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Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Histoire De France 1715-1723 Volume 17

Titel: Histoire De France 1715-1723 Volume 17 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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bien plus qu'une invasion du Prétendant, c'était que la France ne refît ces terribles nids de corsaires qui, sous Jean Bart, Duguay-Trouin, Forbin, Cassart, avaient rendu le commerce impossible, la mer intraversable. Ces gros riches qui gouvernaient, étaient en vrai péril, si la masse maritime et commerciale chômait, languissait dans les ports. Elle se fût retournée sur eux. L'Anglais n'est pas mauvais, s'il mange; mais s'il ne mange pas, c'est un étrange dogue. De là la crainte extrême que le gouvernement eut de Dunkerque, dont la destruction fut le premier, le plus important article de la paix. De là la rancune et la rage (fort naturelle, fort légitime) avec laquelle ils poursuivirent la mauvaise foi de Louis XIV, qui ressuscitait Dunkerque tout doucement par la création de Mardick.
    Quant au Prétendant, lord Stanhope écrivait: «Je prie Dieu que, si jamais la France nous attaque, elle mette le Prétendant à la tête de l'invasion; cela seul la fera échouer.» En effet, le grand parti whig, avec d'énormes capitaux disponibles, pouvant du jour au lendemain avoir d'en face (de Hollande) des régiments disciplinés, craignait peu les bandes légères qui seraient descendues d'Écosse. Même après unsuccès, entrant dans l'épaisse Angleterre, elles n'auraient pas beaucoup mordu.
    Loin de craindre le Prétendant, le parti de la guerre l'aurait plutôt encouragé. L'homme à deux visages, Marlborough, lui souriait, tâchait qu'il compromît la France. Il y avait son neveu Berwick, et ces deux hommes de guerre eussent été charmés de reprendre leur métier, de se faire vis-à-vis, et de se tirer amicalement des coups de canon. Marlborough envoyait au Prétendant de petites charités et l'assurait de ses très-humbles services. Appât grossier pour tout autre poisson, mais qui était avidement avalé par la mère du Prétendant, sa béate cour et ses Jésuites. Cette cour de Saint-Germain était un monde de romans, de miracles. Il s'en faisait (de tout petits) au tombeau de Jacques II. Jacques III, né d'un vœu, était l'enfant du miracle, fils de la sainte Vierge, disait son père. Et, comme tel, il ne pouvait manquer d'être tôt ou tard aidé d'en haut. S'il avait échoué jusqu'alors, c'est qu'on avait compté sur les moyens humains. Le ciel n'avait daigné agir. Mais maintenant la situation étant telle, la France tellement à bout de ressources, le ciel ne pouvait certes rien désirer de mieux. Quelle magnifique occasion de montrer seul le bras divin!
    Dangereuse folie, mais qui ne fut nullement un léger coup de tête. Longuement le sage Torcy, commis obéissant, en avait conféré avec notre envoyé à Londres. On avait préparé quelques vaisseaux, donné les autorisations nécessaires aux commissaires de la marine. On avait cherché de l'argent, et au moins on avait eu du papier; le banquier Crozat avait donné des lettresde crédit pour l'Écosse. Tout cela n'était nullement ignoré. L'envoyé de George criait. On niait l'évidence. Mais le Prétendant était tout botté et allait partir de Lorraine, débarquer le 15 à Newcastle.
    Le roi rendit à la France un immense service en mourant le 1 er . S'il était mort le 10, le Prétendant ne l'eût pas su à temps, fût parti tout de même, et nous eût irrémédiablement enfournés dans le piége qu'on nous tendait.
    La mort de Louis XIV nous replaça dans le bon sens. Loin de rompre la paix, le Régent dit fort raisonnablement à l'Angleterre: «Garantissez-moi le maintien de la paix, et j'éloigne le Prétendant.» L'amiral Bing se présentant au Havre et demandant qu'on lui livrât les vaisseaux préparés pour l'expédition, le Régent, sans les livrer, les désarma. Il fit arrêter le Prétendant par son capitaine de gardes, le fit reconduire en Lorraine, pour l'en rappeler, bien entendu, si l'Angleterre voulait rompre la paix.
    La cour de Saint-Germain, étourdie du coup, tâcha d'ébranler le Régent par son côté le plus prenable, l'influence des femmes. On fit parler une mademoiselle de Chausseraie, infiniment adroite et spirituelle. C'était une dame riche, indépendante, avec qui le feu roi aimait fort à causer, et qui, sans paraître y toucher, se mêlait de toute intrigue. Elle était vieille, fit peu d'impression. On détacha alors une certaine Olia Trant, une Anglaise belle et galante, qui vivait à Paris et de plus d'un métier ( Mahon ). Le Régent écouta, sourit, devina tout. Enfin la sainte cour de Saint-Germain, à

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