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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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s’arrête à hauteur de la portière. Un rideau est lentement tiré, le visage du cardinal de Mazarin apparaît.
    D’Artagnan se décoiffe sans descendre de cheval et rend ses hommages au Premier ministre. Celui-ci répond d’un léger hochement de tête et d’un salut de la main, main gantée de rouge.
    — Monseigneur, il faut se hâter.
    — Diable, auriez-vous été suivi ?
    — Non. Mais les autres approchent. J’ai pris les devants au prix de ma bourse – celle dont vous me fîtes cadeau tantôt. Nous avons deux heures, tout au mieux.
    — Bravo, voici de l’argent mis à profit sur le vif.
    Le cardinal dépose une nouvelle bourse aux mains du chevalier :
    — Merci pour le service, et voici pour le serviteur.
    D’Artagnan est satisfait, cette fois le cardinal n’a pas attendu avant de faire un beau geste. Malgré les mauvaises conditions, il semble dans un bon jour.
    Le chevalier passe la bourse sous son pourpoint avant d’en venir aux faits.
    — Pardonnez-moi, mais si je prévins le péril, j’ignore encore ma mission.
    — Vous serez l’escorte personnelle de notre roi. Nous partons.
    On entend des bruits de pas.
    D’Artagnan tourne la tête, tandis que le cardinal poursuit :
    — Voici d’ailleurs votre protégé. Ce soir encore, monsieur d’Artagnan, le sort de la France est entre vos mains.
     
    En effet, venu des escaliers dérobés, rentrant dans la cour, couvert d’un chaud manteau, le jeune Louis XIV gardé de part et d’autre par sa mère et le maréchal de Villeroy, s’approche des carrosses. Derrière lui, madame de Motteville tient dans ses bras le jeune Philippe, frère du roi, encore endormi.
    D’Artagnan met pied à terre, se découvre une seconde fois et salue au plus bas son jeune souverain, puis la reine.
    Mazarin sort de sa voiture, fait sa révérence au roi et l’invite à monter à son bord :
    — Prenez place, Votre Majesté.
    Le roi voit tous ces cavaliers. Il n’y a pas de torches, pas de feux, la nuit est glacée. La menace est dans l’air. Louis XIV est alarmé :
    — Mais enfin, monsieur mon parrain, me direz-vous ce que tout cela signifie ? Nous fuyons ?
    Mazarin prend la main du roi et le fait monter en répondant :
    — Je vous expliquerai en route. Sire, laissez-moi vous présenter le chevalier d’Artagnan, il sera votre ange gardien.
    Tout tremblant de froid et d’appréhension, le jeune monarque est cependant impressionné par l’allure de cet homme de confiance, puis ébloui par cette arme qu’il porte à la ceinture, il ne cache pas son émerveillement :
    — C’est une belle épée que vous avez là, chevalier.
    — Merci, Votre Majesté, dit d’Artagnan qui s’incline, en jetant au passage un regard plein de complicité à monsieur de Mazarin. Monsieur le cardinal m’en fit cadeau à Noël.
    Mazarin ajoute, avant d’ordonner le départ :
    — Roland avait Durandal, Arthur Excalibur , d’Artagnan possède Excellence.
    — Excellence , dit le roi. Seriez-vous un héros de roman, monsieur le chevalier ?
    D’Artagnan remonte en selle et répond avec panache :
    — Bien plus, Sire… Un mousquetaire du roi !
    Ce peu-là vaut beaucoup… toute une armée
    L’escorte marche en tête, les carrosses sont tenus sous bonne garde. Pour plus de précautions, on fait route avec peu de lumière. Si le feu chasse les prédateurs, des flambeaux révélant un convoi en pleine course pourrait au contraire les attirer.
    Près du cardinal de Mazarin, le jeune roi regarde par la fenêtre le Louvre et le Palais-Royal s’effacer. Que se passe-t-il ? Pourquoi cette fuite ?
    Louis XIV se tourne tristement vers monsieur son parrain.
    — Monsieur, expliquez-vous. On me réveille en pleine nuit pour me jeter dans un carrosse, sans me dire où nous allons…
    — Chercher refuge, au château de Saint-Germain, Votre Majesté. Le Palais-Royal n’était plus sûr. Il y avait péril en la demeure.
    — Est-ce pour cela que nous nous cachons tels des brigands ?
    — Croyez-le bien, j’eusse mieux aimé épargner à Votre Majesté les disgrâces d’une telle échappée. Cette dissimulation est notre sauvegarde. Les frondeurs ont gagné en fureur, en audace et en impertinence. Pour les désarçonner avant qu’ils ne nous prennent d’assaut, nous devons changer de position.
    — J’entends beaucoup parler de ces frondeurs, me direz-vous qui les mène ?
    — L’ambition, Votre Majesté, l’ambition ! Je poursuis la politique de mon prédécesseur, monsieur le

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