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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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dynamique).
    — Et quel était… ?
    Il hésita, ne sachant comment s’exprimer.
    — … votre rapport personnel à M. Kostolany ?
    Le jeune homme esquissa un sourire en coin. Il semblait s’être attendu à cette question.
    — Pas aussi personnel que Kostolany l’aurait souhaité.
    Tron fronça les sourcils.
    — Il vous a… euh…
    Andrea secoua la tête.
    — Non, pas importuné. Mais il m’a laissé entendre qu’il était prêt à augmenter mon salaire à certaines conditions.
    Un marché que le jeune homme n’avait de toute évidence pas accepté. Sa beauté à elle seule, pensa Tron, devait sûrement lui permettre de mener Kostolany par le bout du nez.
    — Nous devons hélas vous prier de ne pas quitter Venise, conclut-il.
    — Je n’en avais de toute façon pas l’intention, commissaire.
    Tron se retourna et, pendant un instant, il put sentir le regard du jeune homme dans son dos. Peut-être ferait-il bien de charger Bossi de vérifier son alibi. Il ne devait pas être difficile de dénicher ce contrôleur.
     
    Lorsque Tron revint dans la salle d’exposition, le sergent était en train de replier le dernier des trois pieds en bois qu’il posa ensuite dans un boîtier prévu à cet effet. Le commissaire avait remarqué que chaque pièce de l’appareil se rangeait dans un coffret séparé, où elle reposait – comme des pistolets de duel – sur un coussin en velours rouge. La chambre photographique était déjà remballée. Une grande caisse en acajou verni, équipée de poignées en laiton, attendait devant la porte donnant sur l’eau, à côté d’une autre, plus petite, contenant les plaques en verre – d’après ce que le sergent avait expliqué auparavant.
    — Des plaques sèches à la gélatine, précisa-t-il d’une voix bouffie d’orgueil.
    — Pardon ?
    Bossi prit la même mine de curé que lorsqu’il parlait de chaîne d’indices .
    — Cette technique simplifie considérablement l’opération, commissaire. Avec le procédé au collodion humide, je devrais toujours emporter avec moi une chambre noire portative.
    Oui bien sûr ! Le procédé au collodion humide, c’était évident ! Tron hocha la tête, bien qu’il n’eût rien compris. Le sergent ne manquait pas une occasion de le bombarder de termes techniques.
    — Le domestique vous a-t-il appris quelque chose ? voulut savoir Bossi en jetant un regard tendre à la caisse renfermant les plaques sèches à la gélatine.
    Tron répondit :
    — Il a évoqué une dispute avec un certain Valmarana qui aurait menacé Kostolany de lui tordre le cou il y a trois jours.
    Les yeux de Bossi brillèrent d’excitation.
    — Nous tenons donc une piste sérieuse !
    Le commissaire se demanda comment il faisait pour garder autant d’entrain à une heure aussi peu chrétienne.
    — L’adresse de ce Valmarana est-elle connue, commissaire ?
    Le sergent se frottait les mains avec ardeur. Quoi ? Il n’avait quand même pas l’intention de rendre visite au comte en pleine nuit ? Tron jeta un regard éloquent sur sa montre de gousset et bâilla.
    — Nous nous en occuperons demain, résolut-il.

4
    Vingt ans plus tôt, la comtesse Valmarana avait selon toute vraisemblance été une belle femme et, aujourd’hui encore, tous les éléments étaient réunis : ses yeux n’étaient ni trop rapprochés ni trop écartés, elle avait la taille mince et des pommettes hautes et distinguées. Mais sa chevelure autrefois blonde avait cédé la place à un gris terne et ses mouvements manquaient de force et de vie. Un air indisposé lui recouvrait le visage comme un masque.
    — Le comte est absent, dit-elle à Tron et Bossi, installés dans deux fauteuils élimés.
    Le plafond du petit salon où ils se trouvaient prenait l’humidité. Et même chez les Tron, on se serait débarrassé des meubles depuis longtemps.
    — Mais peut-être puis-je vous être utile ? ajouta-t-elle avec une mine encore plus renfrognée.
    Il était difficile de savoir si l’expression de son visage tenait à l’absence de son mari, à une maladie quelconque ou à l’état déplorable du palais. En tout cas, les Valmarana en avaient loué sans exception le moindre centimètre carré. Dans la cour intérieure, les deux policiers avaient rencontré une foule de locataires. Pourtant, d’autres encore cavalaient dans les couloirs, se pressaient aux fenêtres ou débordaient des portes et des escaliers. Une odeur pénétrante de chou et de poisson grillé planait dans toutes

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