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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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Assez bien pour accepter de prendre un risque.

68
    Nous fîmes de notre mieux pour fouiller les soldats à la grille d’entrée, et parvînmes à confisquer presque tous leurs flacons de vin et les pierres qu’ils projetaient de nous lancer. Beaucoup prenaient heureusement la précaution de pisser contre le mur extérieur avant d’aller s’installer sur les gradins. La Syrie n’avait jamais été un avant-poste aussi recherché que les forts protégeant les frontières de Bretagne ou de Germanie – là-bas, on avait au moins l’espoir de fracasser quelques crânes étrangers. Les soldats qui commençaient à remplir l’amphithéâtre avaient peu à envier à des bandits de grand chemin. Comme tous les légionnaires postés à l’est, ils saluaient le lever du soleil chaque matin. Ce soir, pour se distraire, ils pouvaient très bien avoir envie de nous tailler en pièces.
    Leur commandant nous avait offert d’autres militaires pour les placer et les surveiller, mais je lui fis remarquer que le résultat serait probablement pire.
    — On ne contrôle pas des légionnaires en utilisant leurs copains.
    Il accepta mon commentaire en inclinant sèchement la tête, mais l’expression de son visage signifiait qu’il était d’accord avec moi. C’était un homme musclé, au visage carré entouré de cheveux raides. Je fus plaisamment surpris de rencontrer un officier qui jugeait utile d’éviter les échauffourées.
    Il s’efforça de prolonger un peu la conversation. Il avait dû deviner que j’avais fait autre chose dans le passé que d’écrire des comédies légères. Je n’en fus pas moins surpris quand il reconnut mon nom.
    — Falco ? Didius Falco ?
    — Vraiment, je ne pensais pas que ma réputation avait franchi toute cette étendue de désert pour me précéder ici !
    — J’ai reçu un message qui demande d’ouvrir l’œil pour toi.
    — Un mandat d’arrêt ? demandai-je avec un rire un peu forcé.
    — Pourquoi dis-tu ça ? (Il paraissait à la fois amusé et sceptique.) Non, le message dit à peu près : « Portez assistance à agent perdu qui peut être en difficulté. »
    Je ne pus dissimuler ma surprise.
    — Je n’ai jamais été perdu. Qui a signé ce message ?
    — Je n’ai pas le droit de le dire.
    — Qui est ton gouverneur en Syrie ?
    — Ulpius Traianus.
    Ce nom ne me disait rien alors, mais ceux d’entre nous qui vivraient assez longtemps pour devenir des vieillards pourraient voir le visage taillé à coups de serpe de son fils sur les pièces romaines.
    — C’est lui qui t’a envoyé ce message ?
    — Non.
    — Si c’est ce connard d’Anacrites du bureau politique…
    — Non plus, me coupa-t-il, visiblement choqué par mon manque de respect.
    Je compris tout de suite ce que cela voulait dire.
    — Alors il ne peut s’agir que de l’empereur.
    Il y a bien longtemps que je me moquais des secrets de polichinelle officiels. Mon indiscrétion fit néanmoins rougir le commandant.
    Le mystère était résolu. Le père d’Helena devait avoir quelque chose à voir là-dedans. Si Camillus était sans nouvelles de sa chère fille depuis quatre mois, il avait forcément cherché à savoir où elle se trouvait. L’empereur, son ami, ne s’inquiétait pas vraiment pour moi… Quoi qu’il en soit, il était vraiment temps que je ramène la fille du sénateur à la maison.
    Le commandant s’éclaircit la gorge.
    — Alors dis-moi, tu es en difficulté ?
    — Non, mais merci de t’inquiéter pour moi. Peut-être que tu pourrais me reposer la question quand on aura joué pour ta clique !
    Il invita Helena à s’asseoir dans sa tribune, ce qui était courtois de sa part. Je donnai mon accord, car il me paraissait bien trop à cheval sur le règlement pour envisager de la peloter pendant la représentation. En outre, dans les circonstances présentes, c’était le seul endroit où une femme pourrait se sentir en sécurité.
    Quant à Helena, elle était furieuse de se sentir tenue à l’écart.
     
    L’amphithéâtre était plein à craquer. Il y avait un bon millier de soldats, des archers qui avaient servi sous Vespasien en Judée, plus de nombreux habitants de Palmyre. Parmi eux, Khaled et son père, également courtaud. Mais ils ne se ressemblaient pas de visage.
    — Khaled doit tenir de sa mère, la pauvre femme, plaisantai-je devant Helena.
    Puis la mère arriva – peut-être l’avaient-ils chargée de garer leur char ? –, et je pus constater que j’avais raison.
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