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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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cela après la bataille ! Je sais, il se peut que cet assassin ait enfermé un adolescent quelque part. Mais c’est seulement une hypothèse.
    — J’y crois, moi, à cette possibilité. Et il n’y a pas que cela. Nous sommes très près de lui, il a assassiné son complice, l’armée autrichienne enquête sur cette affaire de registres falsifiés... Pour lui, c’est la fin : il a tenu longtemps, mais son monde d’hypocrisies et de manipulations commence à se fissurer de toutes parts. Si ce n’est pas nous qui l’identifions, ce sera Relmyer, ou Luise, ou les autorités militaires autrichiennes... Il va s’enfuir, Fernand. Il sait qu’on va le démasquer, ce n’est plus qu’une question de semaines, voire de jours. La bataille le retient ici, car de nombreuses patrouilles pourchassent les déserteurs. Mais, dès qu’il en aura l’occasion, il quittera la région, voire l’Autriche. Il ne nous reste presque plus de temps.
    Margont cessa enfin de faire les cent pas, il venait de prendre une décision.
    — Je vais aller voir Luise. Elle seule peut dresser la biographie de Teyhern.
    — Vous plaisantez ? Et les ordres ? Nous ne devons pas quitter le régiment. La gendarmerie impériale ne badine pas avec cela quand une bataille est imminente.
    — Jean-Quenin va me griffonner un papier. Il prétendra que je suis atteint du typhus et on me fuira avec épouvante. Je pars tout de suite. Je serai de retour avant la nuit.
    Margont était trop têtu pour que quiconque puisse le faire changer d’avis. Si le chef de bataillon s’étonnait de cette absence, Lefine, Saber et Piquebois raconteraient n’importe quoi. Ils avaient l’habitude.

 
    CHAPITRE XXIX
    Margont se faufila dans la cohue des déplacements, croisant de longs convois d’artillerie qui bloquaient les routes, des régiments retardés, des blessés rétablis qui cherchaient leur bataillon, des estafettes énervées... Dans Vienne, il contourna les avenues, son cheval pataugeant dans la boue des ruelles, tandis que les larges voies pavées résonnaient du passage des sabots d’escadrons.
    Luise, à sa fenêtre, observait ces mouvements de troupes. Elle guettait l’improbable passage de Relmyer ou de Margont et se désolait de la taille de cette armée qui s’apprêtait à déferler sur les siens. Elle fut sidérée en apercevant la silhouette de Margont se détacher derrière la grille du jardin. Elle s’empressa d’aller lui ouvrir, sourde aux protestations de sa mère, et l’entraîna à l’écart, dans une antichambre, tandis que Margont se confondait en excuses.
    — Comment allez-vous ? Votre blessure est-elle guérie ? demanda-t-elle immédiatement.
    — Je vais très bien, je suis rétabli.
    — Et Lukas ? A-t-il enfin trouvé ce Teyhern ? Celui-ci a-t-il avoué ?
    Margont informa Luise de ce qui s’était passé. Le visage de celle-ci s’obscurcit. De vieilles douleurs refaisaient surface, se mêlant à l’inquiétude présente.
    — Cela dure depuis si longtemps et, à chaque fois que l’on croit le tenir, il disparaît à nouveau. Cela ne finira donc jamais ? C’est à croire que nous sommes tourmentés par un fantôme.
    Margont buta sur ce dernier mot.
    — Luise, il faut que vous en appreniez le plus possible sur ce Teyhern. Celui que nous recherchons est l’un de ses proches, quelqu’un qui le connaît extrêmement bien.
    — J’ai déjà commencé, je savais que cela vous serait peut-être utile. Mais ce n’est pas simple... Vienne est sens dessus dessous... Comme nos vies.
    — Le temps presse. Je pense que notre homme s’enfuira dès qu’il en aura l’occasion...
    Margont déposa le portrait du coupable sur une commode.
    — Ce tableau est petit et donc facilement transportable. Montrez-le chaque fois que possible aux gens que vous interrogerez.
    Luise contempla ce visage qu’elle découvrait pour la première fois. Il esquissait un sourire. Elle avait l’impression qu’il les narguait. Lorsque cet homme avait posé pour ce peintre, n’avait-il pas envisagé l’éventualité qu’un jour des gens le recherchant pour ses crimes contempleraient ce portrait ? N’était-ce pas là l’explication de ce sourire ironique et méprisant ?
    Luise détourna la tête et fixa Margont droit dans les yeux.
    — Votre régiment et le 8 e hussards seront-ils tenus en réserve ou placés en tête ?
    — Seul l’Empereur le sait.
    — Lukas et vous, je vous défends de vous faire tuer !

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