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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Calimala,
serait enterré dans l’église d’Orsanmichele qui était celle de la corporation.
    Fiora
ne pleurait plus. Le feu qui brûlait en elle avait séché ses larmes et ne leur
permettrait plus de couler. Quand le Magnifique entra, accompagné de ses amis
Poliziano et Ridolfi, la jeune femme alla se jeter à ses pieds :
    – Justice,
seigneur Lorenzo ! Justice pour mon père assassiné au milieu de ta ville !
Moi, sa fille, je n’aurai ni trêve ni repos jusqu’à ce que le meurtrier ne
tombe sous ta main souveraine !
    Courbant
sa haute taille, le Magnifique prit les doigts suppliants qui se tendaient vers
lui.
    – Moi,
Lorenzo, je n’aurai trêve ni repos jusqu’à ce que le criminel se balance, pendu
par les pieds, au balcon de la Seigneurie ! Relève-toi, Fiora ! Ton
père était l’un des meilleurs de notre cité et il était mon ami. Je te promets
vengeance...
    Tenant
toujours Fiora par la main, il s’avança vers le corps qu’il contempla un
instant. La flamme des cierges ciselait le profil net de Francesco qui, dans la
mort, semblait avoir retrouvé sa jeunesse.
    – Qui
veut être heureux se hâte, murmura-t-il, car nul n’est sûr du lendemain ! Francesco
possédait tout ce qui fait l’homme heureux et cependant il s’est trouvé une
main assez criminelle pour frapper dans le dos, comme un lâche, celui qui n’avait
jamais fait de mal à personne. Qui peut-il être celui-là ?
    – Tu
viens de le dire, seigneur : un lâche qui, sans doute n’a pas agi pour son
propre compte.
    – Ce
qui signifie ?
    – Que
l’on peut armer une main lorsque l’on n’ose pas frapper soi-même. Les rufians
ne manquent pas, dit-on, dans les bas-quartiers et tout s’achète, même la vie
humaine. Tout dépend du prix que l’on y met...
    Lorenzo
regarda Fiora avec une attention qui plissa ses yeux myopes :
    – Penses-tu
à quelqu’un ? Tu sais qu’une accusation sans preuves est chose grave qui
peut être punie par la loi ?
    – Aussi
n’accuserai-je personne jusqu’à ce que j’aie une certitude. Mais alors...
    – Alors
c’est moi que cela regardera, dit Lorenzo sévèrement. Puis, plus doucement :
« Tu es seule à présent, Fiora, et bien jeune pour la solitude. Ton père
ne souhaitait pas te marier encore mais à présent il te faut un compagnon. D’autant
que tu hérites d’une grande fortune mais aussi d’affaires complexes. L’affinage
des draps ne suffisait pas à Francesco. Il y a joint une banque, des navires
dont deux sont basés à Venise sans compter la Santa Maria del Fiore, son
bateau personnel, qui mouille dans ce petit port de Livourne dont je sais qu’il
souhaitait faire un grand port marchand, une mine d’alun à Volterra et aussi
ses comptoirs de Paris, de Londres, de Bruges... et peut-être d’autres choses
encore que j’ignore. Il faut un homme à la tête de tout cela... et je sais que
mon jeune cousin Luca Tornabuoni est profondément épris de toi. Veux-tu y
songer... plus tard, quand ta douleur sera moins vive ? »
    – Plus
tard... peut-être. Pour l’instant je ne désire pas me marier.
    Elle
fut surprise de la fermeté avec laquelle ce mensonge venait de passer par sa
voix. Elle n’avait même pas rougi en laissant espérer au Magnifique ce mariage
impossible avec son cousin mais, d’autre part, elle était un peu choquée de la
hâte mise par Lorenzo à pousser ainsi la candidature de Luca. Le chagrin, pour
lui, était une chose, les affaires une autre, et il souhaitait évidemment voir
le petit royaume de Beltrami rejoindre les biens, déjà immenses, de sa famille.
    Après
s’être incliné à nouveau devant la dépouille mortelle de son ami, Lorenzo salua
Fiora et se dirigea vers la porte mais, soudain, se ravisa :
    – Aurais-tu
quelques raisons de craindre pour ta propre vie, toi qui es l’unique enfant de
Francesco ?
    – Je
n’en avais pas jusqu’à ce matin, répondit la jeune femme. À présent, je ne sais
plus.
    – Toutes
les précautions sont bonnes à prendre. Je vais t’envoyer Savaglio avec quelques
gardes.
    – Je
te remercie mais est-ce bien utile ? Tu ne peux faire garder indéfiniment
cette maison. Et je suis entourée de serviteurs fidèles. Du moins, je le
crois...
    – De
toute façon, la présence d’hommes d’armes est de nature à décourager certaines
tentatives, et il faut nous donner le temps de retrouver le meurtrier. Ne sors
pas jusqu’aux funérailles qui auront lieu après-demain.

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