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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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de vivre à la dure – j’accomplissais une mission pour Vespasien qui s’était montré aussi radin que d’habitude – et, sur le moment, avoir la compagnie d’une chèvre m’avait paru préférable à ne pas avoir de compagnie du tout.
    J’avais toujours été beaucoup trop sentimental, alors quelquefois, j’entamais des conversations avec des gens qui possédaient des chèvres un peu spéciales, rien que pour leur montrer l’étendue de mes connaissances sur le sujet. Et il est exact que j’avais discuté avec cet homme à Gerasa, et je me rappelais qu’il voulait vendre son animal pour rentrer chez lui planter des haricots. Il m’avait même donné un prix, mais je n’avais pas envisagé un seul instant de rejoindre la guilde des possesseurs de boucs.
    — Écoute, désolé, mais j’aime les animaux qui me regardent droit dans les yeux.
    — Mon bouc peut te regarder droit dans les yeux. Ça dépend simplement de l’endroit où tu te tiens, insista-t-il lourdement.
    — J’ai une petite amie, maintenant, et elle suffit à épuiser toute mon énergie.
    — Lui, il attire les foules.
    Purs mensonges ! Et en dépit de son handicap, ce satané animal parvenait à bouffer l’ourlet de ma tunique.
    — Elle s’appelait comment, la tienne ? demanda le manchot.
    — Quoi ? Oh ! ma chèvre ? Elle n’avait pas de nom. Quand on devient trop familier, ça aboutit à des peines de cœur des deux côtés.
    — Au fond, tu as raison… Lui, c’est Alexandre, poursuivit-il, parce qu’il est grand.
    Faux ! Il était juste terrible.
    — Tu ne dois pas le vendre ! déclarai-je soudain, incapable d’imaginer leur pénible séparation. (J’avais l’impression que ces deux estropiés dépendaient beaucoup plus l’un de l’autre qu’ils pouvaient se l’imaginer.) Si tu veux rentrer chez toi, emmène-le avec toi. Sinon tu vas te faire du souci pour lui en te demandant ce qu’il est devenu.
    — Il va bouffer mes haricots.
    Exact. Il boufferait d’ailleurs n’importe quoi. Il arracherait les plantes et les arbustes par la racine, et plus rien ne repousserait.
    — Tu as l’air sympathique, Falco.
    — Il ne faut jamais se fier aux apparences.
    — Alexandre a parfois des réactions bizarres, mais il sait aussi se montrer affectueux… Mais peut-être as-tu raison : je devrais sans doute le garder. (J’étais presque sauvé.) Je suis content de t’avoir revu, ça m’a éclairci les idées.
    Soulagé, je grattouillai les oreilles du bouc qui, pour me remercier, s’attaqua à ma ceinture.
    Je m’étais déjà éloigné d’eux quand le propriétaire du bouc demanda : — Ce soir-là, à Gerasa, est-ce que ton ami a bien trouvé le chemin des bassins ?

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    — Quel ami ?
    Parlant de Gerasa, je n’avais pas besoin de demander de quels bassins il s’agissait. J’essayais de parler sur un ton léger, alors que j’arrivais à peine à respirer. Je hais les meurtres. Je hais les meurtriers. Je hais avoir à les dénoncer. Et c’est pourtant ce que j’allais devoir faire sous peu.
    — Il appartenait à ta troupe. Je te cherchais pour t’offrir mon bouc, c’est à lui que j’ai demandé où tu te trouvais. Il m’a dit que tu étais parti en ville. Et lui, il m’a demandé comment aller aux bassins de Maiuma.
    — À quoi il ressemblait ?
    — Ça je peux pas me rappeler. Faut dire que je l’ai pas vu longtemps. Il était grimpé sur un chameau et il est parti au triple galop.
    — Mais enfin, il était jeune, vieux, grand, petit ? Regarde autour de toi. Est-ce que tu le vois ?
    Le pauvre homme commençait à s’affoler complètement. Peu habitué à décrire des gens, il faisait un témoin peu convaincant. Et Tranio, assassin potentiel, se tenait à dix pas de nous, prêt à entrer en scène. Je savais que si je faisais des suggestions, il allait acquiescer à tout ce que je lui dirais. J’allais devoir le laisser partir alors qu’il connaissait la réponse.
    Conscient que me montrer patient était mon seul espoir, je ne dis pas un mot. Alexandre mâchait consciencieusement la manche de ma tunique. S’en apercevant, son maître lui flanqua un coup entre les deux oreilles et se souvint simultanément de quelque chose.
    — Il portait un chapeau ! (On arrivait quelque part. Tandis que j’essayais de reprendre ma respiration, il poursuivit :) C’était un truc tricoté, qui flottait.
    Rien à voir avec le chapeau à large bord que Shullay avait envoyé à Musa, mais je connaissais le

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