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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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Meurice et à Vacquerie comme un critique hardi, mordant, ayant déjà fait ses preuves à l'Événement et au Figaro. C'était Émile Zola. On le complimenta de son recueil d'articles sur le Salon (Mes Haines), et il fut agréé comme collaborateur du Rappel. Le compte rendu des Livres lui fut confié.
    Il ne devait pas conserver longtemps cette fonction. Le Rappel était un de ces cénacles comme Zola rêvait d'en former. Mais un cénacle spécial et exclusif. On lui trouvait des airs de chapelle. Le culte de Victor Hugo y était en permanence célébré, et les rédacteurs prenaient toujours un peu les allures d'officiants. Maison très digne, toutefois, et non boutique de journalisme. J'y suis resté dix ans, donnant un article quotidien (signé Grif, du nom d'un des personnages de Tragaldabas, pseudonyme indiqué par Auguste Vacquerie), et je n'ai conservé que le plus excellent souvenir de mes relations avec les deux directeurs, avec les collaborateurs. C'était une famille, ce bureau de rédaction : le foyer Hugo. Les polémiques violentes, les personnalités mises en cause, les scandaleuses publications y étaient non seulement interdites, mais ignorées.
    Le Rappel, organe probe, sincère, absolument indépendant, était largement ouvert aux républicains de diverses nuances. Des socialistes comme Louis Blanc y écrivaient à côté de publicistes bourgeois comme A. Gautier, mais ses portes se refermaient sur tout dissident de la religion hugolâtre. Sur ce point-là seulement, le Rappel était exclusif, et un peu sectaire. La tiédeur n'était pas même tolérée, et il était interdit de manier l'encensoir en l'honneur de toute divinité étrangère. Ce fut ainsi que le premier article de Zola, où il était parlé élogieusement de Duranty, se trouva accueilli avec froideur par les familiers du salon Meurice. Que venait faire la louange de ce romancier obscur, dans un journal consacré à la gloire du Maître ? Ce Duranty était sans grande importance, assurément, pensaient les prêtres du culte surpris par cette litanie peu orthodoxe, et son Malheur d'Henriette Gérard ne pouvait porter ombrage au rayonnement de l'Homme qui rit, dont le Rappel commençait la publication, mais c'était quand même une fâcheuse tendance à relever chez ce jeune critique.
    À quoi songeait-il donc ? Il oubliait qu'Hugo était seul dieu, et que tout rédacteur du Rappel ne devait être que son prophète. On devrait donc le surveiller en ses écarts vers des littérateurs suspects. Ce Duranty osait se targuer de réalisme ; un vilain mot, et qui devait se gazer dans la maison Hugo. Le second article apporté par Zola échappa à la vigilance, pourtant fort en éveil, de Vacquerie et de Meurice ; ils étaient, ce jour-là, exceptionnellement absents du journal. C'était un éloge de Balzac. Il ne s'agissait plus là d'un humble Duranty. L'auteur de la Comédie Humaine n'était pas une nébuleuse dans le firmament littéraire : il resplendissait, astre rival, à côté de Hugo.
    Le défaut de tact de ce critique, l'inconvenance même de ce Zola, un sot ou un inconscient, dépassaient la mesure ! On le pria de ne plus fournir de copie. Depuis, les rapports furent plutôt tendus entre le Rappel et Zola. Son nom fut biffé, quand les hasards de la publicité l'introduisaient dans un compte-rendu. Défense tacite fut faite aux rédacteurs de nommer, même par la simple énonciation du titre, les ouvrages du romancier mis à l'index. Cette puérile mesure de bannissement littéraire,-«Oh ! n'exilons personne ! oh ! l'exil est impie !»-dura trente ans. Ce fut la cause de bizarres contorsions de plume pour les collaborateurs du Rappel. Je me souviens de l'embarras où se trouva Henry Maret, alors chargé de la critique théâtrale, lorsqu'il lui fallut rendre compte de la représentation de l'Assommoir, à l'Ambigu. Le Rappel pouvait feindre d'ignorer qu'il y avait un auteur, nommé Zola, ayant écrit une dizaine de romans, dont quelques-uns avaient produit grand tapage. Le public n'attend pas, à jour fixe, qu'on lui parle de livres nouveaux.
    Il ne s'aperçoit même pas du silence absolu gardé sur une publication imprimée. La critique littéraire a le droit de n'être jamais actuelle. Il en est différemment en ce qui concerne le théâtre. Les heureux faiseurs de pièces ont cet avantage, sur les fabricants de livres, que tout journal est obligé de parler d'eux, et sur-le-champ. Il n'est pas permis de se taire sur

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