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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l'aise dans ce costume étranger. Il la défendait mal, peut-être parce qu'elle savait mal s'en servir, contre le temps et contre les hommes. Elle arracha son bonnet à plumes, secoua ses boucles dorées.
    — Laissez-nous entrer. Dès que nous serons dans une chambre close, nous reprendrons le costume qui nous convient ! Je suis la comtesse de Montsalvy qui demande asile pour la nuit !
    Les plis s'effacèrent du front du religieux. Il s'inclina même avec une certaine déférence.
    — Je vais vous conduire. Soyez la bienvenue, ma fille !
    Il les mena dans une des pièces réservées aux hôtes de marque.
    Quatre murs, un grand châlit avec un matelas fort mince, quelques mauvaises couvertures, un tabouret, une lampe à huile en formaient tout l'ameublement, mais, au mur, un grand crucifix de pierre sculpté avec un art naïf se dressait et, dans la cheminée, une brassée de bois attendait la flamme. Du moins les deux femmes seraient-elles seules !
    À peine entrée, Sara alluma le feu tandis que Catherine rejetait, avec une hâte suspecte, les vêtements prêtés par Kennedy.
    — Tu es bien pressée ? remarqua Sara. Tu aurais pu attendre que la chambre soit chaude.
    — Non. J'ai hâte de redevenir moi-même. Nul ne songera plus à me manquer de respect quand j'aurai repris mon aspect habituel. Et ces vêtements bizarres me déplaisent.

    — Hum ! fit Sara sans s'émouvoir. J'ai idée que tu as plus besoin de te rassurer que d'impressionner les autres ! Remarque bien que j'applaudis à cette décision. Si tu n'aimes pas ce costume, moi, je l'ai en horreur. Dans ma vieille robe au moins, je n'ai pas l'impression d'être grotesque.
    Et, joignant le geste à la parole, Sara se mit, elle aussi, à se déshabiller.
    Au lever du jour, Catherine entendit la messe dans la basilique glaciale en compagnie de Sara, s'agenouilla devant le plus vieux des moines hôteliers pour recevoir sa bénédiction, puis s'en alla rejoindre ses compagnons. Mais, en voyant paraître sous le porche de la basilique, dans les rouges rayons du soleil levant, la dame noire de Carlat, Mac Laren eut un haut-le-corps. Un pli de contrariété se creusa entre ses sourcils, tandis qu'au contraire une sombre joie brillait dans les yeux de Gauthier. Depuis deux jours, le Normand n'avait pas desserré les dents. Il chevauchait à l'écart, en arrière de toute la troupe, front têtu et visage fermé malgré les efforts de Catherine pour l'appeler auprès d'elle. La jeune femme avait d'ailleurs fini par renoncer. La haine qui fermentait entre l'homme des forêts et l'homme des Hautes Terres était presque palpable.
    Mais, avant que le lieutenant n'eût réagi, Gauthier avait couru jusqu'auprès de Catherine.
    — Je suis heureux de vous revoir, Dame Catherine, dit-il comme s'il l'avait quittée depuis beaucoup plus longtemps qu'une nuit.
    Puis, avec l'orgueil d'un roi, il lui avait offert son énorme poing fermé pour qu'elle y posât sa main. Côte à côte, ils étaient revenus vers le détachement. Mac Laren les regardait venir, les poings aux hanches, un pli de mauvais augure au coin des lèvres. Quand elle fut près de lui, il détailla Catherine de la tête aux pieds.
    — Vous pensez chevaucher dans cet équipage ?
    — Et pourquoi pas ? Les femmes ont-elles coutume de voyager autrement ? J'avais demandé un costume d'homme parce que cela me semblait plus pratique, mais j'ai compris que c'était une erreur.

    — L'erreur, c'est ce voile noir ! un aussi ravissant visage ne se cache pas !
    D'un doigt nonchalant il soulevait déjà le frêle rempart de mousseline, mais la main de Gauthier s'abattit sur son poignet, s'y referma.
    — Lâchez cela, messire, fit le Normand paisiblement, si vous ne voulez pas que je vous casse le bras !
    Mac Laren ne lâcha pas et se mit à rire.
    — Tu commences à tenir trop de place, maraud ! Holà ! vous autres... Mais avant que les hommes d'armes se fussent élancés sur Gauthier, Frère Étienne, qui sortait de la maison-Dieu, se jeta entre Mac Laren et le Normand. L'une de ses mains se posa sur le poignet de Gauthier, l'autre sur la main de l'Écossais, celle qui tenait le voile.
    — Lâchez tous deux ! Au nom du Seigneur... et au nom du Roi !
    Si grande était l'autorité qui vibrait soudain dans la voix calme du moine que les deux hommes, subjugués, lui obéirent machinalement.
    — Merci, Frère Étienne, dit Catherine avec un soupir de soulagement. Partons maintenant car nous n'avons que trop perdu de

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