Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
dame de Montsalvy n'était qu'une femme comme les autres, une femme accessible, après tout !
    Et Catherine ne parvenait pas à démêler si l'impression ressentie était agréable ou non.
    Quand on fit halte, le soir venu, dans la grange d'un paysan terrifié qui n'osa pas refuser le pain noir et la tome de chèvre, la jeune femme retrouva cette même sensation. Sara l'avait installée le plus à l'écart possible des hommes, mais, pour qu'elle pût profiter du feu allumé entre trois pierres, cet écart n'était pas bien grand. Catherine était transie, morte de fatigue, et sa blessure, échauffée par la course, la faisait souffrir. Le sang battait lourdement dans son bras et à ses tempes, mais elle allait tout de même essayer de dormir quand Mac Laren s'approcha d'elle.

    — Vous êtes malade, dit-il en dardant sur elle son clair et insoutenable regard. Il faut soigner cette blessure, autrement qu'on ne l'a fait. Montrez-moi cela !
    — J'ai fait tout ce qu'il y avait à faire, se rebiffa Sara. Il n'y a rien d'autre à tenter que d'attendre la guérison.
    — On voit bien que vous n'avez jamais soigné des blessures faites par la griffe d'un ours, fit l'Ecossais avec son bref sourire à lèvres closes. J'ai dit, montrez- moi ça !
    — Laissez-la tranquille ! fit, derrière lui, la voix sombre de Gauthier. Vous ne toucherez pas à dame Catherine contre son gré.
    Entre le feu et Mac Laren, le Normand dressait sa lourde silhouette et Catherine pensa qu'il ressemblait à l'un de ces ours dont le lieutenant venait de parler. Son visage était menaçant et sa large main s'appuyait à la hache passée à sa ceinture. Catherine prit peur en comprenant que les deux hommes étaient prêts à s'empoigner. En effet, Ian Mac Laren répondait, méprisant :
    — Tu commences à m'échauffer les oreilles, l'ami ! Es-tu F écuyer de Dame Catherine ou bien sa nourrice ? Reste à ta place... Je ne veux que la soigner. A moins que tu ne préfères que son épaule pourrisse tranquillement ?
    — J'ai très mal, Gauthier, dit Catherine doucement. S'il peut quelque chose pour me soulager, je crois que je lui en serais reconnaissante. Aide-moi, Sara...
    Gauthier ne répondit rien. Il tourna les talons, et, le dos rond, alla s'asseoir dans le coin le plus éloigné. Son visage avait la rigidité de la pierre. Cependant, aidée par Sara, Catherine s'était levée, déroulait l'immense pièce de laine dont elle était à la fois vêtue et drapée.
    — Retournez-vous, vous autres ! ordonna Sara aux quelques soldats qui ne dormaient pas encore.
    Elle défit le justaucorps de flanelle, la cotte de mailles, puis, quand Catherine n'eut plus que les chausses collantes et la rude chemise safran, elle la fit rasseoir, ouvrit elle-même le col pour dégager l'épaule blessée.

    Un genou en terre, Mac Laren attendait, mais son regard ne quittait pas Catherine qui se sentait rougir. Les yeux étranges avaient suivi insolemment la ligne de ses longues jambes, la courbe de ses hanches, remontaient vers sa gorge dont les formes, malgré la bande de toile qui les serrait, se dessinaient sous le grossier tissu. Mais elle ne dit rien, le laissa ôter le pansement tandis que Sara approchait un brandon enflammé pris au brasier. Mac Laren fit entendre un petit sifflement, fronça les sourcils ; la blessure n'était pas belle. La plaie se boursouflait et prenait des teintes livides de mauvais augure.
    — L'infection n'est pas loin, grommela-t-il, mais je vais arranger ça. Je vous préviens, vous allez avoir mal un instant. Espérons que vous serez courageuse.
    Il s'éloigna, revint avec une gourde en peau de chèvre et un petit sac dont il tira de la charpie. S'agenouillant de nouveau, il prit sa dague et, rapide comme l'éclair, rouvrit la plaie, si vite que Catherine n'eut pas même le temps de crier. Un mince filet de sang coula. Puis l'Écossais humecta un tampon avec le liquide de la gourde. Après quoi, sans douceur, il se mit à nettoyer la blessure.
    — Je vous préviens, dit-il avant de commencer, ça brûle !
    Cela brûlait, en effet, comme l'enfer. Malgré ce qu'il avait dit, Catherine serra les dents de toutes ses forces. Elle retint le cri de douleur qui lui montait aux lèvres, si violemment que les larmes jaillirent de ses yeux, mais elle ne dit rien. L'une de ses larmes tomba sur la main de Mac Laren. Il releva les yeux, regarda Catherine avec une douceur inattendue, sourit.
    — Vous êtes courageuse, je l'avais deviné. C'est fini

Weitere Kostenlose Bücher