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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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d’Artagnan en fut le témoin direct, le cardinal évoque l’épisode des galettes. Cette distribution manquée…
    D’Artagnan préfère taire sa rencontre avec Rochefort. Il le recommandera plus tard.
    En revanche, il relate son entrevue avec monseigneur l’évêque, monsieur de Gondi.
    Mazarin s’amuse de la mésaventure sans oublier quel danger représente un tel opposant.
    — Décidément, cet homme est partout. Ah, monsieur d’Artagnan, ce coquin de Gondi peut bien, par le truchement de ses pasquins diffamatoires, m’affubler de tous les sobriquets, me traiter de Landriguet …
    — D’abbé aux cent chapitres .
    — De coupe-choux.
    — De seigneur aux mille titres .
    — Et pour finir de diable rouge ! Belle leçon de la part du démon de l’intrigue en personne ! Souvenez-vous déjà comme il manœuvra cette première cabale, voilà cinq ans, pour s’allier la reine en visant ma tête, mon chapeau et ma place !
     
    À cet instant la reine, ayant couché son fils, s’approche des deux interlocuteurs. Ceux-ci brisent là leur entretien, et s’inclinent d’un même élan devant la régente.
    Mazarin demande :
    — Votre Majesté… Comment se porte le roi ?
    Anne d’Autriche ne cache pas son trouble :
    — Il fait bonne figure, mais en vérité, il est saisi d’effroi. Il croit vivre un cauchemar tout éveillé, d’ailleurs, il ne peut s’endormir.
    Mazarin doit s’expliquer encore. Il le fait d’une voix douce, mais ferme :
    — Il fallut en effet le sortir du sommeil avant que les frondeurs nous l’enlèvent.
    — Vous croyez donc bien que ces messieurs en soient réduits à de telles extrémités ?
    — Fallait-il attendre qu’ils nous le prouvent ?
    — Grands dieux non, et vous savez bien comme j’ai cautionné votre entreprise.
    Puis se tournant vers d’Artagnan, la reine poursuit :
    — … Ce lieu est austère et lugubre, mais ici, ce soir, dans ce dépouillement, le roi et moi-même avons près de nous nos plus fidèles soutiens… Nos meilleurs amis. Nous n’avons pas oublié, monsieur le chevalier, ces services que vous rendîtes hier et vous continuez d’être présent à nos côtés, puisque les temps que nous vivons ne cessent d’être troublés.
    — Mais je me flatte, Votre Altesse, dit d’Artagnan en s’inclinant à nouveau, de rester à jamais votre très humble serviteur. (En s’inclinant ainsi, en prononçant ces mots, il songe effectivement à tous ces services rendus, services pour lesquels il s’attendait à être mieux payé de retour.)
    — Eh bien, monsieur le serviteur, j’ai justement un service à vous demander.
    — Je suis à vos ordres, Majesté.
    — Louis se sent bien seul. Votre présence le rassure et il aime la chaleur de votre voix. On m’a rapporté que vous pouviez être un brillant conteur…
    D’Artagnan se rengorge. Un peu fanfaron, un peu ironique, tellement français, il répond, en retroussant les crocs de sa moustache :
    — Votre Majesté, je suis gascon et l’on dit à raison que tous les Gascons sont un peu bravaches et beaux parleurs.
    Mazarin confirme, en s’adressant à la régente :
    — En vérité, Votre Majesté, il faut écouter les rapports du chevalier, le chroniqueur donne autant de couleur à son récit que le soldat dépense de bravoure au feu des combats.
    La reine précise :
    — Nous sommes venus en grande hâte, sans livre et sans bagage. Mais peut-être pourriez-vous faire parler vos souvenirs, cela divertirait fort le jeune roi…
    D’Artagnan est un peu embarrassé.
    — Eh bien…
    Mazarin l’invite à rejoindre la pièce contiguë où se trouve l’enfant :
    — Allons, d’Artagnan, ne vous faites pas prier… Courez voir le roi puisqu’il le veut.
    Puis, s’approchant du chevalier, il lui glisse à l’oreille, en l’accompagnant :
    — Cependant, vous êtes porteur de lourds secrets, des secrets d’État ; le roi est sans doute un peu jeune pour en être informé, aussi prenez garde de ne rien révéler qui puisse compromettre tout à la fois la France, la reine… la reine…
    D’Artagnan sourit et glisse à l’oreille de son interlocuteur :
    — Ou Votre Éminence… »
    Mazarin acquiesce :
    — Voilà.
    Maudits frondeurs…
    Arrivant dans la chambre, Mazarin abandonne d’Artagnan en disant au roi :
    — Votre Majesté, le chevalier d’Artagnan vous tiendra compagnie autant qu’il vous plaira, puisse notre ami vous aider à oublier l’amertume de cette mauvaise nuit.
    Le roi se redresse

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