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Haute-savane

Haute-savane

Titel: Haute-savane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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peine ouverte. Elle l’appelait de toute sa chair offerte. Il s’en empara avec une joie sauvage…

    Quand il s’éveilla sous la main de Pongo qui le secouait il ne trouva plus Madalen auprès de lui.
    — Où est-elle ? demanda-t-il.
    De la tête l’Indien lui désigna l’entrée de la grotte.
    — Là, dehors ! Elle attendre. Nous prêts à partir.
    Elle était là, en effet, habillée de pied en cap car elle avait pu retrouver ses vêtements dans un coin de la grotte. Les bras croisés sur la poitrine, le vent du matin jouant dans ses cheveux blonds qu’elle n’avait noués que lâchement, elle regardait les hommes achevant de tasser la terre sur les tombes fraîchement recouvertes et ne se détourna qu’à peine quand Gilles la rejoignit.
    — Vous avez bien dormi ? dit-elle.
    Mais quand il voulut la prendre par la taille pour poser un baiser dans son cou, elle se déroba.
    — Je vous en prie. Nous ne sommes pas seuls…
    — Nous serons toujours seuls, Madalen, toujours. Il n’y a plus au monde que toi et moi.
    — Vous savez bien que non. Il est temps de partir à présent.
    — Comme vous voudrez.
    Blessé par cette étrange froideur, il s’écarta d’elle, chercha Pongo.
    — Tu as préparé quelque chose pour Madalen ? un brancard, un palanquin de fortune…
    — Pourquoi ? Mer être là, tout près derrière petit bois…
    En effet, l’océan bleu était tout proche et Gilles comprit qu’il avait deviné juste en supposant qu’en l’amenant on avait intentionnellement allongé et compliqué le chemin. Après quelques minutes de marche à travers un bois de pamplemoussiers, de santals, de citronniers et d’eucalyptus, on déboucha sur une plage de sable noir sur laquelle reposaient trois grosses barques à voiles que les Noirs étaient déjà en train de repousser à l’eau.
    Pongo conduisit Gilles et Madalen vers la plus petite et aida la jeune fille à monter à bord. Mais, avant de s’asseoir à l’abri du plat-bord, Madalen demanda :
    — Où allons-nous ?
    — Mais… où voulez-vous que nous allions ? À la maison, bien sûr ! Nous rentrons.
    Alors les yeux bleus s’affolèrent comme devant une vision d’horreur et Madalen se mit à trembler.
    — Non ! Non, je vous en prie ! s’écria-t-elle. Ne me ramenez pas là ! Je ne veux pas retourner là-haut… je ne veux pas revoir cet horrible endroit.
    — Cet horrible endroit ? « Haute-Savane ? » souffla Gilles scandalisé.
    — Oui. Cet abominable endroit. Ma mère est morte, Pierre va bientôt fonder une famille. Il n’a plus besoin de moi. Je ne veux pas retourner chez votre femme.
    — Soyez raisonnable, Madalen. Où voulez-vous que je vous emmène, sinon chez moi… chez vous puisque vous y avez votre maison ?
    — Non, ce n’est pas ma maison. Emmenez-moi ailleurs… au Cap, tenez ! Oui, au Cap ! Là, je serai mieux…
    — Quoi faire alors ? demanda Pongo voyant que Gilles, soucieux, ne savait que répondre.
    Le jeune homme réfléchit un instant puis haussa les épaules.
    — Dis à François de ramener les hommes à la plantation, garde seulement ce qu’il faut pour le bateau et conduis-nous au Cap. Après ce qu’a subi Madalen, après avoir vu tuer sa mère sous ses yeux, il est assez normal qu’elle n’ait pas envie de remonter là-haut tout de suite.
    — Toi venir aussi ?
    — Oui. Je la confierai à Thisbé et à Justin qui prendront soin d’elle puis nous rentrerons ensuite à la maison.
    Tout en parlant, une idée commençait à poindre dans sa tête. Après ce qui s’était passé entre eux, il n’était plus possible, en effet, que Madalen continuât de vivre sous le même toit que Judith et il s’en voulait de n’avoir pas eu la délicatesse d’y penser plus tôt. Cette adorable enfant avait trouvé d’elle-même la solution car, très certainement, elle n’avait pas plus que lui envie de renoncer à leur amour tout neuf. Il ne la ramènerait jamais à « Haute-Savane ». Il allait lui acheter, au Cap même ou aux alentours, une jolie maison qu’il meublerait avec amour et dans laquelle il pourrait venir, le plus souvent possible, s’enivrer longuement de la beauté de sa maîtresse. Cela, en attendant que Judith consente, peut-être, à une séparation qui lui permettrait d’officialiser ses amours avec Madalen…
    Ce plan lui parut si séduisant que ce fut avec un éclatant sourire qu’il vint prendre place auprès de la jeune fille.
    — Soyez

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