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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mêlée d’invocations à l’âme de
Francesco, se prolongeait, irritante au plus haut point pour Fiora, qui, debout
de l’autre côté du lit, observait sa cousine. Finalement celle-ci se pencha,
posa un baiser sur le front froid et déclama sur un ton mélodramatique :
    – Repose
en paix, Francesco ! Je reprends ta charge ! Désormais c’est moi qui
veillerai sur tout ce qui t’était cher, je t’en fais le serment !
    Elle
se relevait, péniblement empêtrée qu’elle était dans ses voiles funèbres. L’œil
glacé de Fiora suivait chacun de ses mouvements :
    – Serment
inutile,  cousine ! Personne,  ici,  ne te mande rien et mon père moins
encore que quiconque !
    – Je
suis la plus aînée de la famille. C’est moi qui, désormais, en suis le chef et
je saurai le prouver. Néanmoins, je consens à te donner le choix pour les jours
à venir. Préfères-tu venir habiter sous mon toit ou que nous venions, moi et
les miens nous installer ici ?
    L’impudence
de Hieronyma faillit couper le souffle de Fiora mais la haine et la cupidité qu’elle
voyait luire dans les yeux sombres de la femme la galvanisèrent.
    – Ni
l’un ni l’autre ! Comment oses-tu disposer ainsi de ce qui ne t’appartient
pas et, en outre, de ma personne ?
    – Ce
qui ne m’appartient pas encore ne va pas tarder à être mien. Quant à toi, il
serait temps que tu oublies tes airs de princesse. Bientôt tu ne seras plus que
l’épouse soumise de mon fils Pietro... comme nous l’avions décidé, mon cousin
et moi !
    – Comment
oses-tu, alors qu’il est toujours présent et qu’il nous entend, proférer de
tels mensonges ? Crois-tu que j’ignore ce qui s’est dit hier, dans la
salle de l’Orgue ? Mon père a repoussé avec dédain un mariage qui l’offensait...
    – ...
mais qu’il ne pouvait éviter. Et il était trop intelligent pour ne pas le
comprendre. Dès la fin du deuil, nous procéderons aux fiançailles.
    – Jamais !
Tu ne pourras me forcer ! J’en appellerai à monseigneur Lorenzo !
    Hieronyma,
soudain, éclata de rire : Ton seigneur ne pourra rien. Nous sommes encore
en république en dépit des grands airs qu’il se donne. Il faudra bien qu’il
cède devant la volonté du peuple ! Tu verras, tu verras.... Et de rire de
plus belle.
    Alors,
lâchant papier et fusain, Botticelli, pâle de colère, s’élança sur elle pour l’entraîner
dehors.
    – Es-tu
folle ? gronda le peintre. Oser rire, oser menacer dans la chambre d’un
mort ? Cela ne porte pas bonheur, donna Hieronyma, et tu devrais craindre
davantage la colère de Dieu !
    – Lâche-moi,
maudit barbouilleur ! Il te va bien d’invoquer les foudres du ciel, toi
qui vis, comme tes pareils, dans le vice et la luxure !
    – C’est
sans doute pour cette raison qu’églises et couvents ne cessent de nous passer
commandes. Retire-toi sans plus de bruit, donna Hieronyma ! Tu n’as
personne à convaincre ici et tu troubles la paix d’un mort !
    D’un
geste furieux, Hieronyma arracha son bras de la main du peintre, remit de l’ordre
dans sa toilette et, après avoir fait peser sur tout ce qui se trouvait là un regard
lourd de menaces, franchit la porte que Léonarde lui tenait grande ouverte :
    – Bientôt,
je rirai encore et beaucoup plus fort qu’aujourd’hui et ici même et sans que
personne puisse m’en empêcher ! Tu me reverras, Fiora ! Et avant qu’il
soit longtemps !
    – C’est
la seconde fois qu’elle menace ainsi, remarqua Chiara qui avait suivi la scène
sans mot dire. Où donc en prend-elle le droit ?
    Fiora
ne répondit pas tout de suite, hésitant encore à confier à une étrangère le
drame qui souillait sa naissance et scrutant l’aimable visage pour essayer d’en
deviner la qualité profonde. Chiara était-elle assez son amie pour passer outre
ou bien s’éloignerait-elle avec dégoût ? Et, soudain sa décision fut
prise. L’épreuve valait d’être tentée et si la fille des nobles Albizzi ne la
supportait pas, Fiora n’en tirerait qu’un peu plus de solitude en face du
désastre où sa vie sombrait davantage chaque jour :
    – Viens !
dit-elle. Tu vas savoir...
    Allumant
une chandelle à la flamme d’un des deux cierges, elle prit la clef du studiolo dans le coffret où son père avait coutume de la ranger et, après un
dernier regard à la blanche enveloppe qui avait abrité une âme si forte et si
généreuse, Fiora guida son amie dans la galerie mal éclairée

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