Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
Vom Netzwerk:
instrumentiste de l'appareil des lois. Au fond, sans romantisme, un simple mécanicien, beaucoup moins taché de sang qu'un garçon d'abattoir, ou qu'un infirmier de clinique. Dans de nombreuses pièces de vers, dans sa prose, dans ses discours, et principalement par la publication de son livre pleurnichard et fantaisiste : le Dernier jour d'un condamné, le grand poète humanitaire avait dénoncé le supplice capital à l'indignation populaire, et mis l'exécuteur et sa machine au ban de l'opinion socialiste. Tous les républicains de 48, les Louis Blanc, les Schoelcher, les Edgar Quinet, les Michelet, furent d'éloquents et ardents apôtres de la suppression de cette peine, qui a surtout, qui a seulement contre elle d'être définitive et irréparable. Les générations suivantes laissèrent tomber dans l'oubli ces appels et ces supplications. Il ne fut plus question de congédier le bourreau, pendant les dix-huit années du régime impérial. La répression farouche dont usa la troisième république, après les événements de 1871, eut fait considérer comme une plaisanterie cynique, de la part des ruraux et des républicains qui avaient approuvé Thiers et Mac-Mahon, une abolition de la peine de mort.
    Jusqu'à ces dernières années, la question parut ne passionner personne. Elle était en dehors des desiderata populaires. Aucune profession de foi, fait remarquable, de 1876 à 1906, ne contient une allusion à cet article démodé du programme de 48. Les candidats n'y voyaient aucun avantage électoral.
    Ce n'est qu'au cours de la législature actuelle que l'abolition de la peine de mort fut sérieusement reprise, et, pour ainsi dire, préjugée, par la suppression du crédit alloué pour le salaire de l'exécuteur et pour l'entretien de sa mécanique.
    Zola, avec une exaltation toute romantique, traitait la peine de mort comme un blasphème et un sacrilège. Dieu, selon lui, avait seul le droit de punir éternellement, parce que seul il ne pouvait se tromper. Après cette affirmation d'un Joseph de Maistre à rebours, il ne manquait pas de reproduire l'éternel argument, le seul sérieux contre une peine irrévocable, c'est que la justice est faillible. L'affaire Dreyfus, envisagée à son point de vue, n'a pu que le confirmer dans cette opinion de jeunesse. Mais alors, comme en sa vingtième année, au lendemain de la lecture impressionnante du Dernier jour d'un condamné, livre déclamatoire et faux, où les sensations d'un homme à qui on va couper le cou sont supposées et non observées, il eût accepté, sans la vérifier, sans la démontrer, l'affirmation intéressée et suspecte de tous les abolitionnistes, que «la menace de mort n'arrête pas les assassins». La certitude de tuer sous le bouclier de la loi, et de prendre la vie des autres, sans risquer la leur, les arrêterait-elle davantage ?
    Ayant ainsi fait le tour des idées de Zola, débutant, rêveur, étudiant laborieux et rangé, aimant à fumer des pipes, l'hiver, les pieds sur les chenêts, quand il lui était possible d'allumer du feu, se réjouissant à courir les vertes banlieues, quand les fleurs printanières montraient leurs collerettes blanches, poète dont les ailes ne poussaient pas, littérateur dont la force de volonté et l'assiduité au travail allaient enfanter bientôt le génie, nous pourrons examiner, avec plus de certitude, les faits de son existence, assez longtemps obscure, d'employé mécontent, de conteur bénin, de critique bien vite agressif et de romancier d'abord incolore, confus, médiocre, jusqu'à ce bond énergique qui nous le montre, après Thérèse Raquin, déjà maître de sa pensée, possesseur de sa forme, et prêt à tracer, d'une main sûre, la généalogie des Rougon-Macquart, c'est-à-dire le plan de son grand édifice littéraire, le plan aussi de toute sa vie.
    Dans ses divers logements, toujours sur la rive gauche, où il vivait en garçon, Zola avait eu surtout pour compagne fidèle : la misère. Il la supportait avec résignation et bonne humeur. Il avait pour soutien la confiance en soi.
    Nullement geignard, il n'a jamais essayé d'apitoyer et de se donner la gloriole du parvenu, en retraçant, et l'on sait avec quelle vigueur il aurait pu le faire, le tableau pittoresque et attendrissant de sa débine juvénile. Une seule fois, il fit allusion à ces heures miséreuses. Ce fut à propos des descriptions accumulées de Paris, vu panoramiquement des hauteurs de Passy, et de ses ciels

Weitere Kostenlose Bücher