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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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enfant. N'allez pas chercher plus loin." »
    C'est une explication plaisante, à la limite de l'irrespect, comme souvent chez Pompidou dans l'intimité. Il y aurait une thèse amusante à faire sur « les réminiscences de Charles de Gaulle ». Par exemple, l'expression « Je me suis toujours fait une certaine idée de la France » lui a été soufflée par Barrès, qui l'emploie dans ses Cahiers en 1921. La formule « Qui a jamais cru que le général de Gaulle devrait se contenter d'inaugurer les chrysanthèmes ? »lui a été inspirée par un article de 1901 annonçant que le Président Loubet allait « inaugurer les chrysanthèmes » 2 . Charles avait alors onze ans. On voit bien le professeur Henri de Gaulle, ouvrant son Figaro avant le déjeuner familial, et s'écriant devant ses enfants : « Est-ce que la France a besoin d'un Président de la République qui inaugure les chrysanthèmes ? »... Nos réminiscences nous révèlent peut-être plus que nos inventions.
    Pompidou conclut : « C'est naturel que cette formule De l'Atlantique à l'Oural irrite les Américains. Elle nie la coupure de l'Europe en deux. Elle nie Yalta, dont de Gaulle rend Roosevelt responsable. Elle nie l'existence de l'Union soviétique, comme si les réalités ethniques étaient les seules qui durent, les constructions politiques étant éphémères. Tout ce qu'un Américain ne peut admettre. »

    « Kennedy va se présenter devant le Mur en faisant apparaître qu'il ne peut le briser »
    Au Conseil du mardi 25 juin 1963 , Couve commente la visite de Kennedy en République fédérale : « On veut établir une comparaison entre ce voyage et le vôtre de septembre dernier. Mais les États-Unis et l'Allemagne ne sont pas, comme la France et l'Allemagne, deux voisins devenus ennemis irréductibles depuis des générations. La réconciliation franco-allemande est une véritable mutation. La visite de Kennedy n'a pas la même signification historique. »
    Le Général s'attarde sur l'étape que Kennedy fait demain à Berlin 3 :
    « Il va se présenter devant le Mur, en faisant apparaître, par son silence, qu'il ne peut le briser. Il reconnaîtra solennellement le fait accompli de la construction du Mur. Ça peut avoir des inconvénients.
    « L'Allemagne risque de se rendre compte qu'elle n'a rien à attendre de ce côté-là. C'est une révolution dans l'attitude américaine, par rapport à celle de Dulles 4 , pour qui la division était temporaire. Aujourd'hui, il est établi sur le terrain qu'elle est durable et qu'on n'y peut rien.
    « Il importe que les Allemands reconnaissent que leur destin, c'est l'Europe, et que l'Europe, c'est par excellence l'union avec la France. »

    26 juin 1963. « Ich bin ein Berliner 5 », a lancé Kennedy devant la foule.

    « Kennedy ne manque pas de panache »
    Salon doré, 3 juillet.
    AP : « Le "Ich bin ein Berliner" de Kennedy a eu du succès. Pourquoi n'êtes-vous pas allé vous-même à Berlin, en septembre dernier ? Vous auriez fait un triomphe.
    GdG. — Mon voyage en Allemagne occidentale était déjà assez dur à faire avaler aux Russes comme ça. Mon but était de mettre un terme définitif à la guerre de soixante-quinze ans qui nous a opposés et qui continuait dans les esprits. Il fallait que tout le monde comprenne que les Allemands et les Français devaient devenir comme des frères. Placer Berlin dans mon itinéraire n'aurait rien ajouté à cet égard. Kennedy, lui, ne pouvait pas se contenter de marcher sur mes traces. Il fallait qu'il fasse autre chose. Il l'a fait avec panache. Je reconnais qu'il n'en manque pas. »
    Après un silence, le Général me gratifie d'une de ces improvisations qu'il médite en se promenant dans les allées de la Boisserie et qu'ensuite il écrit pour les graver dans sa mémoire :
    « L'Alliance atlantique, nous savons, aussi bien que personne, quel prix nous devons y attacher. La France a été envahie par les Allemands en 14, les Américains sont intervenus en 17. En 39, ça a recommencé, les Américains ont attendu que le Japon les attaque en 41, pour commencer à affronter les Allemands en 43 ; sinon, ils n'auraient sûrement pas bougé.
    AP. — En 14 et en 39, ils n'étaient pas chargés de la défense de la France. Aujourd'hui, ils s'en sont chargés en prenant l'initiative de l'Alliance.
    GdG (poursuit son idée). — L'Alliance est nécessaire pour le monde libre. Nous sommes payés pour le savoir. Nous sommes aux côtés de nos alliés, contre toute

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