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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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leurs ouvrages. On ne serait pas dans le train.
    On ferait bondir de mécontentement les lecteurs, qui attendent le compte rendu pour savoir s'ils doivent aller voir la pièce, et pour en parler, surtout ne l'ayant pas vue. Le Rappel ne pouvait donc passer sous silence une représentation aussi retentissante que celle de l'Assommoir.
    Henry Maret fit le compte rendu. Mais l'infortuné critique dramatique, en relisant son article imprimé, le lendemain, ne put qu'admirer le tour de force du secrétaire de la rédaction, ayant, par ordre, révisé sa copie. Dans les deux colonnes où la pièce se trouvait analysée, l'auteur principal ne se trouvait pas une seule fois nommé, et l'arrangeur habile du roman adapté scéniquement, William Busnach, se voyait englobé dans le même anonymat. La pièce était comme un enfant naturel, aux parents non dénommés. Ces taquineries mesquines amusèrent longtemps la galerie. Zola, avec son indomptable ténacité, n'était point démonté par ces coups du sort. Courageusement, il s'était remis à sa table de travail, et bientôt il publiait, dans l'Artiste, la revue distinguée d'Arsène Houssaye, son premier bon et véritable livre : Thérèse Raquin. Ce roman parut sous le titre de : Une histoire d'amour. Il fut ensuite édité par Lacroix.
    Thérèse Raquin, qu'on vit plus tard à la scène, n'eut pas une très bonne presse, mais attira l'attention. C'est à la suite de cette publication et de la critique favorable que j'en fis, que je connus Émile Zola, entrevu seulement aux lundis de Paul Meurice. Nos relations excellentes ont été interrompues au moment de l'affaire Dreyfus, mais l'antagonisme que je m'estimais en droit de manifester contre l'agitateur redoutable du pays et l'avocat, trop éloquent, d'une cause que je condamnais, ne m'a jamais empêché de conserver, pour l'homme, une grande sympathie, et, pour l'écrivain, une inaltérable admiration, dont ce livre est un des témoignages.
    L'auteur, dès ce roman, semblait maître de sa doctrine. Il déclarait qu'il avait voulu étudier des tempéraments, et non des caractères, et qu'il avait choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang. Il remplaçait, dans sa tragédie bourgeoise, la Fatalité du monde antique parla loi fatale de l'atavisme, de la chair, des nerfs, de la névrose. Il reconnaissait que ses personnages, Thérèse et Laurent, étaient «des brutes humaines et rien de plus...». Il ne cachait pas avoir voulu que l'âme fût absente de ces corps détraqués, livrés à tous les furieux assauts de la passion, barques sans gouvernail emportées dans la tempête des sens.
       Qu'on lise ce roman avec soin, disait-il dans la préface de la 2e édition (15 avril 1868), on verra que chaque chapitre est l'étude d'un cas curieux de physiologie. En un mot, je n'ai eu qu'un désir : étant donné un homme puissant et une femme inassouvie, chercher en eux la bête, ne voir même que la bête, les jeter dans un drame violent et noter scrupuleusement les sensations et les actes de ces êtres.
    J'ai simplement fait, sur deux corps vivants, le travail analytique que les chirurgiens font sur des cadavres...
    Ce sera la théorie de toute sa vie et la méthode de toute son oeuvre. Il entendait faire métier de clinicien écrivain et non d'amuseur public. Les romans qu'il portait en lui, et dont Thérèse Raquin formait le préambule, devraient être des livres scientifiques, pas du tout des fictions impressionnantes ou amusantes, destinées à distraire les oisifs et à remplir les récréations des gens occupés.
    Il se défendait contre le reproche, nouveau alors, depuis devenu banal à son égard, de «pornographie». Il suppliait qu'on le voulût bien voir tel qu'il était et qu'on le discutât pour ce qu'il était.
       Tant que j'ai écrit Thérèse Raquin, dit-il, j'ai oublié le monde, je me suis perdu dans la copie exacte et minutieuse de la vie, me donnant tout entier à l'analyse du mécanisme humain, et je vous assure que les amours cruelles de Thérèse et de Laurent n'avaient pour moi rien d'immoral, rien qui puisse pousser aux passions mauvaises.
    Il est certain que, si l'on admet que la lecture ait une influence sur les actes des hommes, qu'elle leur suggère l'imitation des faits consignés dans un livre, et les pousse à reproduire les gestes et à s'assimiler les passions des personnages, les lecteurs de Thérèse Raquin ne sauraient être sérieusement incités à

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