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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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apporte pas les épaves qu'ils souhaitent, ils allument des feux sur le rivage pour attirer les navires sur les brisants. C'est assez dire que nous n'avons pas trouvé, auprès d'eux, de compréhension pour nos cargaisons. Ces pillards ont bien su récupérer tous nos bagages, mais ont refusé énergiquement de nous les rendre. Insister eût été dangereux : ils nous auraient tués sans pitié. Nous les avons donc laissés faire moyennant quoi ils se sont montrés aimables et même hospitaliers. On nous a reconduits fort poliment au port d'Ajaccio, où nous avons trouvé un navire qui a bien voulu, sur promesse de payer à l'arrivée, nous ramener à Marseille. Je suis rentré à Bourges complètement ruiné et pauvre comme Job, conclut Jacques Cœur en riant.
    Complètement ruiné ? s'étonna Catherine qui avait suivi avec une attention passionnée le récit de son ami. Mais vous semblez prendre cela avec bonne humeur ?
    — À quoi servirait de se lamenter ? Déjà, une fois, j'ai été ruiné au moment de cette désagréable affaire de fabriqué de monnaies que j'avais entreprise pour le Roi avec Ravand le Danois. J'ai recommencé alors comme je recommence aujourd'hui. Je viens de Limoges, où j'ai traité pour des émaux et je pense trouver, ici même, une ou deux de ces tapisseries dont on dit que les Sarrasins, jadis, ont apporté le secret dans cette ville. J'ai pu me faire prêter quelque, argent par mon beau-père, trop peu malheureusement, mais qui me permettra tout de même de réunir une petite cargaison pour un prochain voyage.
    — Vous allez repartir ?
    — Naturellement. Vous n'imaginez pas, Catherine, les possibilités que l'on trouve en Orient ? Prenez le sultan du Caire. Il possède de l'or, de l'or en fabuleuse quantité, mais il n'a pas d'argent ou très peu.
    Je connais, moi, d'anciennes mines jadis exploitées par les Romains et abandonnées depuis. Abandonnées, mais pas taries. Que je puisse extraire l'argent, le transporter au Caire, et cet argent me permettra d'acheter de l'or, infiniment moins cher qu'en Europe, et de réaliser de fantastiques bénéfices. Ah, si j'avais, dès maintenant, de puissants capitaux !
    Tandis que Jacques Cœur parlait, l'imagination de Catherine trottait. Cet homme, dont elle connaissait l'intelligence aiguë, le courage et l'audace, était capable de remuer le monde pour lui arracher la fortune. Quant aux idées, Jacques en débordait. Elle n'hésita même pas.
    — Ces capitaux, mon ami, je crois pouvoir vous les apporter.
    — Vous ?
    L'étonnement sincère du pelletier était flagrant. Durant le long séjour à Carlat, Catherine avait appris à Macée, par une lettre, le désastre de Montsalvy et, comme tout le monde dans l'entourage royal, il savait qu'Arnaud et les siens étaient frappés de proscription, recherchés.
    L'équipage de Catherine ne proclamait guère, lui non plus, la richesse.
    La jeune femme sourit gentiment, fouilla dans son aumônière.
    — Rien que dans cette pierre, je pense qu'il y a le chargement d'une galée tout entière.
    Trois cris de stupeur éclatèrent simultanément autour d'elle. Sur sa main, le diamant de Garin étincelait comme un petit soleil noir.
    D'émotion, maître Amable, les yeux ronds comme des billes, en avait laissé choir une écuelle tandis que sa servante joignait les mains instinctivement. Les yeux soudain rétrécis de Jacques allèrent du merveilleux joyau au visage impassible de Catherine.
    — Voilà donc, dit-il lentement, le fameux diamant du Grand Argentier de Bourgogne ! Quelle splendeur ! Jamais je n'ai vu pierre comparable à celle-là.
    Il tendit la main, prit délicatement, entre deux doigts, la fabuleuse pierre et en fit jouer les feux dans la lumière. Un ruissellement de flammes s'alluma au bout de ses doigts. Un peu de rouge monta aux joues de Catherine.
    — Prenez-le, Jacques, vendez-le et tirez-en tout ce que vous pourrez !

    — Vous ne souhaitez pas garder une telle merveille ? Savez-vous qu'il y a dans cette petite pierre la rançon d'un roi ?
    — Je le sais. Mais je sais aussi que c'est une pierre maudite. Elle sème le malheur partout où elle passe et ceux qui la possèdent ne trouvent jamais le repos. Il faut la vendre, Jacques... peut-être alors le malheur m'oubliera-t-il, ajouta-t-elle sourdement.
    La fêlure de sa voix n'échappa pas au pelletier. Sa main libre se posa doucement sur celles, tremblantes, de la jeune femme.
    Je ne crois pas à ces contes, Catherine. La beauté ne

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