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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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effet...
    — Un juge est exempté de service dans la Landwehr, autrement la Justice ne pourrait plus fonctionner. En revanche, il représente l’État autrichien : il ne peut pas refuser d’intégrer un régiment de volontaires viennois quand la guerre arrive aux portes de la capitale.
    — Nos juges sont toujours issus de la bonne société, ajouta Luise.
    — Donc ils sont tous promus officiers subalternes, même s’ils ne sont pas militaires de carrière. De plus, juge, c’est un métier prestigieux. Knerkes bénéficiait du crédit nécessaire pour convaincre d’autres officiers de la Landwehr et des volontaires viennois d’organiser l’embuscade dont nous avons été victimes. Tout concorde avec ce que nous savons sur l’assassin ! Hermann Teyhern a détourné de l’argent : il était coupable. Ce juge le savait certainement, mais, contre toute attente, il l’a déclaré innocent. Pour quelle raison ? Peut-être a-t-il agi ainsi pour de l’argent. Puis, lorsque Teyhern s’est retrouvé à travailler sur les registres de l’armée, Knerkes a eu l’idée de les lui faire manipuler. Teyhern ne risquait pas de refuser : il était à la merci de Knerkes. Pour l’instant, je considère ce Knerkes comme le premier suspect. Montrons le portrait à quelqu’un qui le connaît.
    — Mme Blanken l’a rencontré quelquefois, annonça Luise. Elle l’estime beaucoup parce qu’il a la réputation d’être le défenseur des enfants et des adolescents. Lukas, je sais que, le jour où tu as annoncé que quelqu’un s’en était pris à Franz et à toi, Mme Blanken l’a fait avertir. Elle pensait que son aide pourrait être utile...
    Le visage de Margont se durcit.
    — Alors, sans le faire exprès, Mme Blanken a peut-être causé la mort de Franz. Car, si c’est bien Knerkes le coupable, il s’est empressé de rejoindre Franz tandis que Lukas et les secours s’égaraient dans la forêt. Il se peut même que sa position l’ait aidé à saboter l’enquête de la police, en l’aiguillant sur une fausse piste. Allons interroger Mme Blanken.
    Mme Blanken confirma qu’il s’agissait du portrait du juge Knerkes, quoiqu’elle se refusât à croire qu’il pût être coupable. Elle accepta cependant d’indiquer son adresse. Knerkes était veuf et vivait seul dans le village de Radlau, tout près, de l’autre côté du Danube.

 
    CHAPITRE XXXIV
    Knerkes chevauchait seul à travers champs. Il souriait, fou de joie d’être encore en vie.
    La veille, lorsque l’archiduc avait ordonné la retraite, les régiments des soldats de métier avaient constitué de puissantes colonnes de marche soutenues par la cavalerie. En revanche, plusieurs bataillons de la Landwehr et des volontaires avaient fondu, perdant des déserteurs par grappes entières. Knerkes s’était noyé dans la masse des milliers de fuyards.
    Il s’était caché dans un bois, patientant jusqu’à la nuit afin de laisser s’éloigner l’armée autrichienne. Il avait revêtu un habit civil qu’il avait conservé pour l’occasion. Son rang de capitaine l’autorisait à posséder un cheval. Comme il servait dans les volontaires, l’armée ne lui avait cependant pas fourni de monture, étant incapable d’équiper un si grand nombre de combattants. Il utilisait donc sa jument personnelle, si bien que, maintenant, plus rien n’indiquait son statut d’officier autrichien. Désormais, il allait se faire passer pour un civil ayant fui les combats et qui retournait chez lui pour récupérer des affaires.
    À la nuit tombée, il s’était prudemment mis en route. Il avait contourné les Français par le nord-ouest, surveillant l’immense étendue de leurs feux de bivouac. Par à-coups, le vent portait jusqu’à lui les chants des soldats victorieux. Ce large détour lui fit perdre du temps. Au lever du jour, il n’était pas encore arrivé chez lui. Or les poursuites menées par les hussards et les chasseurs à cheval avaient surtout lieu durant la journée. Dès l’aurore, il avait donc été forcé de ralentir sa progression. Il était parvenu pratiquement hors du champ d’action des deux armées. Mais, par prudence, il ne se déplaçait que d’une cachette à une autre. Il se dissimulait dans un bois, étudiait les alentours, repérait un autre bois, une ferme désertée... Dès que le champ était libre, il se précipitait vers ce nouveau point. Il dut attendre un moment, tapi dans un bosquet, tandis que passaient au

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