Chasse au loup
et de Davout marchaient en tête, appuyés par la cavalerie légère de Montbrun et les dragons de Grouchy. Les Français se positionnaient rapidement sans perdre leur cohésion. Lorsque l’archiduc Charles comprit enfin le plan de Napoléon, il envoya précipitamment quelques troupes pour empêcher les Français de se déplacer à leur guise. Mais celles-ci ne purent perturber la marche des soixante mille hommes d’Oudinot et de Davout. Pendant ce temps, le 4 e corps de Masséna prit à revers les villages d’Essling et d’Aspern.
À dix-huit heures, le succès était complet pour Napoléon. Son armée avait traversé sans encombre le Danube et manoeuvré avec une célérité spectaculaire. Les Autrichiens, pris de vitesse, n’avaient pas pu entraver ce déploiement. La Grande Armée occupait l’immense plaine du Marchfeld, le terrain choisi par l’Empereur. Elle formait un arc de cercle convexe adossé au fleuve. Le centre se situait à une dizaine de kilomètres au nord-est des ponts. La majorité des troupes composait cette portion du front : les corps de Bernadotte, de Macdonald, de Grenier, de Marmont et d’Oudinot. La Garde impériale se tenait en retrait avec la cavalerie lourde de Bessières, soit huit mille cuirassiers et carabiniers. Le flanc gauche, étendu sur dix kilomètres, était relativement faible. Il dépendait uniquement d’une partie des Saxons de Bernadotte et du 4 e corps de Masséna. Dans le dos de ce dernier se trouvaient les villages d’Aspern et d’Essling. L’aile droite était constituée par le 3 e corps de Davout, la cavalerie légère de Montbrun et les dragons de Pully et de Grou-chy. Napoléon s’était donc constitué une forte droite, très mobile du fait de l’abondance de cavalerie, et un centre puissant qu’il voulait utiliser comme un marteau phénoménal pour enfoncer le centre autrichien. Ces concentrations de soldats s’étaient faites au détriment de sa gauche.
Les Autrichiens épousaient la ligne française, présentant un front concave étiré sur vingt kilomètres. Le flanc droit était assuré par le 6 e corps de Klenau et le 3 e corps de Kolowrat. Les troupes d’élite de réserve du prince de Liechtenstein reliaient la droite au centre. Celui-ci était impressionnant. Il dominait le plateau de Wagram, haut d’une quinzaine de mètres et bordé par le Russbach, une rivière encaissée aux abords marécageux. Il y avait là le 1 er corps de Bellegarde, le 2 e corps d’Hohenzollern et la réserve de cavalerie de Nostitz. Enfin, la gauche se composait du 4 e corps de Rosen-berg et de l’avant-garde de Nordmann.
Au soir du 5 juillet, l’archiduc Charles attendait anxieusement l’arrivée de l’archiduc Jean, dont les hommes, supposés jaillir sur la droite française, placeraient Napoléon dans une situation très difficile. Il ignorait que son frère se trouvait encore loin et ne parvenait pas à accélérer la progression de ses troupes.
Napoléon savait que le temps jouait contre lui : il lui fallait agir vite afin de priver Charles de ce renfort. Il n’avilit aucune idée des intentions de son adversaire. Les Autrichiens n’avaient pas réellement tenté de lui tenir tête. L’archiduc Charles prévoyait-il de se replier pour livrer bataille ailleurs ? Jusqu’à présent, tout s’était parfaitement déroulé pour les Français. Napoléon décida donc de forcer sa chance, contrairement à son plan initial, qui prévoyait de ne déclencher la bataille principale que le lendemain. L’Empereur donna l’ordre aux Saxons de Bernadotte de prendre le village de Deutsch Wagram, à droite du centre autrichien. Oudinot, le prince Eugène – dont l’armée comprenait les corps de Macdonald et de Grenier – et Davout reçurent pour mission d’attaquer le centre ennemi. Napoléon déclara à un aide de camp : « Allez donc dire à Oudinot que je n’entends plus rien, qu’il pousse un peu plus en avant et qu’il nous fasse un peu de musique avant la nuit. »
La bataille débuta à dix-neuf heures trente. Oudinot échoua face à la ténacité des Autrichiens. Le prince Eugène faillit réussir, mais l’archiduc Charles vint en personne galvaniser ses hommes et, là aussi, les Français durent se replier. La division française Seras, voyant des Français battre en retraite tout en étant suivis par des soldats vêtus de blanc, tira sur ces derniers. Il s’agissait en fait des Saxons de Dupas qui, pris dans ce feu croisé avec celui
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