Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
Vom Netzwerk:
aussi propre, aussi bien tenu, aussi rangé, avec les papiers et les accessoires d'écriture, que le fut, aux Batignolles, à Médan, rue de Boulogne et rue de Bruxelles, sa table de travail d'auteur devenu riche et célèbre. Cette minutie et ce soin n'étaient pas pour déplaire à MM. Hachette, négociants soigneux et ennemis de tout désordre. Zola, en réalité, a connu la pauvreté, mais n'a jamais mené la vie de Bohème.
    Il ressemblait plus, durant les années de misère, à un étudiant russe, pauvre, révolutionnaire et farouche, qu'à l'un de ces loustics que Gavarni a dessinés, que Murger et les vaudevillistes ont montrés, sur la scène et dans le roman, comme des lurons toujours occupés à faire des farces aux propriétaires, à lutiner Musette et Mimi, à chanter des refrains bachiques et sentimentaux, sans jamais travailler, ce qui ne les empêchait pas, par la suite, de se marier, à de jeunes héritières bourgeoises, d'écrire à la Revue des Deux Mondes et d'entrer à l'Institut.
    Zola, qui ne fut jamais l'étudiant régulier, classé, pourvu d'inscriptions et suivant plus ou moins les cours, est le modèle de l'homme d'études.
    Il réalisa, grâce à son humble emploi, la première partie de ses rêves de travail, d'indépendance et de gloire. Avec ses appointements, sagement économisés, il n'était plus à la charge de sa mère ; il pouvait même lui offrir, de temps en temps, quelques petites douceurs. Ainsi, il donna, en son honneur, une soirée ! Une soirée avec rafraîchissements ! Il y avait du malaga et des biscuits.
    Dans sa chambre d'alors, assez vaste, impasse Saint-Dominique, n° 7, dépendant d'un ancien couvent, il convia quelques amis à une double lecture dramatique. Sa mère, ravie, était parmi les auditeurs. La lecture comprenait un proverbe de l'amphitryon intitulé Perrette, demeuré injoué et inédit, et une tragédie moderne de Pagès du Tarn. Cet auteur, resté obscur et un peu ridiculisé, ce qui ne veut pas dire ridicule, était son voisin. La tragédie de Pagès du Tarn fut annoncée comme une innovation, comme devant révolutionner le théâtre. Elle ne remua rien. C'était une imitation et une modernisation de la Phèdre classique. Comme le fit observer Zola, avec un juste sens critique :
       Les nouveautés de M. Pagès du Tarn se bornent à un changement de costume, l'habit noir au lieu de la toge romaine, à un changement de nom, le nom d'Abel au lieu de celui d'Hippolyte...
    Et il ajoute, car tout le morceau est à citer, comme une excellente distinction entre le véritable neuf et le ressemelage, en art dramatique :
       L'auteur ne s'aperçoit pas d'un écueil ; voulant faire, comme il le dit, la tragédie de l'homme, et non celle des rois et des héros, choisissant un sujet bourgeois, ne doit-il pas craindre de rendre plus ridicule encore l'emphase et la déclamation, dans le cercle restreint d'une famille. Thésée, Hippolyte peuvent invoquer les dieux, ils en descendent. Mais tel ou tel marchand enrichi sera parfaitement ridicule de faire ainsi les grands bras. Est-ce à dire que ces drames, qui s'agitent confusément dans l'ombre d'une maison, que ces passions terribles, qui désolent une famille, ne présentent aucun intérêt, ne soient pas dignes d'être mis sur la scène. Loin de là ; seulement il faut, selon moi, que le style s'accorde avec le genre, et, certes, le vieux style classique, les exclamations, les périphrases sont ce qu'il y a de plus faux au monde dans la bouche d'un petit bourgeois...
    C'est toute la poétique future des Rougon-Macquart, et le commentaire du verbe des gens de l'Assommoir Zola, déjà, portait dans sa tête sa poétique, sa formule.
    Cet emploi chez Hachette, supportable gagne-pain, initiait le jeune provincial, un peu «ours» et dénué de relations, à la vie littéraire de Paris. Zola lui dut de connaître des écrivains renommés, comme About, Taine et Prévost-Paradol, auteurs de la maison.
    Il avait en outre ce charme, pour l'apprenti-écrivain, de lui laisser quelques loisirs. Zola en profita pour accumuler les oeuvres, dont il caressait, en rêve, le papier satiné, la couverture jaune et les beaux caractères. Naturellement, l'imprimerie des Hachette devait fournir la réalité du rêve. Il espérait que ses patrons deviendraient ses éditeurs. Mais on ne vient pas forcer les tiroirs d'un auteur, et lui enlever nuitamment ses manuscrits, pour les publier. Ce cambriolage spécial ne s'est produit

Weitere Kostenlose Bücher