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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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aimé, vous l'auriez emmené en quelque domaine écarté, vous l'auriez soigné, vous seriez morte de son mal...
    — Encore que je ne vous reconnaisse pas le droit de juger ma conduite, Dieu m'est témoin que, libre d'agir à ma guise, je n'aurais rien souhaité de plus doux ! Mais j'avais un fils ! Et son père exigeait que je veille sur lui !
    — Peut-être. Mais, dans ce cas, vous n'aviez que faire de courir à la cour ! Est-ce aussi pour obéir à votre époux que vous vous êtes consolée dans les bras du seigneur de Brézé, que vous l'avez envoyé briser le cœur de dame Isabelle... et celui de messire Arnaud, et qu'enfin vous l'avez épousé ?
    C'est faux ! Je suis toujours la dame de Montsalvy et défends à quiconque d'en douter ! Messire de Brézé a pris ses désirs pour des réalités. Avez-vous autre chose à me reprocher ?
    Sans que les deux adversaires y prissent garde, le ton de leurs-voix montait, prenait le rythme violent et l'éclat de la dispute. Le Prieur, voyant toutes les têtes tournées vers Catherine, voulut intervenir :
    — Ma fille ! Peut-être préféreriez-vous vider ce débat dans le calme ! Je vais vous faire conduire dans la salle capitulaire, vous et cet homme...
    Mais elle refusa d'un geste plein de fierté.
    — Inutile, mon père ! Ce que j'ai à dire, le monde entier peut l'entendre car je n'ai rien à me reprocher ! Alors, Fortunat, reprit-elle, j'attends ! Qu'avez-vous encore à dire ?
    Sourdement, mais avec une intraduisible expression de haine concentrée, F écuyer d'Arnaud lança :
    — Tout ce qu'il a enduré à cause de vous ! Savez- vous seulement ce qu'a été son calvaire, depuis le jour où vous l'avez rejeté ? Ces jours sans espoir, ces nuits sans sommeil, avec l'abominable pensée qu'il était un mort vivant ! Moi, je le sais, parce que je l'aimais ! Toutes les semaines, j'allais le retrouver. Il était mon maître, le meilleur, le plus vaillant et le plus loyal des chevaliers !
    — Qui dit le contraire ? Pensez-vous m'apprendre les vertus de l'homme que j'aime ?
    — Que vous aimez ? ricana Fortunat. À d'autres ! Moi, je l'ai aimé, avec dévotion, avec respect, avec tout ce qu'il y a de meilleur en moi !
    — Je ne l'aime pas ? Pourquoi suis-je ici, alors ? N'avez-vous pas compris que je le cherche ?
    — Vous le cherchez ?
    Brusquement, Fortunat s'interrompit. Il dévisagea Catherine avec une joie maligne et, soudain, il éclata de rire, un rire insultant, féroce, qui donna à la jeune femme, plus que les injures, la pleine mesure de la haine que lui portait le Gascon !
    — Eh bien, cherchez, belle dame ! Il est perdu pour vous... perdu à tout jamais ! Vous entendez ! PERDU !...
    Il avait crié le mot, comme s'il craignait que Catherine n'en eût pas senti toute la désespérante portée. Mais c'était inutile, Catherine avait compris. Elle avait même chancelé sous la brutalité du coup, trouvant cependant assez de force pour repousser la main de Jean qui se tendait pour la soutenir.
    — II... est mort ! fit-elle d'une voix blanche.
    Mais, de nouveau, Fortunat éclata de rire.
    — Mort ? Jamais de la vie ! Mais heureux, débarrassé de vous, guéri...
    — GUÉRI ? Mon Dieu ! Saint Jacques a fait un miracle !
    À son tour, elle avait crié le mot, mais avec une ferveur éblouie que le Gascon se hâta de détruire. Il haussa les épaules irrévérencieusement, ce qui fit froncer les sourcils du Prieur.
    — Il n'y a pas eu de miracle et, si je révère Monseigneur saint Jacques, je dois reconnaître qu'il n'a pas exaucé les prières de messire Arnaud. Pourquoi l'aurait-il fait, d'ailleurs ? Messire Arnaud n'était pas lépreux !
    — Pas... lépreux ? balbutia Catherine. Mais...
    — Mais vous vous êtes trompée, comme tout le monde d'ailleurs...
    Cela, personne ne peut vous le reprocher. Quand nous avons quitté Compostelle, messire Arnaud se croyait encore lépreux. Il était affreusement déçu... désespéré... Il voulait mourir, mais il ne voulait pas mourir pour rien. « Les Maures tiennent toujours le royaume de Grenade et les chevaliers de Castille sont en lutte perpétuelle avec eux
    », m'a-t-il dit. « C'est là que je vais aller ! Dieu, qui m'a refusé la guérison, m'accordera bien de mourir en combattant l'Infidèle ! »
    Alors, nous sommes partis vers le sud. Nous avons franchi des montagnes, des terres arides, désertes... et nous sommes arrivés dans une ville qui s'appelle Tolède... C'est là que tout a changé !...
    Il prit un

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