Cathares
surmonté de sa forteresse. Il entreprit d’enlever les pierres les unes après les autres. En démontant le petit édifice, il s’aperçut que le coeur était creux, comme si on avait voulu y cacher quelque chose. Il dirigea le faisceau de sa torche et remarqua une lueur. Il plongea sa main et en retira un petit objet de bronze. Il s’agissait d’une petite colombe attachée à un ruban de cuir. La colombe représentait un des rares symboles qui pouvait être assimilé aux Cathares. Le Bihan l’observa avec attention. Depuis combien de temps pouvait-elle se trouver là ? Et si Philippa (ou Mireille) l’avait cachée sous ces pierres, quel but poursuivait-elle ?
Le Bihan se releva et inclina un bref instant sa torche vers le sol. Ce fut à ce moment-là qu’un coup violent dans le dos le projeta sur le sol. Profitant de l’effet de surprise, l’agresseur lui arracha la colombe, mais l’historien n’était pas prêt à se laisser faire. Il se releva d’un bond et allongea un violent coup de poing dans le ventre du voleur. L’homme était robuste et il ne tomba pas pour autant. Il commença à courir vers l’entrée de la grotte. Le Bihan le prit en chasse et attrapa une manche de sa chemise. L’homme tenta de se dégager et l’historien fut tellement stupéfait par le tatouage qu’il venait de découvrir qu’il en oublia de se défendre. Une fleur de lis sur l’avant-bras. L’homme lui décocha alors un nouveau coup de poing qui le fit tituber. Une fois le bref instant de surprise passé, Le Bihan se releva et se saisit d’un bloc de pierre qu’il jeta à la tête de l’agresseur. Le geste était sûr et l’homme s’effondra sur le sol alors qu’il était sur le point de réussir à quitter la grotte. Le Bihan courut vers la silhouette assommée et commença par lui reprendre la colombe avant de tourner son visage qui se trouvait face contre le sol. N’en croyant pas ses yeux, il s’exclama :
— Papa !
31
Le Bihan arrêta la voiture à l’entrée du village de Tarascon-sur-Ariège. Il tendit les bras sur son volant, inspira un moment et regarda l’homme qui était à côté de lui. Il tenait un mouchoir sur sa tempe et fermait les yeux.
— Qu’est-ce que tu fiches ici ? commença Pierre Le Bihan sur un ton où transparaissait surtout l’exaspération.
— Ce n’est pas ce que tu crois, répondit son père d’une voix posée qui contrastait avec son attitude.
— Ce n’est jamais ce que je crois ? le coupa Pierre Le Bihan. Quand tu nous as abandonnés, ce n’était pas ce que nous croyions, je suppose ! Et quand Maman est morte et que tu n’es même pas venu à l’enterrement, ce n’était pas non plus ce que je croyais ! Et quand il a fallu traverser cette saloperie de guerre et que tu m’as laissé croire que tu étais mort, que devais-je croire ?
— Écoute, je reconnais mes erreurs. Et je ne te demande pas de m’excuser. Mais il faut que tu saches des choses.
Furieux, Pierre Le Bihan frappa des deux mains un grand coup sur le volant.
— Je ne veux rien savoir ! cria-t-il. Tu nous abandonnes, tu fais le mort et je te retrouve dans un trou perdu, au fond d’une grotte. Tu ne manques pas de culot ! Pour moi, tu es mort. Tu as compris ? Crevé ! Disparu ! Mais je veux savoir ce qu’un type comme toi trafiquait dans cette fichue grotte ! Et pourquoi tu as voulu me voler la colombe !
— Pierre, j’aimais beaucoup ta mère. Mon père était un petit pêcheur breton. Nous vivions à Brignogan et quand il était en mer, ma mère ne réussissait pas à nous donner tous les jours à manger. Malgré tout, mes parents se sont saignés pour que je puisse suivre mes études de droit. Ils savaient que leur vie était toute tracée, mais ils voulaient que, moi, je m’en sorte. Tu comprends, ils refusaient l’idée que je sois pauvre !
— Tu veux me faire pleurer ? lâcha Pierre avec mépris.
— La vie m’a donné la chance de rencontrer Clémence qui était en vacances avec ses parents en Bretagne. Grâce à elle, mon existence a changé. Nous nous sommes trouvés et son père qui était avocat m’a engagé dans son étude. Et j’ai commencé ma nouvelle vie à Rouen. Tu sais, ce fut un très beau mariage !
— Tu ne t’es pas beaucoup soucié d’elle... Ni de son chagrin.
— Je comprends ta colère, mais comment voulais-tu que je m’en sorte ? Dans cette ville, tout le monde me faisait sentir que je n’étais que le
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