Cathares
problème. Je me suis blessé alors que nous faisions une promenade en forêt ! Et comme je refuse d’aller à l’hôpital, mon fils s’est énervé. Mais je vais être raisonnable et je vais lui obéir.
Le gendarme fit une moue dubitative. Il jeta un regard suspicieux à Pierre, puis il lui rendit ses papiers.
— C’est bon pour cette fois, maugréa le gendarme, mais que le jeune homme retrouve son calme ou il viendra faire un tour à la gendarmerie.
— Oui, Monsieur, répondit humblement Pierre Le Bihan. Merci
— Et bonne journée ! lança Maurice d’une voix enjouée.
Le Bihan mit le moteur de la voiture en route et ils reprirent la route. À mesure que la silhouette du gendarme s’éloignait dans le rétroviseur, Pierre Le Bihan sentait que son rythme cardiaque reprenait une cadence plus proche de la normale.
— Je suppose que tu attends des remerciements ? lâcha-t-il encore énervé. N’y compte pas. Je te repose ma question : que faisais-tu dans cette grotte ?
— J’effectuais des recherches pour le compte de collectionneurs d’art médiéval et on m’a d’ailleurs prévenu qu’un jeune homme faisait des fouilles dans la région.
— Des fouilles ? s’exclama Pierre.
— Oui. Et je t’assure que j’ignorais qu’il s’agissait de toi ! Quand tu es entré dans la grotte, je cherchais déjà de mon côté. Je ne savais pas que c’était toi ! Enfin... je ne t’ai pas reconnu tout de suite et quand ce fut le cas, j’ai essayé de fuir.
— En me volant la colombe !
— Je connais des gens qui sont prêts à payer cher pour ce genre d’objet.
La voiture roulait à belle allure sur la route départementale. En ce début d’après-midi, le soleil baignait les versants de la vallée.
— Tu trafiques des oeuvres d’art ? demanda Pierre.
— Trafiquer ? répondit Maurice. Je préfère dire que je propose des pièces intéressantes aux collectionneurs. Tu sais, il faut bien vivre.
— Oui. Je suppose que tu n’as pas mis beaucoup de temps à dépenser l’argent que tu as fauché à grand-père. Tu habites où ?
— Pour le moment, je loge à Mirepoix. Si tu as faim, je peux te préparer un petit aligot dont tu me diras des nouvelles.
Pierre Le Bihan réfléchit.
— Je me rends compte que je ne sais même pas si tu cuisines bien.
— Tu acceptes ?
— Disons que je ne refuse pas parce que tu as encore beaucoup de choses à me raconter.
Pierre appuya un peu sur l’accélérateur. Il essayait de réaliser qu’il se préparait à vivre un événement encore inimaginable quelques heures auparavant. Il allait manger avec son père !
32
Les six hommes pénétrèrent dans la cour de la forteresse. Celle-ci était vide, comme souvent à cette heure, mais ils prirent néanmoins la précaution de jeter un coup d’oeil aux alentours pour s’assurer qu’ils étaient bien seuls. Le plus grand des hommes posa un grand sac sur le sol avec un soupir de soulagement.
— Bon Homme ! lui intima son compère qui ouvrait la marche. Je ne t’ai pas autorisé à le déposer à terre. Depuis quand agis-tu sans attendre mes ordres ?
— Pardonne-moi, répondit l’homme en reprenant le sac sur son épaule. Il était très lourd et comme nous sommes parvenus au sommet, je me suis dit que...
— Contente-toi d’agir, coupa l’autre. À moi de réfléchir. Tu sais parfaitement que nous ne devons laisser aucune trace suspecte sur le sol. Va le poser sur le muret de pierres, là-bas. Ensuite, nous commencerons le travail.
Un autre homme, doté d’une silhouette plus replète, se mêla à la conversation. De toute évidence, il cherchait ses mots pour ne pas indisposer le chef de la bande.
— Parfait. Vous pensez que nous devrons continuer longtemps à agir seuls ? Pourquoi ne faisons-nous plus appel aux frères ?
— Nous ne pouvons pas leur faire confiance pour le moment, lui répondit-il avec agacement. Nous venons de faire face à une défection. Un tel accident doit nous inspirer d’agir avec davantage de prudence à l’avenir.
— Mais ils ne peuvent pas nous trahir, poursuivit le Bon Homme. Il en va de leur propre intérêt.
— En théorie, répondit son compère, tu as raison. Mais les hommes agissent souvent sans réfléchir. Plus que jamais, il nous revient de faire peser le poids des menaces pour être sûrs de notre pouvoir.
— Et les fuites ?
— Tant que nous les maîtrisons, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.
Weitere Kostenlose Bücher