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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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seul…
    — Non, coupa Pongo. Pas seul ! Je vais aussi…
    — Si tu veux. Tu me couvriras. Mais il faut le faire. Ces gens cherchent le nouveau maître et ils ne savent sûrement pas combien nous sommes ici. Si je ne réussis pas, vous aurez toujours la ressource de m’abattre avant qu’on… ne me fasse cuire et peut-être, d’ailleurs, oublieront-ils de visiter la maison…
    — N’y comptez pas ! Quand ils vous auront tué, ils y mettront le feu…
    Au-dehors, les palabres semblaient prendre fin. Le grand Noir à la draperie blanche s’avançait, seul, vers la maison et s’arrêtait à peu près au milieu du terre-plein. Levant les deux bras vers le ciel chargé des fumées de l’incendie, il entama une sorte de mélopée incantatoire qui, toute incompréhensible qu’elle fût, n’était pas sans grandeur. La voix profonde de l’homme avait des résonances sombres qui rappelaient les battements lourds des tambours de tout à l’heure. Étiré vers la nuit qu’il semblait conjurer, il ressemblait à une longue flèche blanc et noir plantée comme une menace en face de cette maison. Car il n’y avait pas à se tromper sur les accents grondants de sa prière. Il était en train d’offrir leurs futures victimes à des dieux sanguinaires…
    Néanmoins, Gilles sortit…
    Afin que ceux qu’il affrontait fussent bien certains qu’il était sans armes, il avait ôté son habit et même sa chemise. Son apparition soudaine, en haut des marches de bois, figea la foule. L’homme aux incantations lui-même se tut et demeura là, les bras toujours tendus vers le ciel, mais oubliant son adjuration vengeresse pour regarder cet homme blanc, aussi grand que lui mais qui n’évoquait en rien l’image habituelle du planteur détesté.
    Sa peau bronzée où la vaillance se lisait dans la trace des anciennes blessures avait cette couleur de cuir de ceux qui sont habitués de longue date aux intempéries et au grand soleil, mais l’éclat froid des prunelles couleur d’acier et la clarté des cheveux qui couronnaient un visage fier et beau au profil arrogant, le fait aussi que le nouveau venu se présentait nu, à l’exception de sa culotte collante et de ses bottes de cheval, apportaient une note étrange, déroutante pour cette foule misérable habituée aux maîtres gras bardés de fouets et de pistolets. Et tous le regardaient si avidement que nul ne remarqua, dans l’ombre de la véranda, la silhouette sombre de Pongo, dépouillé lui aussi de ses vêtements mais armé jusqu’aux dents.
    Le silence total apprit à Gilles qu’il venait de marquer un point mais il sentit qu’il fallait le briser lui-même et non en laisser l’initiative aux révoltés.
    — Certains d’entre vous doivent pouvoir comprendre mes paroles et les transmettre aux autres, dit-il employant toute la puissance de sa voix dans l’espoir d’atteindre les derniers rangs, si lointains fussent-ils. Je suis votre nouveau maître et je suis venu vous demander de déposer les armes car je ne vous veux aucun mal, bien au contraire. Je sais combien vous avez souffert sur cette terre qui devient la mienne. Je sais combien vous y êtes maltraités, mal nourris, ravalés par la cruauté de ceux qui vous commandent à une condition plus misérable que celle des bêtes qui sont au moins libres de se chercher elles-mêmes leur nourriture. Je ne veux plus de cela, plus jamais ! Par le Dieu que je sers, je le jure…
    » Ce soir, vous avez fait justice, votre justice, et personne ne vous punira pour cela. Lorsque reviendra Simon Legros, c’est à ma justice qu’il devra répondre de ses crimes dont le plus grave a été commis ce soir car c’est lui qui, par la voix de ses meneurs, vous a conduits à la révolte. Vous pouvez me tuer et il espère bien, là où il est, que c’est ce que vous allez faire car je suis le maître de “Haute-Savane” et je suis celui qui l’empêche d’en devenir le possesseur. Mais soyez-en sûrs, après ma mort il reviendra. Il reviendra avec des hommes, des armes… et la loi pour lui. Et vous serez châtiés, vous serez massacrés jusqu’au dernier. Que lui importe ? Il achètera d’autres esclaves qu’il mènera encore plus durement.
    » Moi, je vous offre de vous en sortir sans mal. Vous lutterez avec moi contre cet homme quand il reviendra… et ensuite nous remettrons cette plantation en état, mais votre vie y sera toute différente de ce quelle était. Chacun de vous y vivra avec dignité,

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