à Hué, le 6e Régiment de Spahis marocains.
Mais, à cause de l'incertitude des lendemains marocains, mon mari souhaitait me voir demeurer à Paris, auprès de ma famille tandis qu'il s'éloignerait. C'est alors que je me lançai dans le journalisme. Depuis toujours, j'avais été fascinée par ce métier, et à quinze ans, j'avais émis le désir de m'y consacrer, mais mon père m'avait découragée alléguant une foule de prétextes mais évitant prudemment le seul réel : le journalisme était mal porté chez les jeunes filles, à une certaine époque et dans un certain milieu.
Je travaillai simultanément pour l'Histoire pour tous, pour le Journal du Dimanche, qui était le septième jour de France-Soir et pour
Confidences où j'écrivis de nombreux articles historiques (je les écris toujours d'ailleurs, ce sont les Confidences de l'Histoire). J'y ajoutai, par la suite, un courrier de l'Histoire qui me valut de bons moments et d'autres moins bons. Qui dira jamais la grande détresse de l'historien aux prises avec une meute avide de connaître ses ancêtres ? Mon courrier débordait, et déborde toujours, de lettres de ce type.
« Je m'appelle Bidule mais une vieille tante m'a dit que l'un de mes ancêtres qui était noble a supprimé (ou vendu, ou cédé ou bazardé n'importe comment...) la particule et le titre à la Révolution. Pouvez-vous m'aider à les retrouver ?... »
Ah ! cette Révolution, avec ses émigrés, ses cachettes, sa clandestinité ! Elle est le grand recours d'une foule de républicains bon teint auxquels elle permet de rêver qu'ils ont eu des ancêtres « nés » dont les talons rouges foulaient hardiment les parquets de Versailles. Quant à moi, je dois faire face quotidiennement à une foule assoiffée d'honneurs enfuis et de châteaux écroulés.
Pendant que je faisais mes premières armes dans le journalisme de salon (je fréquentais beaucoup les artistes, les écrivains et les vedettes de cinéma) et dans la petite histoire, celles de la France tournaient mal en Extrême-Orient et l'Indochine me rendait mon mari en fort mauvais état mais ayant tout de même échappé de justesse au piège de Dien- Bien-Phu. Il fallut un an pour lui rendre la santé, après quoi, il put réintégrer le ministère des Armées comme ingénieur d'armement, poste qu'il occupe toujours.
En même temps, il se lançait dans la politique locale au service du général de
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