Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie
savoir-faire.
L' Eka-Bet-Chalaka ( chiliarque des gardes du Trésor ). Il est sous les ordres du Boudjeround; mais il est nommé par le Dedjazmatch. En marche, sa troupe est chargée de porter tous les objets du Trésor et ceux de la garde-robe. C'est ordinairement dans cette bande que le Dedjazmatch choisit les messagers qu'il expédie à ses vassaux ou aux Polémarques des provinces éloignées. Comme ce service exige de l'intelligence, de la mémoire, de la discrétion et du dévouement, ce corps de gardes du Trésor jouit ordinairement de beaucoup de prérogatives, qui varient du reste selon le degré de faveur de son Chalaka, lequel est le plus souvent chargé de préférence d'exécuter les volontés directes de son Suzerain. Au camp, cette troupe s'établit toujours et sans intermédiaire à la gauche de la tente du Dedjazmatch.
Le Dedjadj Guoscho avait une prédilection marquée pour cette troupe, dont le chiffre variait entre deux et trois mille hommes. L'émulation y était fort grande et l'esprit de corps des plus actifs. Les meilleurs soldats de la province, comme les recrues étrangères, ambitionnaient tous d'y être admis, ce qui en faisait un véritable corps d'élite où le Dedjazmatch choisissait des sujets pour les postes de confiance.
Ce Chalaka a droit à la tente blanche et il est ordinairement investi d'un fief.
Le Sef-Djagri-Chalaka ( chiliarque des porte-glaives ). Les grands feudataires de l'Empire avaient l'usage de faire porter devant eux des épées à deux tranchants, espèce d'estramaçons, larges de deux pouces environ, à poignée cruciale garnie en argent. Ces épées, recouvertes de housses écarlates et traînantes, sont encore portées sur l'épaule devant les Dedjazmatchs et figuraient, à ce que m'a dit un vieux feudiste, le nombre de hauts barons ou possesseurs de grands fiefs qui suivaient sa bannière. Ce Chalaka, qui a droit à une tente blanche, fait partie, avec sa bande, du campement de droite. Il est ordinairement investi d'un fief, et, dans le Damote, cet officier commandait une troupe d'environ 1,400 hommes.
Le Moulla-Bet-Bacha ( bacha de toute la maison ), ou commandant en chef des corps de francs-tireurs ou fusiliers. Cet officier est revêtu à sa nomination d'une cotte d'armes en soie; mais, par suite de l'idée de défaveur attachée au combattant à l'arme à feu, malgré l'importance reconnue de son concours, cette distinction n'entraîne pas pour le Bacha la considération attribuée aux autres dignitaires pareillement revêtus. Il n'est appelé au conseil qu'à la veille d'une bataille; il doit avoir grandi au milieu des francs-tireurs, être populaire parmi eux et habile à conduire ces soldats, dont les habitudes quinteuses rendent le commandement proverbialement malaisé. Il campe sous une tente blanche entre le campement des timbaliers et celui du Biarque. Comme les Chalakas dont il vient d'être parlé, il nomme ses centeniers, mais il doit soumettre à la sanction du Dedjazmatch la nomination qu'il fait des Chalakas commandant sous ses ordres aux trois bandes de francs-tireurs. Ces Chalakas, revêtus souvent de la cotte d'armes, sont:
Le Chalaka des Abate-Neftegna ( chiliarque des fusiliers vétérans ), qui commande à ce corps d'élite de francs-tireurs, parmi lesquels beaucoup sont investis de petits fiefs ou reçoivent une paye élevée.
Le Chalaka des Zébégna-Neftegna (chiliarque des gardes fusiliers), qui commande aux fusiliers chargés de fournir, concurremment avec les gardes du corps, les postes de la garde de nuit des abords de la tente du Dedjazmatch.
Ces deux corps campent autour de la tente du Bacha.
Et enfin le Chalaka des Achkeur-Neftegna ( fusiliers adolescents ), qui commande une troupe composée de jeunes fusiliers, laquelle est adjointe au corps des Eka-Bets, campe avec lui, et au combat garnit son front de bataille.
La plupart des francs-tireurs sont des hommes de pied; leur première ambition est d'obtenir soit une mule pour les porter durant les marches, soit un cheval au moyen duquel ils se mêlent avec moins de danger aux combats de cavalerie. Ils sont ordinairement indociles, grossiers, gourmands et portés à changer de maître; car, quoique peu considérés, ils sont toujours sûrs de trouver partout un enrôlement. Souvent ils désertent à la fin d'une campagne, mais ils ne manquent jamais de laisser la carabine qui leur a été confiée.
Le Meuzeuzo Chalaka ( chiliarque des dégaîneurs ), Chiliarque des
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